Chapitre 8

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Ne pouvant plus supporter les regards d'Anor et ceux de Coru, je m'inventai des maux de ventre pour quitter le cours plus tôt.
Aussitôt arrivée dans ma chambre, mes larmes me montèrent aux yeux, ruisselèrent sur mes joues. Hoquetante et suffocante, je tentai de me calmer vainement. Mes colocataires n'allaient pas tarder à rentrer et je ne voulais pas qu'elles me voient ainsi. J'étais pitoyable, à pleurer comme ça pour des regards.

Mais j'avais beau tenter de retenir mes sanglots violents, ils revenaient à la charge, plus forts encore. Je mis mon portable en marche et mes écouteurs dans mes oreilles et me laissa couler dans la musique.

Au bout de quelques minutes, je ne saurais dire combien, je me calmai enfin. Mais j'entendis mes amies arriver dans le couloir, et, pour ne pas qu'elles voient mes yeux rougis et gonfler, je fis mine de dormir. Me tenant le ventre, histoire de compléter la comédie.

Je les entendais chuchoter, comme des malfrats en train de préparer un mauvais coup. Un sentiment de rage me pris la gorge, avant que je ne baisse le son de mes écouteurs discrètement pour écouter  leur conversation.

- La pauvre, je ne sais pas ce qu'elle a fait mais Anor avait l'air bizarre, entendis-je Rajani chuchoter.

- Ouais... T'as vu comme il s'éloignait d'elle. Comme si il en avait peur !

Sentant de nouveaux sanglots monter en moi, je remis discrètement le son de ma musique, tout en faisant mine de bouger dans mon sommeil.
Je n'en pouvais plus. Je me sentis glisser lentement dans un rêve.

***
Une semaine passa. Anor ne m'avait plus parlé. Chaque fois que son beau regard croisait le mien, il détournait la tête, avec une expression de peur et de dégoût, comme si je l'avais trahi d'une certaine manière. Coru, lui, me regardait avec insistance. Mes amies, à qui j'avais reparlé un peu, s'étaient excitées, persuadées que ses yeux me scrutaient avec amour. Je savais que non. Cela ne pouvait plus durer. Chaque jours à endurer cette souffrance me détruisaient et voir le visage de mon ancien meilleur ami avec cet air... J'avais l'impression de mourir. J'espérais tous les soirs que le lendemain serait un autre jour, que tout allait s'arranger. Illusions !

Jusqu'à ce maudît jour. J'avais fait un affreux rêve. La vieille dame avait tenté une évasion. Mais alors qu'elle arrivait à la grande porte, des gardes l'avaient surprise et elle avait enduré une punition affreuse. J'avais crié dans mon rêve, mais personne ne m'entendait.

Quand je me réveillai, toute en sueur et le cœur galopant dans ma poitrine, il faisait encore nuit. L'aube allait percer la noirceur de la nuit dans, j'estimais, quelques heures. Incapable de fermer les yeux, je me tournai sans arrêt, m'emmêlant dans mon duvet chaud. Mon esprit, incapable de se fixer sur une seule idée, dérivait totalement. Je repensais aux événements du jour maudit. Que c'était-il passé ? Qu'avais-je donc fait pour m'attiser ces regards. Je me rappelai alors de l'étrange chose qui s'était passé? Une question me taraudait : avais-je donc réellement arrêté le temps ?
Foutaises ! Ma partie cartésienne n'en croyait rien. Mais ma partie rêveuse se posait des questions.

Qu'avais-je donc fait ? Cet instant était flou dans mon esprit, comme une sorte de rêve, dont j'apercevais les contours flous mais où tout les détails m'étaient masqués, comme par un voile translucide.

Tandis que les visages de Coru et de Anor étaient gravés dans mon esprit, comme marqué au fer rouge. D'ailleurs, ce souvenir me brûlait, me consumait quand j'y pensais. Les larmes jaillissaient, comme pour éteindre ce feu ardent qui me déchirait.

Ma gorge devenait sèche et ma gorge serrée ne pouvait articuler le moindre mot.

J'attendis la sonnerie du réveil avec appréhension. Au fond de moi, une part de mon l'esprit était sûre que tout allait revenir comme avant, comme l'incident perturbateur n'avait été qu'un rêve. Mais l'autre était terrorisée à l'idée de devoir supporter un instant de plus les regards dégoûtés d'Anor, et ceux possesseurs de Coru.

Recroquevillée dans mon lit, je tentai de calmer mes sanglots effrénés, en respirant profondément. Quand toutes les larmes se furent écoulées, je saisis mes écouteurs et me laissai emporter par la musique gracieuse. Étrangement, j'eus envie de classique, alors je téléchargeai la flûte enchantée qui me transporta dans le monde de Papageno, et de la reine de la nuit.

Comme j'aurais voulu lui ressembler, à cette dernière. Forte, belle, implacable ! Tout ce que je n'étais pas. Je me mis à penser que tous serait plus simple si j'étais comme elle.

J'avançai jusqu'au fameux air, interprété par Nathalie Dessay et me plongeai dans cette musique. Mon cœur s'attardait sur les notes hautes, me faisant frémir. C'était étrange comme cette musique me touchait.

Quand la reine de la nuit eut prononcé ces dernières paroles, je recommençai à respirer normalement. Quelques minutes plus tard, la sonnerie lancinante attaqua mes tympans et me ramena à la réalité. Avec une pointe de regret et une vague d'angoisse, je me relevai et m'habillais en vitesse. Je ne voulais pas rester trop longtemps dans la même chambre que Rajani et qu'Elena. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne voulais pas qu'elles me voient. Pourtant, j'avais l'impression qu'elles s'étaient un peu calmée avec leur amour désespéré.

Aussitôt mon jean et mon t-shirt enfilés, je me précipitai dehors. J'avais besoin de faire un tour, et la peur qui me tenaillait le ventre me coupait l'appétit. Heureusement, ma cheville s'était guérie, avec le temps. Mais je ressentais quand même une vive douleur quand je m'appuyais dessus trop longtemps.

L'air frais me revigora et je respirai l'oxygène glacé à plein poumons. Me dirigeant vers la forêt avec détermination, je marchai d'un pas rapide, tout en ne forçant pas trop sur ma cheville.

Arrivée à l'orée du petit bois, je m'arrêtai soudainement. J'avais entendu des voix. Je m'approchai discrètement jusqu'à la provenance de ces sons. Arrivée juste à côté, je m'accroupis silencieusement pour écouter. Bizarrement, j'étais comme attirée par cette conversation. Bien que je sois curieuse de nature, jamais je n'aurais pris ce risque avec une autre conversation. Mais là, cette dernière m'attirait, comme si nous avions été deux aimants.

J'entendis les premiers mots et mon cœur tomba dans mes souliers quand je reconnus les voix.

C'était celle des deux personnes que je redoutais le plus.

Anor et Coru parlementaient ensemble d'un air mouvementé.

Hello !
Désolée pour le retard !
J'espère que ce chapitre vous aura tout de même plu !
Et vous, qu'en pensez-vous ?
J'en suis pas vraiment satisfaite mais bon...
Le prochain chapitre risque d'être sûrement plus intéressant, enfin, je l'espère !
Bref, à la prochaine !

[ARCHIVES] La quête de Valdëa Où les histoires vivent. Découvrez maintenant