Cela fait une semaine que les funérailles de ma mamie sont passées. J'arrive à sortir un peu depuis, mais je n'ai toujours pas le moral. Le pire c'est parce que je sais que ce sera pire lorsqu'il s'agira de mes parents, ça me fait vraiment flipper. Je n'ai pas envie que ça arrive et pourtant, on ne peut rien empêcher, c'est le cycle de la vie. Il faut malheureusement l'accepter, et pour le moment, je n'en suis pas capable. J'ai toujours eu cette tendance de m'enfermer sur moi même et de ressasser lorsque je vais mal. Je me revois encore le jour J, je m'étais observée dans la glace bien trop de fois avant de partir. Dire que j'avais décidé de changer de look, me revoir porter du noir de haut en bas, c'était un peu étrange, et c'était vraiment paradoxal, parce qu'en me voyant habillée comme je l'étais, je ne me reconnaissais pas. Pourtant, j'ai passé je ne sais combien d'années à m'habiller de cette couleur. Je portais aussi des lunettes de soleil, je me disais avant de partir que j'allais avoir l'air étrange, mais bon, en arrivant sur place, j'avais pu remarquer que je n'étais pas la seule à en porter. De plus, il y avait un soleil magnifique, il faisait chaud, et on transpirait tous sous nos vêtements sombres. À voir comme ça, cela semblait être une journée radieuse, idéale pour les promenades, les pic-nic, ou que sais-je. Et pourtant, c'était une sombre journée pour moi, c'était la journée où j'étais censée accepter ce qu'il m'arrive. La plupart des gens présents étaient venus me saluer, me souhaiter leurs plus sincères condoléances, me prendre dans leur bras. Mais j'étais incapable de répondre à leur gentillesse, je n'arrivais pas à trouver ça sincère. C'était une journée étrange, c'était la première fois pour moi que j'assistais à un enterrement, et pourtant, tout au long de cette journée, j'ai eu une étrange sensation, un sentiment de déjà vu. J'avais une douleur dans la poitrine, et bien que je l'avais déjà, ce jour ci, c'était différent, je ne savais pas encore et je ne sais toujours pas ce qui était différent, je le ressentais comme une intuition. D'ailleurs, depuis ce jour, je fais des rêves étranges, toujours à peu près les mêmes, ils me font vraiment peur. C'est différent de toutes les autres fois. En réalité, j'ai l'impression d'avoir développé quelque chose en moi. J'ai toujours fais des cauchemars, j'ai toujours vu, et entendu des ombres, des voix, des fantômes, mais cette fois ci, c'était beaucoup plus noir, beaucoup plus profond. J'ai vraiment du mal à me comprendre.
Ma mère a décidé de me reprendre des séances chez le psychologue, elle dit que j'en ai besoin plus que jamais dans cette période, et que ça m'obligera à sortir. Elle s'inquiète d'autant plus pour moi que j'ai perdu le peu de poids que j'avais réussi à reprendre depuis ma dernière rechute d'anorexie. Je n'aime vraiment pas ce mot. Je n'aime pas le fait que ce soit une maladie. En réalité, je pense que je n'accepte pas le fait que je sois malade.
Même si d'un côté, j'ai envie d'avoir une vie saine, d'être juste normale dans une vie banale, de juste pouvoir être heureuse, faire du sport, avoir un joli corps, devenir simplement une jolie fille. Et de l'autre côté, j'ai juste envie d'envoyer tout valser, de rester dans ma folie, sous ma couette, dans mon lit, dans le noir, de ne plus bouger, ne plus voir personne, juste rester avec ma solitude et mes démons, qui eux, ne m'abandonneront jamais. Je suis partagée entre deux parties de moi qui ne savent pas se mettre d'accord, ça donne un mélange bizarre. Ça donne moi, une fille bizarre. Et j'ai beau faire tout ce que je peux pour faire rentrer de la lumière dans ma vie, j'ai l'impression que le destin m'en veut, à chaque fois que j'essaie de faire des efforts, d'être joyeuse, d'oublier mes problèmes, il y a toujours quelque chose qui tourne mal. Et pourtant, je fais tout ce que je peux, mais ce n'est jamais suffisant. Alors je commence à en avoir marre de faire des efforts vains, ça ne mène nul part. Rien ne mène quelque part. La vie est là, on vit, on a l'impression de faire des choses biens, d'être utiles, et puis on laisse notre place à quelqu'un d'autre, est ce que vivre a vraiment un sens ? Pourquoi se fatiguer à essayer d'être utile ?
Ma mère m'appelle, ce qui me sort de mes pensées, elle m'a fait à manger et me force à avaler ce qu'elle m'a préparé. Je veux lui faire plaisir et me force à ingérer le contenu de mon assiette, même si je trouve ça dégeulasse. Je respecte beaucoup ma mère et elle cuisine très bien, mais là, ça me dégoûte vraiment. Elle me dit qu'elle m'a invité chez Arthur, ma mère s'occupe de ma vie sociale, super, j'ai une assistante gratuite. Je me rends donc chez lui dès que j'ai fini mon repas. Il m'accueille à bras ouverts, j'ai l'impression de ne pas l'avoir vu depuis une éternité. Il a prévu une après midi jeux vidéo, avec un pot de glace Ben and Jerry, et des bouteilles d'alcool. Je crois que ce sont les seules choses que je peux avaler, et il le sait. Il sait tout, comme toujours. Je crois que c'est la seule personne capable de me faire rire comme il le fait. C'est la brise de vent qui tente d'enlever tous les nuages d'orages présents dans mon ciel.
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Une fille aux cheveux bleus.
Teen FictionAlison à une vie assez banale, une adolescente qui aime être solitaire, tant qu'elle a ses écouteurs avec elle. Elle n'a pas sa langue dans sa poche et il vaut mieux éviter de l'énerver. Victime de nombreuses crises et cauchemars en tout genre, la j...