Chapitre 57.

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Ça y est, le moment décisif est passé. Évidemment, je ne peux pas être moi sans mes cheveux bleus, mais j'avais besoin de changements, alors puisque je ne veux pas changer de couleur de cheveux, j'ai opté pour une longueur différente. Moi qui ai toujours eu les cheveux longs, je suis passée à un carré, à la hauteur de mes épaules. J'avoue que c'est vraiment étrange de se voir après un changement comme celui-ci. Mais je sais que je vais m'y habituer. Je me dépêche d'envoyer une photo de ma nouvelle tête à Arthur pour qu'il me dise ce qu'il en pense, j'ai hâte d'avoir sa réaction. Je sais qu'il va être choqué, et il y a de quoi, c'est vrai qu'un changement aussi radical c'est étrange. Même moi, à chaque fois que je croise mon reflet, je ne peux m'empêcher de me toucher les cheveux et d'admirer ma nouvelle tête.
Quelques minutes plus tard, il me répond, et effectivement, comme je m'y attendais, il ne sait pas quoi dire de cette nouvelle coiffure, mais même s'il me dit qu'il aura du mal à s'habituer, parce qu'après tout, il m'a toujours connu avec des cheveux longs, il trouve néanmoins que la coupe me va bien. Bon, après tout, c'est un garçon, donc je pense qu'il n'est pas vraiment calé sur le sujet 'coiffure' mais ce n'est pas grave. Son avis me fait plaisir.
Quand tout d'un coup, je reçois un message de ma mère, qui me demande où je suis, et elle me demande de rentrer le plus vite possible à la maison, apparemment, il se passe quelque chose d'urgent. Je ne réfléchis pas deux fois et cours en direction de chez moi. Je ne suis pas très loin de ma maison, mais j'ai quand même le temps d'imaginer tous les scénarios possibles et inimaginables dans ma tête. Je me demande vraiment pourquoi ma mère me demande de rentrer. Pourquoi elle ne me dit pas directement ce qu'il se passe ? Je suis vraiment angoissée, j'ai vraiment peur pour ma mère. Peur qu'il lui soit arriver quelque chose. Je me pose des milliers de questions dans ma tête, et j'ai beau courir aussi vite que je peux, j'ai l'impression que le temps passe au ralenti. Et si il était arrivé quelque chose à la maison ? Ou à Arthur ? Elle le connaît bien, et il habite à côté. Mais il n'aurait pas répondu à mon texto dans ce cas. Bon au moins, ce n'est pas lui. Peut être que mon père a un problème ? Enfin, il m'aurait prévenu avant d'en parler à ma mère. Du moins, je suppose. J'arrive enfin dans mon quartier. Je ralentis pour reprendre mon souffle et rentre enfin chez moi. Je ne trouve pas ma mère dans le salon, ni la cuisine. Je l'appelle et monte à l'étage pour la trouver dans sa chambre.
Elle est là, posée sur son lit en train de pleurer, je me précipite dans ses bras pour la réconforter.

"Mais maman, qu'est ce qu'il se passe ? J'ai vraiment une voix paniquée, voir ma mère dans cet état me met vraiment très mal, et je sens que je ne vais pas du tout aimer ce qu'elle va me dire. Elle essaie d'articuler quelques mots mais je ne comprends rien à ce qu'elle me dit. Maman, articule s'il te plaît, je ne comprends rien. Qu'est ce qu'il y a ?

-C'est.... C'est... ils ont... ils ont appelés aujourd'hui... me dit-elle entre deux sanglots.

-Mais qui ? Maman ! Qui c'est qui a appeler ?"

-L'hôpital.."

Non... Non... Je sais qu'elle n'arrivera pas à parler plus. Mais je le sais. J'ai compris. Ma mamie... Non. Je ne veux pas le croire. Je ne bouge plus. Mes yeux restent perdus dans le vide. Mes larmes coulent toutes seules. Je ne remarque même plus que je respire machinalement. Pour moi, le monde s'effondre. Je ne peux rien dire. Et il n'y a rien à dire. Je suis tétanisée. Je sais ce qui arrive, mais je ne veux pas le croire. Ce n'est pas possible. Et pourtant c'est arrivé. Pourquoi ? Pourquoi c'était obligé d'arriver ? Je n'ai pas envie d'y croire. Je ressens des émotions qui m'étaient jusque là encore inconnues, et que je redoutais tellement. C'est une déchirure. Tellement profonde, tellement violente. Le genre de blessures qui saignent. Sans relâche. Et tu sais que ça ne se refermera jamais. C'est assez fort pour te faire perdre tout ton sang. Et pourtant tu sais que ça ne te tuera pas. Que tu devras continuer de vivre avec ça. Les gens disent que tout arrive parce que ça devait arriver. Parce que, que ce soit maintenant ou plus tard, ça aurait du se passer. Et on le sait. Et c'est inévitable. Mais putain je ne veux pas ! Je ne veux pas vivre ça. Je ne peux pas vivre avec ça. Les premières fois marquent plus. C'est ce qu'on dit. Mais je suis persuadée qu'on ne peut pas s'habituer à cette douleur. Ce poids intense dans sa poitrine. Qui ne part pas. Et je sais qu'il finira par partir. Mais pour le moment, cette plaie me fait beaucoup trop de peine pour que mon monde continue de tourner. J'ai tellement de souvenirs en tête. Et tellement de regrets aussi. Je sais qu'elle a passé la quasi totalité de la fin de sa vie toute seule. J'aurais du aller la voir plus souvent. Si seulement. Si seulement j'avais su. Je serre ma mère tellement fort. J'ai toujours eu peur de ces sentiments, et même dans mes pires cauchemars, je n'ai jamais ressenti de peine aussi intense. Une noirceur infinie.
Je ne sais combien de temps nous sommes restées là. Sur le lit de ma mère. Enlacées. Je n'avais aucune envie de quitter ses bras. Et on était là. Toutes les deux. À pleurer toutes les larmes que l'on possède. À se serrer dans les bras. À se dire que ça ira, que l'on va se remettre, même si sur le moment, aucune de nous deux n'y croyait.

Une fille aux cheveux bleus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant