Chapitre 68.

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Ce matin c'était course d'orientation, pas très intéressant et puis surtout, beaucoup trop facile. On avait des indices et il fallait trouver un lien entre eux pour savoir où se trouvait le lieu qu'il fallait atteindre pour gagner. Et tous, dans mon groupe étaient rapides et perspicaces, et c'est tant mieux puisque nous avons gagné vite et vite fini cette activité. Je n'étais pas d'humeur à passer toute la matinée sur ça. Alors nous avons gagné notre temps libre et les garçons ont proposé d'aller à la plage pour profiter du beau temps qu'il fait aujourd'hui. On rentre donc tous se changer pour se mettre en maillot, j'avais pris un maillot deux pièces mais en me regardant avec, je me sens vraiment complexée, mes côtes ressortent, j'avais oublié à quel point j'étais maigre. En tout cas je n'ai pas du tout envie de sortir comme ça. Je vais voir Camille, la fille avec le plus de vêtements dans son énorme valise, et comme elle fait la même taille que moi, j'ai un espoir qu'elle puisse m'aider. Je lui explique donc mon problème et la regarde fouiller dans ses affaires. Pour mon plus grand bonheur elle me sort un joli maillot blanc et noir, qui me va et qui cache comme il peut ma maigreur absolue.
Direction la plage, avec Camille, Jade, Alexandre, Pierre, Mathieu et moi évidemment, ce sont les personnes avec qui je reste la plupart du temps. Pendant que les garçons ainsi que Jade sont dans l'eau, je profite du soleil avec Camille, qui n'a absolument pas envie de se mouiller pour abîmer sa coiffure. Elle me fait rire cette fille, parce que c'est le genre de filles que d'ordinaire je déteste, apprêtée de la mèche de cheveux jusqu'au bout des ongles, habillée avec de la marque, enfin visuellement pas du tout mon style de fille, si je peux dire ça. Mais étrangement c'est avec elle que je m'entend le mieux. Je me sens un peu dépayser quand elle me dit qu'elle vit dans la capitale.

"Oh mais tu sais, c'est bien différent de ce qu'on peut raconter, oui c'est une ville magnifique, ville d'amour blah-blah-blah, mais quand tu y vis, elle marque une pause en roulant des yeux, comment t'expliquer ? Tu vis entouré de monde, dès que tu prends les transports, tu croises des centaines de personnes différentes par jour, à tel point que tu ne les remarques plus. Ça devient une habitude et ton cerveau ne prend même plus la peine de regarder les gens. Et ça m'énerve de voir que dans cette ville, il y a de moins en moins d'humanité.
-À ce point là ?
-Mais carrément ! La dernière fois à cause de problème de transport il y avait une tonne de monde, et j'ai remarqué, plus y a de monde, plus ils n'en n'ont plus rien à foutre des gens ! J'ai vu une mamie fébrile se faire dégager parce que d'autres voulaient absolument leur place, je sais pas où ils ont été éduqué tous ses gens mais le respect n'est plus du tout d'actualité, tous les gens se bousculent, tant qu'ils ont leur petite place et qu'ils arrivent à l'heure, le reste les importe peu.
-Alors pourquoi tu ne viens pas en campagne ? Nous on est bien, on peut faire du vélo sans risquer de se faire écraser. Je rigole en regardant la tête qu'elle fait.
-Rigole pas ça m'est arrivé de me prendre des voitures. Elle me répond en soupirant mais je ne peux pas m'empêcher de rire quand même.
Elle m'explique ensuite qu'elle ne peut pas déménager car sa vie et celle de ses parents est en ville, pendant que je cherche du regard ceux qui étaient parti se baigner. Ils ont l'air de beaucoup s'amuser, en même temps c'est normal quand on est à la mer pendant des vacances. Dire que la dernière fois que j'y suis allée c'était avec Arthur. Je me demande ce qu'il fait de ses vacances d'ailleurs, peut être que je lui enverrais une carte postale d'ici.
Pierre arrive trempé, et nous mouille avec les gouttes qui tombent de ses cheveux, pour le plus grand plaisir de Camille, qui lui râle dessus. Il nous demande de les rejoindre mais comprend vite que la seule qu'il pourrait convaincre c'est moi. Il fini par me tirer vers la mer quand j'accepte enfin de l'accompagner, laissant la garde des affaires à la jolie blonde.
On se rapproche de la mer en rigolant tandis qu'au moment de rentrer, gros blocage. Alors que Pierre plonge ses pieds dans l'eau en éclaboussant autour de lui, pour ma part c'est comme si un mur s'était dressé entre la mer et moi, je reste figée, les pieds ancrés dans le sable. J'expire l'air que je retenais sans m'en rendre compte, je sens mes membres trembler, dans ma tête c'est le trou noir. C'est comme si je changeais de monde, je ne sens plus la brise marine sur mon corps, je n'entends plus les rires de mes amis. Je ne vois que mes cauchemars récents ancrés dans mon esprits. C'est de plus en plus concret, et cette force invisible qui m'empêche de m'approcher de l'eau. Encore une fois je ressens une douleur dans ma poitrine, identique à celle que j'ai eu lors de l'enterrement de ma grand mère. Je sens que tout cela à un lien mais je n'arrive pas à comprendre. Mon esprit se fatigue à essayer de résoudre des énigmes beaucoup trop complexes pour lui. Je sais qu'il y a autre chose, des choses que je devrais savoir mais que je ne sais pas. J'aurai du aller voir ma mamie plus souvent. J'aurai du l'écouter plus souvent.

Une fille aux cheveux bleus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant