Chapitre 25

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Les marches  étaient irrégulières, nous manquâmes plusieurs fois de nous tordre la cheville. Le noir profond m'arrangeait rien et Anor refusait formellement d'utiliser son don, ou sa malédiction comme il l'appelait pour nous éclairer un peu. Nous avancions avec précaution. J'avais l'impression qu'on entendait les battements de mon cœur dans tout le bâtiment. Ils résonnaient à mes oreilles tel un glas mortelle.
La main de mon ami serrait toujours la mienne.

Nous arrivâmes enfin en bas. Un garde attendait devant la porte. Anor poussa un juron. Nous nous dissimulâmes derrière un pan de mur et Anor chuchota :

- Tu penses arriver à le faire lâcher son arme ?

Je fis signe que oui et me concentrai. L'arme était présente dans mon esprit. J'entrepris son déplacement. On entendit un hoquet surpris. Le pauvre garde n'eut pas le temps de prononcer d'autre mot. Sa lame s'abattit sur sa nuque et il tomba raide. Nous passâmes devant son corps inerte et je fus prise d'un regret déchirant. Anor pressa mes doigts et me rassura :

- Tu ne l'a pas tué. Il est juste évanoui.

Nous débarquâmes dans un long couloir éclairés par des ampoules tremblotantes. Des portes sécurisées ne laissaient entendre que des gémissements plaintifs. Anor restait de marbre mais je pouvais voir dans ses yeux une affreuse douleur. Il se rappelait d'Elonore.

Notre progression me semblait infiniment lente. Les numéros de portes se succédaient sans fin. Soudain, je reconnus une plaquette sur un mur. C'était le numéro 89. Je tapais mon ami avec mon coude.

- Là. Je suis sûre que c'était ici.

Il me dis un signe de tête et s'approcha de la porte en face.

Il tapa trois coups secs, puis trois lents et à nouveaux trois secs. En se tournant vers moi, il expliqua :

- C'est un code entre nous. Délicieusement cliché mais horriblement pratique.

On répondit derrière la cloison. Anor eut un sourire soulagé.

- Tíra ! Vous m'entendez ?

Un bruissement fragile répondit.

- Oui.

Anor avait les larmes aux yeux. Il suffoqua un peu.

- Vous... Vous allez bien ?

- J'ai mal, faim et soif mais ça va. Le lit est inconfortable à souhait. Plus jamais je ne plaindrais de mon matelas.

- On va vous sortir d'ici. Vous inquiétez pas.

J'assistais à ces retrouvailles avec les yeux embués de larmes.

- On ? Qui t'accompagne mon cher ?

Je finis par me prononcer.
- Ithilia, madame. Je suis une amie d'Anor.

Un petit rire retentit derrière la porte.

- Le soleil et la lune... Moui, ça pourrait le faire.

- Tíra, on vient vous aider.

- Ça je l'avais bien compris. J'attend que vous vous décidiez à faire péter cette maudite cellule.

Anor me regarda.

- On va essayer de faire bouger le mécanisme ensemble okay ?

Nous nous concentrâmes. Nous répétions ce petit numéro depuis le début du voyage. S'en était devenu un jeu d'enfant.
Très vite, le cliquetis caractéristique se fit entendre. La porte s'ouvrit lentement. Je retins un hurlement d'effroi. Une odeur putride s'échappait du trou creusé dans le mur. C'était insoutenable.

- Nous vous inquiétez pas pour l'odeur. On finit par s'y habituer.

Une forme voûtée s'échappa de l'ombre pour parvenir à la lumière. La vieille dame était exactement à l'image de celle de mes rêves. Les cheveux gris, bouclés étaient exactement les mêmes, ainsi que la lueur de défit qui s'échappait de ses yeux déterminés. Ces derniers se fixèrent sur moi.

- Ah, c'est donc toi ! Je commençais à désespérer sur ta venue.

Je baissai la tête, désolée.

- Mais bon, c'est pas le moment de discuter. Je veux revoir mon cher soleil - et je ne parle pas de toi, Anor.

Sans un autre mot, elle s'avança dans le couloir, clopinant. Sa force me surprit énormément. Mon ami haussa les épaules avec un sourire. Nous la suivîmes. Le garde gisait toujours aux pieds de la portes. Nous l'enjambâmes alors que la vieille dame grommelait :

- Super travail, les jeunots. Si vous saviez les misères que m'a fait subir ce petit salopard !

Je ris d'entendre ces mots grossiers sortir de la bouche de cette dame si respectable. Un gloussement agita mon corps quand je la vis cracher sur le pauvre évanoui.

Bien sûr, tout se passait trop bien. J'étais sûre  qu'un problème devait bientôt surgir, briser nos espoirs.
Ce problème s'appelait Coru.

Quand nous arrivâmes en haut des escaliers, il nous attendait avec un affreux rictus.
Je poussai un petit glapissement.

- Vous pensiez vraiment nous échapper ainsi ? Nos surveillances ne sont quand même pas inexistantes.

Mon sourire s'évanouit aussitôt. Le jeune blond continua :

- Anor, je te pensais plus intelligent. Risquer ta vie et celle de l'Elue, pour une vieille dame inutile, c'était très stupide.

Je vis mon ami se crisper. Mais il me dit rien.

- Et toi, Ithilia, je te manquais ?

Je relevai le menton, d'une manière hautaine et ne répondit pas.

- Vous restez muet ? Très bien.

Il frappa ses mains et des hommes apparurent d'entre les murs. Ou du moins nous le crûmes jusqu'à avoir aperçu les portes secrètes dissimulées entre les pierres.

Ils s'approchèrent  de nous, et nous cernèrent.
L'histoire se répétait.

- Bon, comme mes ...propositions de la dernière fois n'ont pas persuadé notre belle jeune fille, nous allons y aller... Avec moins de clémence.

Sur ces dires, un homme s'approcha de mon ami et l'attrapa dans ses gros bras avant qu'Anor n'ait pu se débattre. Il passa son large avant-bras sous le cou fin du noiraud cher à mon cœur et commença à contracter ses muscles. Anor tenta de se dégager, en vain. Tíra esquissa un mouvement pour aller l'aider mais fut arrêtée par un autre sbire. Elle n'avait pas la force de tenter de s'enfuir.

Cour avait observé la scène sans perdre son sourire narquois. Il se retourna vers moi et entreprit sadiquement :

- Le choix t'appartient, petite Lune. Sauveras-tu ton soleil et ta prophète, contre le simple don de ta personne ? Ou bien laisseras-tu mourir ces personnes si chères à ton cœur, sans pourtant avoir une chance de liberté ? J'attend. Chaque minute resserra la prise autour d'Anor. Fais vite ton choix, petite.


Hey Hey hey !
Ouais... Je respecte pas trop la restriction de mes parents hum.
L'interdiction semble me donner l'inspiration. No comment x))
Sinon..
Ce chapitre ?
Gaaa petite lune pardon mais même si c'est Coru qui l'utilise, j'adore ce surnom x)
Bweeeef.
J'adore Tíra. Et vous ? ^^'
Bwef.
Bwef.
Bwef.
J'espère que ce chapitre vous a plu ( perso j'ai beaucoup aimé l'écrire c:)
Et à la prochaine ☆

[ARCHIVES] La quête de Valdëa Où les histoires vivent. Découvrez maintenant