Chapitre 63.

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Le début de la semaine est passé trop vite. Nous sommes déjà mercredi, je ne me suis pas rendue compte encore que dans trois jours, je pars. Je ne suis pas vraiment contente de quitter ma ville, bien que j'ai eu envie de partir des milliers de fois. J'avoue que j'appréhende beaucoup la vie en communauté, si je peux dire ça. Je suis blasée d'avance de savoir que je vais devoir parler à des gens, me présenter, les écouter raconter leur vie, leurs mensonges pour certains. C'est clair que les colonies de vacances sont les moments idéaux pour s'inventer une nouvelle identité, personne n'est là pour vérifier ce que vous allez dire. Mais peut être que ma mère a raison et que ça me fera du bien de voir d'autres personnes, même si j'ai un mauvais pressentiment. J'espère me tromper et que tout se passera bien, je vais essayer de ne pas partir trop défaitiste.
Alors que je coloriais les petits carreaux de mon cahier, j'entends que le professeur va rendre les copies de l'examen. Mais quel suspense insoutenable pour moi ! Ce n'est pas comme si je ne connaissais pas déjà ma note. Je ne sais même pas s'il va me rendre ma copie, je n'ai même pas pris la peine d'écrire mon prénom. Peut être qu'il va décider de ne pas me compter cette note. Il n'est clairement pas content des résultats de ce devoir, et il nous le fais bien savoir, il s'acharne sur tous les élèves qui n'ont pas eu une bonne note. Je trouve ça dégeulasse, si la moyenne de la classe est à 7.4, je pense que c'est plutôt à lui de revoir son examen. Personnellement, je n'en ai rien à foutre des résultats des gens de ma classe, mais je pense qu'à quelques mois du bac, ils devraient se bouger quand même pour espérer avoir des bonnes notes. Quand le professeur a fini de rendre les copies de tous les autres élèves, il vient vers moi pour e tendre ma feuille, vierge bien sûr. Il m'explique qu'il a décidé de ne pas noter ma copie, compte tenu des circonstances atténuantes de ma vie. Bon, de toute façon, j'ai une mauvaise moyenne alors ça n'aurait pas changé grand chose. Il m'informe également qu'il donnera des cours de soutien scolaire, tous les soirs, et que je me dois d'y aller. Il me semblait que c'était facultatif ce genre de conneries, mais il ne me laisse pas le choix apparemment. Je lui fais un grand sourire en lui disant gentillement que je serai bien évidemment présente. Il paraît surprise que je ne sois pas qu'une brute qui crit partout et qui tabasse tout le monde, oui moi aussi je sais être gentille. Enfin, c'est seulement par principe, hors de question que j'aille à sa section de soutien, je n'ai pas que ça à foutre, je ne vais pas perdre mon temps pour cette merde.
Une fois mes cours terminés, je me dépêche de filer à l'anglaise du lycée, en espérant ne pas croiser mon professeur, sinon je serai obligée de rester ici, et c'est hors de question ! Je n'ai rien à faire de précis mais je déteste être enfermée dans mon école, et encore plus si c'est pour des cours de math. De toute façon je ne veux pas mon bac, je m'en fiche, je ne veux rien faire de ma vie. Sur mes fiches d'orientation pour le lycée, j'ai juste écris que je voulais m'engager dans l'armée. Je ne compte pas le faire, mais au moins la direction ne me prends pas la tête pour mes notes. Je me demande où je vais me retrouver dans quelques mois, puisque je ne fais pas d'études, je ne passe pas mon bac, je ne m'engage pas dans l'armée. Je vais finir mes jours derrière les caisses d'un fast-food, ou je vais devenir écrivain incomprise et puis basta. Le temps est moche. Enfin, pas vraiment, mais il y a des nuages, il ne fait ni chaud, ni froid, le genre de temps qui te démotive pour tout et n'importe quoi. Peut être que j'aurai du rester au cours de soutien au final. Je viens de rentrer et je m'ennuie déjà, il n'y a rien à la télévision, il n'y a plus rien à manger, j'ai fini toutes les séries que je regarde, et je ne sais pas laquelle commencer maintenant. Je m'allonge juste sur mon lit et j'attends, puisque je n'ai pas sommeil, je reste juste là à attendre que les heures passent. Une fois que j'en ai marre de faire la larve sur mon lit, j'arrive à me motiver à me bouger le cul pour aller faire du sport, ça fait un moment que je n'ai pas couru. Ni une, ni deux, j'enfile mon jogging, un sweat sans manche, prends mon mp3 avec ma playlist spécialement pour le sport, plus qu'à mettre mes baskets et je me retrouve dehors. Je commence à une allure tranquille, j'ai le temps d'admirer le paysage, les gens, qui s'activent dans la rue, les couples qui s'engueule sans raison, les parents qui courent après leurs enfants, où encore simplement ceux qui attendent sur un banc que la vie défile. Ces gens là me font penser à moi, c'est ce que je fais, rester à un endroit sans but, juste attendre pour attendre. Attendre qu'il se passe quelque chose, mais il ne se passe jamais rien. C'est peut être là que je me rends compte que ma vie est vraiment nulle, je ne fais rien de bien. Et en plus de ça, j'ai le don de me démoraliser tout le temps. C'est fatiguant de ne pas réussir à rester motivée pour réussir sa vie, je me demande si un jour j'arriverai à la prendre en main. Ou peut être que je vais passer le reste de mes jours à ne rien faire, à juste attendre que la vie passe, et que la mort arrive. Et ce jour là, je vais mourir avec mes regrets comme seule compagnie.

Une fille aux cheveux bleus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant