Chapitre 1

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- Sois prudente ma chérie.
Les yeux brillants, ma mère me regardait tristement. Je ne comprenais pas pourquoi, mais à chacun de mes départs, elle ne pouvait s'empêcher de verser un torrent de larmes. J'espérais que cette fois-ci, elle parviendrait à se retenir.

- Ne t'en fais pas Mam's, la rassurai-je d'un ton calme, malgré mon exaspération .
Elle vivait ça à chaque rentrée, alors pourquoi n'était-elle pas endurcie à force ?
Mon père, lui, me fixait d'un œil indifférent, comme d'habitude. Il n'avait pas l'air affecté de mon départ. De toutes façons, il se libérait d'un poids ainsi. Voilà ce que j'étais pour lui : un poids inutile, qu'on devait trimballer. Je soupirai amèrement. J'aperçus le train qui devait m'emmener à l'académie entrer en gare. Mon cœur se serra. J'allais devoir embarquer.

Depuis que j'avais 8 ans, mes parents m'envoyaient en internat. Ma mère m'assurait que c'était pour mon bien. D'après elle, c'était pour que je n'aie pas à assumer le statut de mon père auprès de "mes petits camarades" et que j'apprenne en de meilleures conditions.

Mon œil ! C'était juste que mon père ne voulait pas me voir dans ses pattes. Mais je m'accommodais plutôt bien. Je ne pleurais plus la nuit en pensant à mes parents et j'avais réussi à me faire deux amies. Elles ne me fréquentaient pas juste à cause de l'argent de mon père et je trouvais ça respectueux.

Certaines personnes de l'internat me parlait juste parce qu'elles savaient que mon père était le riche Mr De la Roche. Franchement, niveau hypocrisie, ils allaient loin.

Le train ouvrit ses portes. Je devais y aller. J'embrassai ma mère et donnai une bise à mon père. Traînant ma lourde valise derrière moi, j'avançais péniblement. Je hissai mes affaires sur l'escalier et m'engageai dans l'allée pour trouver un compartiment vide.J'étais généralement seule, mes amies vivant de l'autre côté du pays et prenant en conséquence, un autre train. Ayant trouvé un compartiment , je m'y engouffrai et posai ma valise dans le filet au-dessus de ma tête.

Je m'affalai dans les confortables sièges et ouvris la fenêtre pour faire des signes à ma mère. Le train se mit en marche et nous partîmes en saluant nos familles.

Quand la grande gare ne fut qu'un point à l'horizon, je sortis mon livre et me mis à lire. Ces voyages en train étaient terriblement longs et ennuyeux. Ils me faisaient toujours penser à Harry Potter. Le train qui emmenait les élèves à l'école, les compartiments, les adieux. Copié-collé du Poudlard Express mais sans les baguettes magiques, sans les chouettes et autres animaux étranges et sans magie. L'ennui total quoi.

Je me plongeai dans mon livre et oubliai un peu le monde autour. Les livres étaient ma raison de vivre - avec le chocolat bien sûr. Ils me sortaient de ma triste existence de mortel commune pour quelques aventures trépidantes auxquelles je prenais goût. N'importe quel style m'allait mais mes histoires préférées étaient souvent merveilleuses et fantastiques.

Elles me transportaient encore plus que les autres et je rêvais d'être l'héroïne d'une de ces histoires.
Mais à la place, j'étais la banale Ithilia De La Roche, gosse de riche, adepte de chocolat et de lecture. Mon aventure la plus extraordinaire avait été la fois où je m'étais lancée dans une aventure dans la forêt qui surplombait notre demeure. Je m'y étais aventurée quand j'avais 6 ans, m'imaginant au pays de Peter Pan. Je m'étais avancée de quelques centaines de mètres et étais vite revenue sur mes pas. Rien de très palpitant.

Je lançai un regard dehors. Des champs blancs s'étalaient devant mes yeux. On était en janvier et le temps était encore froid. J'aperçus mon reflet dans la vitre. Mes cheveux blonds bouclés tombaient en cascade sur mes épaules. Ils étaient ma plus grande fierté, avec mes yeux bleus. Ces derniers changeaient de couleurs suivant le temps, mes habits ou même mon humeur.
Mon nez était banal, quoiqu'un peu top retroussé à mon goût. Mes joues de hamster était rosées.
Je détestais mes joues rebondies. J'avais beau être plutôt fine, elles étaient mon complexe le plus énervant. En plus, je rougissais pour un rien. Qu'il fasse chaud ou qu'il fasse froid, elles arboraient une couleur pourpre. En plus, étant timide, je piquais des fards à la moindre remarque de mes professeurs et même parfois des élèves – même si la plupart s'en gardaient bien.

