Chapitre 53.

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Arthur est revenu pour s'excuser, on a beaucoup parlé lui et moi. De tout et rien, si bien que je ne me souviens à peine de ce qu'on s'est dit. Je lui ai expliqué ce qu'il s'était passé dans la rue. Et la seule chose que je retiens, c'est qu'il m'a dit d'essayer de redevenir normale, ou du moins, essayer de l'être.
C'est pourquoi je suis ici. Dans ce bus toujours aussi bruyant, avec mon sac sur les genoux, en direction du lycée. Je suis assez anxieuse, je dois l'avouer, je ne sais pas comment ça va se passer. Surtout que j'ai encore agressé un de mes camarades. Il faut que je réussisse à lui parler, et le convaincre de ne pas porter plainte contre moi. Je mets mon plan en marche petit à petit dans ma tête.
Arthur entre dans le bus, son visage s'illumine en me voyant. On se salue et je lui explique un peu mon état d'esprit du moment. Je suis contente de parler avec lui, un peu d'humanité ne me fait pas de mal après tout. Il prend vraiment le temps de m'écouter et de me conseiller, malgré nos disputes, les choses méchantes que l'on a pu se balancer, notre amitié reste forte. Il sent mon stress monter au fur et à mesure que l'on se rapproche du bâtiment.
J'entre dans la classe derrière mon ami, et ignore comme je peux les remarques et regards insistants à mon égard. J'ignore également les mots désagréables gravés sur ma table. Le premier cours commence avant que je n'ai eu le temps de parler avec mon camarade blessé. Je passe donc toute l'heure à regarder les minutes défilées sur mon téléphone portable. Enfin la sonnerie ! Je me lève la première pour me diriger vers lui, bien évidemment, il refuse de m'écouter. J'insiste en le suivant où qu'il essaie d'aller, je n'arrête pas de m'excuser, avant de lui demander de ne pas porter plainte. À ce moment, il se fige, avant de me rire au nez. Effectivement je m'attendais à cette réaction, mais j'ai plus d'un tour dans mon sac. Je fixe intensément ses yeux marrons pour me donner de l'assurance et de la crédibilité, avant de lui dire, d'un ton glacial.
"Tu sais, je pense que se serait vraiment dommage de porter plainte contre moi. Et devant son air dubitatif, j'ajoute, effectivement, tu penses pouvoir me donner des leçons et prendre le dessus sur moi. Mais connaissant ta vie, je ne pense pas que tu sois le mieux placé pour parler. Enfin, tes parents ne sont pas si clean que ça, tu es vraiment sûr de vouloir les mêler à une histoire dans un tribunal ? Moi je pense que vous ne seriez pas crédible."

Je me remercie vraiment d'écouter les conversations à ce moment précis. J'ai de la chance de savoir beaucoup de choses sur tout le monde, et de noter tout dans un carnet pour ne rien oublier. Je ne sais pas exactement ce que ses parents ont fait, mais je sais qu'ils ont été plusieurs fois en procès, et qu'ils avaient failli aller en prison. Alors même si je ne connais pas la raison, je fais semblant d'être au courant pour qu'il ait peur de ce que je sais. Et voilà comment je reprends l'avantage. Je finis par lui dire de faire ce qu'il veut, et tourne les talons pour partir. Sa voix tremble quand il m'interpelle, il a changé d'avis finalement et me supplie presque de ne rien dire par rapport à ses parents. Je jubile intérieurement, j'ai réussi. Je lui promets de ne rien dire s'il me laisse tranquille. Je retourne en classe, le sourire aux lèvres, je réussis toujours ce que je veux. Je continue les cours comme une personne normale. La journée passe plutôt vite, je ne m'en réjouis pas spécialement car ma mère m'a imposé un rendez vous chez un psychologue après les cours. Je n'ai pas du tout envie d'y aller, bien qu'au fond de moi, je sais que j'en ai plus que besoin. Mais je sais aussi que je n'arriverai pas à m'ouvrir à un inconnu comme ça. Mais malgré mes demandes répétées, pas moyen d'annuler mes rendez vous, j'ai dis à ma mère qu'elle perdra plus d'argent qu'autre chose mais elle s'en fiche apparemment. Je marche doucement jusqu'au cabinet, même si ça ne sert à rien car je vais forcément y arriver et devoir me retrouver devant cet inconnu qui va essayer de scruter mon esprit. Je sais à quel point je suis détraquée, je n'ai pas besoin d'un psychologue pour me dire ça. Arrive le moment que je redoute. Mais il faut se battre contre la réalité. Je pousse la porte du cabinet avec difficulté, une dame d'une quarantaine d'années vient m'accueillir, bon au moins, ma psychologue est chaleureuse. Elle a la peau matte, des yeux presque noirs, et des cheveux blonds qui caressent ses épaules. Je la salue poliment, qu'elle profite de mes paroles, parce que je sens qu'elles seront rares. En effet, elle a beau essayer de me poser des questions, je n'arrive pas à repondre. Je laisse ses questions flotter dans la pièce, que j'examine. C'est blanc, c'est médical, je ne comprends pas pourquoi ils essayent de décorer ce genre d'endroits, pour moi, c'est comme les hôpitaux, peu importe les décorations, ça restera toujours un endroit morbide dans lequel je ne me sentirai jamais à l'aise. Au vu de l'entretien inutile, ma psychologue décide d'utiliser une autre méthode, elle me montre plusieurs images et je dois lui dire ce qu'elles m'inspirent. Je ne vois pas vraiment à quoi ça sert mais je me prête au jeu. Une fois la séance terminée, je suis contente de pouvoir rentrer chez moi. Je me dépêche et cours sur le chemin du retour, pour me défouler un peu. En rentrant, j'explique rapidement à ma mère comment s'est déroulée la séance, puis je me presse d'aller me coucher, c'est étrange de reprendre une vie normale.

Une fille aux cheveux bleus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant