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- Élonore... Je t'en supplie ! Aide-nous ! Je te jure qu'on ne te fera plus aucun mal ! suppliai-je la jeune fille avec un accent déploré dans la voix.

Dire qu'il n'était même pas feint.
Élonore était là seule personne qui me faisait ressentir de la pitié et in autre sentiment que je n'avais jamais réussi à identifier. Moi, l'implacable Coru pliais ma résolution cruelle devant ses grands yeux marrons et ce nez retroussé, entouré d'éphélydes, dispersés comme des étoiles dans une galaxie.
Évidement, sa beauté y était pour quelque chose. Ses beaux cheveux roux fauves enveloppaient ses épaules fines avec grâce. Ses grands yeux étaient toujours pleins de sentiments, si bien que je n'avais pas besoin des dons télépathiques de mon frère pour lire ses émotions. Comme j'avais frémis en y devinant de l'amour ! Et voilà que j'y lisais une haine profonde et un chagrin sans fin. La plaie qui ouvrait béatement mon coeur laissa échapper un filet de sang, tordant le couteau incrusté dans cette blessure avec cruauté.

Je voyais l'être de mes rêves,  celle qui représentait toutes les joies que je n'avais connues sur cette Terre, s'éteindre devant moi, sans que je ne puisse rien y faire.

Sa crinière était emmelée, sèche et ternes. Sa peau,  déjà si pâle d'ordinaire,  semblait cadaverique et était tirée sur les os fins de cette sublime créature. Voilà plusieurs semaines qu'elle avait cessé d'ingurgiter les aliments qu'on lui servait. Mes charmes n'avaient plus aucune emprise sur elle, et je ne pouvais l'obliger de se faire vomir quand nous l'a nourrissions de force.

Et là, je tentais vainement de la ramener à la vie.

- Nous arrêterons toutes tortures. Je te le jure.

Elle me lança un regard dardant de mépris.

- Comment puis-je croire des promesses, Ulunn ?

Je me sentis fléchir mais je me repris.

- Nous étions obligé !  Pour le Monde ! Pour les ithryn !

- Et tu veux essayer de me faire gibet ça ?  Plutôt mourir que vous aider dans cette quête de Valdëa !  Cette pierre est maudite ! Comme mes pouvoirs ! Comme vous tous !

Sa voix déchirée résonna dans les parois du sous-sol.
Sentant que je ne pourrais la résonner,  je m'en allai, le coeur lourd.

Je montai les escaliers jusqu'au premier étage. Là, ma chambre que je partageais avec Anor se tenait. J'y pénétrai pour retrouver mon frère,  assis sur son lit, la tête entre les mains. Il releva la tête quand je rentrai et je remarquai ses yeux rougis de larmes. Je n'étais apparemment pas le seul à souffrir du déclin d'Élonor.

- Ils sont en train de la détruire, pas vrai ? murmura-t-il, sans doute pour me cacher le brisement de sa voix.

Je ne répondis rien et m'assis dans le seul  fauteuil qui ornait notre petite et simple chambre. Grise et étroite, elle ne comportait qu'un lit à deux étages, une table en bois et un siège de bois.

- Je commence à regretter de l'avoir emmenée. Peut-être que l'on aurait dû tenter notre chance que nous trois.

Je manquai de lui faire remarquer que c'était moi qui avait menée l'expédition jusqu'aux repère des Guil.

- Douterais-tu des capacités et des enseignements de notre maître ?

Il se reprit très vite, remarquant que ses précédents propos pourraient le mener à une exécution douloureuse.

- Non, non , non ! C'est juste... Je me posais des questions. La fatigue me fait divaguer.

Je hochai la tête.  Son excuse était valable. Malgré tout, je me mis à douter de la loyauté de mon frère auprès du Maître.

[ARCHIVES] La quête de Valdëa Où les histoires vivent. Découvrez maintenant