Eternels // Muke ✓

? chapitre 45 ¿

 Michael avait décidé qu'il valait mieux qu'on attende l'arrivée de Ryker, le vampire à qui il avait confié la tâche de gouverner ici, avant de partir pour rentrer chez nous. Cela voulait dire qu'il me fallait passer deux jours de plus dans cet enfers de regards haineux et de plaintes continuelles. Aucun des nouveaux vampires ne voulait d'un régime 'végétarien' comme ils l'appelaient. Ils avaient l'habitude de tuer sans être puni et de se servir où bon leur semblait. Michael venait de leur enlever ça en leur imposant un régime de poches de sang et d'humains volontaires. Je soupçonnais cependant que la plus part ne respectaient pas cela, et Michael aussi apparemment.

« Il va falloir qu'on fasse un exemple. » déclara-t-il soudainement alors que je mangeais tranquillement mon petit déjeuné.

Je levais les yeux vers lui pour voir qu'il me fixais avec son air sérieux.

« Un exemple de quoi ? »

« Ces idiots de vampires. Ils ne se plieront jamais à mes règles si je ne leur montre pas qu'ils n'ont pas le choix. »

« En effet. » approuvais-je en hochant la tête « Et comment comptes-tu leur prouver qu'ils n'ont pas le choix ? »

Alors que je continuais de manger tranquillement pendant quelques dizaines de secondes, je me rendis compte qu'il n'avait toujours pas répondu à ma question et relevais les yeux vers lui une nouvelle fois pour constater qu'il me fixait avec insistance, un petit sourire amusé sur le visage. J'avalais ma bouchée en déglutissant difficilement. Je n'aimais pas du tout la façon dont il me regardait. Et mon sentiment d'appréhension ne s'apaisa pas le moins du monde quand il m'expliqua ce qu'il comptait nous faire faire.

-*-*-*-*-

Je grommelais en me tenant la hanche, avançant péniblement en prenant appuis sur le mur à ma gauche. Ce connard de vamp ne m'avait pas loupé, c'était le moins que l'on puisse dire. On pouvait dire merci à Michael de m'avoir mit dans cet état. Je comprenais qu'il fallait que j'ai l'air faible et véritablement blessé, mais de là à me planter une de mes propres lames dans la hanche ? Il abusait un peu. Voir beaucoup.

Trop occupé à ruminer mes plans pour me venger de lui, je ne sentis pas tout de suite la présence derrière moi qui me suivait aussi discrètement que possible, du moins pas jusqu'à ce qu'une deuxième s'y ajoute, rendant leurs auras bien trop voyante psychiquement pour que je puisse l'ignorer. Je ne me retournais pas pour autant et continuais à avancer en boitillant et en m'appuyant sur le mur, mon petit poignard de poche soigneusement dissimulé à leurs vue mais bien en main pour que je sois prêt quand ils me sauteraient dessus. Ce qui allait forcément arriver. Je saignait et j'avais l'air d'une faible petite merde. Ils ne résisteraient pas.

Et comme prédit, il ne leur fallut pas longtemps pour passer à l'attaque. J'envoyais le signale mental à Michael pour le prévenir juste avant de me laisser entraîner à terre, plaqué au sol par les deux vampires à la fois. Il me fallut canaliser tout mon self-control pour ne pas riposter et les zigouiller sur le champ. Au lieu de ça, j'attendis que le visage d'un des vampires soit nichée dans mon coup et le déclic suivit du flash d'un appareil photo pour balancer mon premier coup de poing. Surpris et ne comprenant pas ce qu'il se passait, il me fut facile de faire reculer celui qui ne faisait que me retenir un bras et ma jambe droite. L'autre fut plus compliqué par contre.

Obnubilé par l'odeur de sang frais qui coulait le long de ma jambe et trop occupé à trouver un meilleur angle pour me mordre, le second vampire, un mâle roux, ne remarqua pas l'approche de Michael, ni la disparition de son comparse. Je réussis tout de même à glisser une main sous son menton avant qu'il ne puisse faire autre chose qu'égratigner mon cou. Je poussais ensuite de toutes mes forces sur sa trachée, faisant reculer le vampire qui se tenait maintenant le cou d'un main, ce qui voulait dire que mes deux bras étaient libres de leurs mouvements. Grossière erreur de sa part.

