Chapitre 28

24 8 4
                                    

Suite à cette fameuse altercation, nous restâmes dans l'hôtel où nous séjournions. Nous n'allions que très rarement dehors, et restions maussadement dans les chambres. Tíra en avait loué une juste à côté des nôtres et nous passions notre temps dans le petit salon,  en silence.
Un froid régnait.
Les heures passaient, longues et monotones. Souvent, Anor restait les yeux plongés dans le vide, Tíra chantonnait doucement et je me taisais, comme oppressée. J'avais besoin de sortir mais trop de risque couraient.
Parfois, je me surprenais à regretter mes parents, mon internat. Moi qui avais toujours rêvé de vivre une vie d'aventures et de magie, voilà que la tranquillité me manquait.
J'avais envie de vivre une existence simple, auprès de mes êtres aimés.

Dont Anor faisait parti. Je m'en rendais compte au fil des jours passés enfermés là. Un frôlement, une caresse au passage ou même un simple regard ; ces gestes me retournaient le coeur, me faisais chavirer.
Et pourtant je tentais de me convaincre, de battre ces sentiments qui, je le savais, ne feraient que nous nuire. Un amour n'est jamais bon dans ces histoires.
Je devais me montrer plus forte que mon coeur.

Tíra semblait avoir remarqué les bouleversements qui agitaient mon âme. Par instants, elle me jetais un regard qui ne trompait pas, un clin d'œil discret et je rougissais.

Un jour, alors que nous restions dans notre longe léthargie, Tíra se leva et nous dit :

- Il est temps, je crois, de commencer nos plans. Nous ne pouvons pas rester à végéter ici sans rien faire ! Même si je sais que ce sera dur... nous devons agir.

Anor baissa les yeux et hocha la tête. Je ne pipai mot.
J'étais pour le moment d'accord avec la vieille dame.

- Les heures qu'on passe à rien faire... sont des heures perdues. Il faut que nous prenions le risque... Quitte à se faire prendre comme des insectes dans un bocal.

Elle se retourna vers nous et demanda notre approbation d'un oeil. Un peu indécise encore, je restai silencieuse. Anor faisait de même.

Il finit par murmurer :

- Mais plus on reste ici, plus Ithilia vivra...

Mon coeur se serra. C'était la plus grande peur d'Anor : ma mort.
Je l'entendais dans les cauchemars qui le tenaient dans la nuit ; quand je me réveillai en sursaut et que je l'entendais se débattre avec les monstres imaginaires de ses draps, alors qu'il pleurait mon nom.
Je ne l'avais fait remarquer à personne. Anor lui-même ne semblait pas au douter des pas intrusifs que j'avais fait dans son âme.
Avec un lourd sentiment qui pesait dans ma poitrine, j'articulai de ma mâchoire gourde :

- Mais Anor... La vie que je mène ici n'en est pas vraiment une. Je préfère m'en aller. A toi de décider si tu nous suis. Moi, je pars.

Les mots que je prononçai douloureusement me semblaient bien fade, et je me surpris même à douter de mes paroles. Avais-je vraiment envie de sortir, de me confronter au monde qui voulait ma mort ? Ne préférais-je pas un lit douillet et une vie de réclusion confortable, quoique emprisonnée ?
Je secouai vivement mes pensées défaillantes. Je ne devais pas vivre égoïstement ainsi. Je devais me nature pour se que je considérais comme étant le Bien. Car ce dernier était-il vraiment ce qui était Bon ? Ou avais-je été aveuglée par la vie ?
J'étais perdue dans mes propres conclusions. L'enfermement commençait à brouiller mes plus fondamentaux piliers .  Il fallait impérativement que je fasse quelque chose.

- Puisque c'est ton souhait... Mais à présent nous devons quand même régler une des plus importante question de notre affaire. Où se trouve Valdëa.

C'était en effet une question à se poser. Je n'en avais aucune idée mais cela ne semblait pas être le cas de la vieille dame.
Elle fronça les sourcils et murmura :

-"Dans l'aube du vingtième siècle, une jeune Ithron se lèvera
Et dans la lumière de sa flamme trouvera Valdëa
Sous une forme lunaire"

Ne voyant pas où elle voulait en venir, nous la fixâmes silencieusement, attendant la suite.

- Sous sa forme lunaire ! Valdëa serait donc sur la lune ?

Un grand froid s'abbatit sur mon coeur. Si Valdëa se trouvait en effet en sur notre satellite, il serait presque impossible de la récupérer, avec les budgets qui nous restaient.
Tandis que l'équipe de Coru...

Mais je vis Anor secouer la tête.

- Non... Ce serait trop dur... Et les experts ont bien certifié que la pierre serait sur Terre !

Mon esprit était en pleines cogitations. Une pierre lunaire, sur terre... où avais-je pu en entendre parler ? Je me mordillais la lèvre inférieure, tentant de remettre une image sur ces mots.
Quand soudain cela me revint, je laissai échapper un cri de joie, et de soulagement.

- Mais oui ! Vous vous souvenez du musée de l'air à Washington ?

Mes deux compagnons me regardèrent sans comprendre. Je continuai leur expliquer le fond de ma théorie.

- Quand j'étais plus jeune, mon père m'y avait emmenée et j'avais été émerveillée. J'avais pu toucher un bout de la Lune ! C'est l'un des seuls endroits possibles, non ?

Dubitative, Tíra haussa les épaules.

- Le nombre de pierre qui ont été ramenées de là-haut, tu sais...

Mais mon ami noiraud semblait de mon avis.

- Mais oui ! Ce serait l'endroit le plus exposé et donc le mieux caché ! Personne ne supposerait cela ! Voilà des années qu'on la cherche et elle se trouvait à la merci des touristes depuis ! 

Tíra hocha la tête :

- De toutes façons,  nous n'avons plus rien à perdre. En route, mauvaise troupe.

[ARCHIVES] La quête de Valdëa Où les histoires vivent. Découvrez maintenant