Pendant tout le trajet, Anor avait tenu ma main dans la sienne. Nous n'avions pas beaucoup parlé, juste apprécié la présence de l'autre. Quand nous arrivâmes devant le musée de l'air et de l'espace, mon cœur se serra et je dus respirer plusieurs grandes bolées d'air pour chasser les larmes qui menaçaient de m'assaillir. Anor paya le conducteur et nous nous apprêtâmes à pénétrer dans le musée. Nous dûmes payer nos billets et passer de stricts contrôles de sécurité. Je dus lâcher la main de mon petit ami pour rentrer.
Petit ami ? Cette appellation me paraissait si ridicule, comparée à ce que je ressentais pour lui. Et puis j'avais encore du mal à réaliser ce qui s'était passé dans le taxi. Mon cœur faisait des siennes.
Anor finit enfin par me rejoindre et nous fîmes mine de nous intéresser aux énormes missiles qui nous encadraient de part et d'autre. En vérité, je brûlais de me retourner pour découvrir le but de notre périple.
Je sentais sa présence, au fond de mon cœur, comme un bourdonnement sourd qui envahissait mes oreilles, qui étouffait les bruissements de la foule. J'avais le sentiment de vibrer de l'intérieur.
Anor devait sûrement ressentir la même chose car il tourna sa tête vers moi et me demanda :
- Tu la sens aussi, hein ?
J'hochai simplement de la tête, ne trouvant rien d'autre à dire.
Il m'entraîna gentiment vers le stand où un groupe de personne attendait pour toucher ce qu'il croyait être une roche lunaire.
Nous attendîmes notre tour et quand ce dernier vint, je sentis mon estomac se retourner. Je te dis un doigt hésitant vers la pierre grise et lorsqu'il atteint la surface moite, je sentis un courant électrique me traverser tout le corps. J'eus la certitude que je ne m'étais pas trompée. Anor me sourit, et nous laissâmes notre place aux autres visiteurs.
Nous nous éloignâmes un peu de la foule, pour pouvoir parler.
- C'est elle, je le sens, commença Anor. Il faut attendre ce soir pour la prendre et ensuite...
- Ensuite on verra. Survivons jusque là et ça sera déjà bien, complétai-je.
- On fait un tour ?J'acquiesçai et nous commençâmes notre visite. J'avais beau être devant des objets impressionnants, des choses qui avenir révolutionné la conquête spatiale, je ne pouvais me concentrer. J'avais l'esprit ailleurs et Anor sembla bien vite le remarquer car il nous fit sortir pour faire une promenade. Nous allâmes au bord du lac. Les cerisiers japonais étaient en fleurs, et répandaient leurs pétales satinées sur l'herbe grasse. Nous décidâmes de nous arrêter sous un arbre, pour profiter de l'atmosphère magique du lieu. Je me laissais aller contre l'épaule d'Anor, qui passa son bras autour de ma taille, et me prit la main. Ce fut Anor qui brisa le silence.
- C'est assez extraordinaire, hein ? On est là qu'un jour, et ça tombe pendant les cerisiers en fleurs.
- Ils sont peut-être en fleur pour nous, plaisantai-je.
-Pour toi, me corrigea Anor avant de planter un baiser sur mes lèvres.Je rougis immédiatement, ce qui fit rire Anor.
- Désolée, c'est juste que... Enfin... C'est la premiere fois...Il sourit gentiment et me dit d'un ton doux :
- Je vais t'y habituer.
Et il fit pleuvoir une pluie de baisers, qui vinrent me chatouiller dans le cou, dernière les oreilles, dans les cheveux. Alors que je me débattais en riant, je vis le regard attendri des passants sur nous.
Quand Anor cessa, j'avais le souffle court, et les yeux humides d'avoir trop ri. Celui que j'aimais me regardait avec une mine espiègle, et semblait prêt à recommencer.- Laisse-moi une pause, le temps que je reprenne ma respiration, l'implorai-je d'une mince faussement désespérée.
Il se laissa tomber par terre avec un soupir et je fis de même.
- Ça fait tant de temps que je rêve de ça, souffla Anor.Je ne répondis pas, ma réponse était bien trop évidente.
- Dommage qu'on ait attendu aussi longtemps, continua mon amour, avec une pointe de tristesse pointant dans sa voix.
- On aura tout le temps après.Après... La signification de ce mot m'était presque inconnue à présent. Je n'imaginais plus rien, après. Qu'allions-nous faire ? Allions-nous reprendre nos études comme si de rien n'était ? Allions-nous continuer à fuir ensemble jusqu'au bout du monde, rien que les deux ?
J'étais prête à faire ce sacrifice, bien sûr, si c'était pour rester à ces côtés. Mais je me posais tout de même la question de mes études. J'avais quinze ans, et certes aucuns projets d'avenir pour le moment, mais j'aurais aimé finir mes études. Je me décidai à lui poser la question.- D'ailleurs, pour après... Comment envisages-tu l'avenir ?
- Je te suivrai dans ta décision.
- Moi aussi... Mais je souhaiterais tout de même continuer mes études. Et comment expliquer notre disparition ?Je soulevais un point important. Anor haussa les épaules et répondit :
- On pourra faire l'excuse de la fugue, elle marche à tous les coups, fit-il avec nonchalance.
J'acquiesçai d'un geste de tête, et déplaçait ma main pour tenir la sienne. Après tout, nous avions le temps d'en discuter après...
Le temps filait, je ne le voyais pas passer, blottie dans les bras d'Anor, ou simplement se tenant la main en déambulant sur les chemins. L'heure avançait, mon cœur accélérait la cadence et je prenais tout le courage nécessaire pour embrasser Anor le plus possible, avant qu'il ne soit trop tard.
Je ne savais pas trop ce qui risquait de me tuer. Serait-ce nos ennemis ? Serait-ce mes pouvoirs ? La pierre ?
Je n'en avais strictement aucune idée, et cette fois, pas un manuel, pas une recherche internet pourrait m'aider. J'étais contrainte de voir ce que le futur me réservait.
Le ciel était devenu rose, puis s'était embrasé avant de se peindre de bleus, et de se piqueter d'étoiles. La lune était absente ce jour là. Anor se tourna vers moi, et m'embrassa avant de chuchoter :-Il est temps.
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[ARCHIVES] La quête de Valdëa
FantasiIthilia est une jeune fille comme les autres. Elle rêve d'aventures et souhaite sortir de sa vie monotone. Lors de sa rentrée de janvier dans son collège privé, un nouveau, Anor, fait apparition. Ithilia découvre auprès de lui ses pouvoirs psychiqu...