Je fis basculer tout le poids de mon corps sur le coté pour déséquilibrer et faire tomber le rouquin. Il ne lui fallut qu'une fraction de seconde pour se redresser, mais cela me fut suffisent. Je me mis à quatre pattes et envoyais mon poing dans sa figure, visant exprès le nez qui émit un craquement mouillé des plus répugnant quand je le cognais. Le roux se recula précipitamment, je voulu le suivre dans son mouvement pour lui asséner un nouveau coup mais quelque chose, ou plutôt quelqu'un m'en empêcha, me clouant sur place, mon ventre contre le sol. Le second vampire, celui que j'avais viré plus tôt. Je grognais et gigotais pour tester ma marge de manœuvre tout en maudissant ouvertement Michael. J'avais pensé qu'il aurait au moins la décence de s'occuper de celui-là au lieu de me laisser seul et blessé face à deux vampires, et pas les plus faibles qui soient.

Voyant que le roux se préparait à repasser à l'attaque, je donnais un coup de coude dans le vide, espérant viser juste, pour désarçonner l'idiot qui me prenait pour son poney. Je ne réussis pas à le faire me lâcher, mais heureusement pour moi, Michael se décida enfin à me donner un petit coup de main, faisant s'envoler celui qui me retenait plaqué au sol juste à temps pour que le roux me fonce dessus. Je n'eus naturellement pas le temps de l'éviter, ce qu'il n'avait apparemment pas prévu puisqu'on atterri tous les deux dans le mur. La différence étant que j'avais amorti le choc comme j'avais pu avec mes bras alors que lui avait laisser sa tête cogner directement le béton.

Il s'écroula au sol, ce qui me laissa le champ libre pour m'occuper de lui. Il était assez étourdi pour qu'il ne comprennent pas ce qui lui arrivait avant qu'il ne soit trop tard. Je récupérais un de mes petits couteaux en argent, ne sachant pas où était passé celui que j'avais avec moi au début, et l'enfonçais en biais juste sous la dernière côte de sa cage thoracique jusqu'à la garde. Il hurla sous moi, des volutes de fumée s'échappant de sa peau là où elle était en contacte avec le métal nocif pour lui. Comme la lame n'était pas assez longue pour atteindre mon objectif, à savoir le cœur, et qu'en plus il se démenait comme un beau diable sous moi, il me fallu plusieurs essais et beaucoup d'effusion de sang jusqu'à ce que je puisse plonger tout mon avant-bras à l'intérieur de vampire et que je mette la main sur son cœur, littéralement.

Le vampire cessa enfin de bouger et de hurler à m'en percer les tympans quand je sectionnais les artères qui étaient reliées à son organe. Tout son corps se relâcha immédiatement pour adopter cette immobilité que seul les cadavres pouvait adopter. Comme je savais qu'il me restais un autre vampire dont j'étais sensé m'occuper, et ce malgré le fait qu'il avait une opportunité en or pour mettre fin à ma vie qu'il n'avait pas prit, je me retournais. Michael le retenait au sol d'une seule main, accroupi à coté du vamp qui me dévisageait, les yeux exorbités et la bouche entre-ouverte, visiblement terrorisé. Je levais un sourcil dans la direction de Michael qui secoua négativement la tête avec un sourire fier.

« On va laisser celui-là en vie, il racontera ce à quoi il vient d'assister. »

« Comme tu veux. » dis-je en haussant les épaules, reportant mon attention sur le cadavre devant moi « Et celui-là ? Il va servir de modèle d'exposition ? »

« En quelque sorte oui. » confirma le vampire au cheveux rouges en relâchant son prisonnier qui déguerpit sans attendre.

Décidant de faire mon travail correctement, je déposais le cœur de coté avant de demander à Michael de me passer mon épée qu'il avait prit avec lui. Il me la tendit, son regard amusé m'apprenant qu'il savait très bien ce que j'allais faire et approuvait. J'aurais bien voulu lui reprocher cela, mais vu que c'est moi qui prenais l'initiative, je pouvais difficilement lui faire la moindre remarque. À peine dégainée, j'abattis mon épée sur le cou tendu du vampire, avec l'aide de Michael qui lui retenait la tête, ma facilitant la tâche. Après quelques coups puissants, sa tête se détacha enfin du corps que j'observais, plutôt satisfait de mon travail. C'était propre et net. Du bon boulot en somme. Maintenant, il ne restait plus qu'à le mettre à la vue de tous pour qu'ils sachent qu'il valait mieux ne pas jouer avec nous. Avec un peu de chance, Ryker n'aurait pas trop de problèmes avec eux quand il arriverait.