Je soupirai et repris ma lecture. Deux heures plus tard, je déballai mon pique-nique. Je n'avais pas faim mais je grignotais un petit bout de mon sandwich saumon. J'adorais le goût de ce poisson. Pas trop salé, un peu fumé. C'était parfait !

Le temps passait à une lenteur extrême. En regardant par la fenêtre, j'apercevais les fermes si reconnaissables, ce qui indiquait que nous étions à la moitié du trajet. Le train fit un arrêt vingts minutes plus tard et mon compartiment calme se vit envahir par une horde de pipelettes. Agacée, je sortis mon portable et enfonçai mes écouteurs dans mes oreilles. La musique m'envahit dès les premiers accord de la guitare. Je soupirai d'aise. La musique était mon deuxième moyen d'évasion.

Dans mon monde, je ne vis pas les deux gares suivantes. Je fermai les yeux et m'endormis.
Quand je me réveillai, les pipelettes discutaient maquillage. D'après le paysage, nous arrivions dans vingts minutes. J'avais dormi autant que cela ?

Il est vrai que j'avais passé la nuit précédentes dans les bras d'affreux cauchemars. Je n'en étais pas le protagoniste mais j'assistais aux scènes, impuissantes. J'avais eu envie de hurler quand la vieille dame s'était fait tabasser. Ce qui était étrange, c'est que je n'étendais pas leur paroles, comme un film auquel on aurait coupé le son.

Je sentis le train ralentir. Nous arrivions enfin, après 6 longues heures de trajet. On nous repartit par groupes, suivant nos classes et nos dortoirs. J'entendis un cri strident et deux mains se plaquèrent sur mes yeux.

- Devine qui c'est ? chantonna une voix de fille.

Je souris et tenta :

- Elena ?

Je l'entendis ronchonner tandis qu'elle retirait ses mains.

- Pff c'est vraiment pas juste, bougonna-t- elle.

Je ris et lui sautai dans les bras.

- Tu m'as trop manquée , m'écriai-je.
- A moi aussi ! J'ai tellement de chose à te raconter !

Nous fûmes interrompues par un boulet qui nous fonça dedans. Je reconnus immédiatement les cheveux noirs de mon amie Rajani. Ses origines indiennes étaient marquées par son teint, ses yeux et sa magnifique chevelure lisse. Elle avait un sourire éclatant et des dents blanches, magnifiquement alignées. Son traitement orthodontiste venait de se terminer et elle était fière d'arborer son sourire resplendissant.

Elena, elle, avait des origines californiennes. Toutes les filles, ou presque, étaient jalouses de son bronzage et de ses yeux bleus clairs. Ses cheveux étaient bruns chocolats et cascadaient en boucles légères sur ses épaules fines. Elle était assez grande, contrairement à Rajani et à moi, qui atteignaient avec peine le mètre soixante.

- Vous m'avez trop manquées ! lâcha la jeune indienne avec émotion.

- Toi aussi.

- Bon, les filles, sans vouloir vous presser, le groupe est déjà loin devant ! On se racontera nos vacances de Noël plus tard, nous intima Elena.

Nous fonçâmes rejoindre les autres élèves. Un nouveau semestre commençait. Mais j'avais l'impression qu'il serait différent.

Si j'avais su...


Hello !
Oui, j'ai pris du temps à publier ce chapitre mais le voilà enfin !
Je vous avais dit, ça change pas mal hein ?
Alors, que pensez-vous de ce chapitre ?
Et des deux amies d'Ithilia ?
J'ai décidé d'écrire cette fiction à la première personne du singulier, pour changer et pour m'entraîner.
N'hésitez pas à me signaler les fautes et à me faire des critiques, que j'accepterai volontiers, si elles sont constructives !
Bref,
A la prochaine !

[ARCHIVES] La quête de Valdëa Où les histoires vivent. Découvrez maintenant