Chapitre 30

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Une lueur brillait dans les yeux du bel homme. Je ne saurais dire de quoi, mais quelque chose flamboyait derrière ses prunelles. Je fus accaparée par ses iris pendant qu'il discutait avec Anor. Je devais avoir l'air pathétique à fixer obsesionnellement ses yeux mais je ne pouvais m'en empêcher.
Il nous avait emmené au salon, où étaient servis de petits biscuits.

- Ça faisait longtemps que l'on ne s'était pas vus, fit lentement Morno.

- L'Europe n'est pas tout près, répondit Anor avec un sourire en coin.

- Je suis sûr que tu as plein de chose à me raconter.

En parlant, il avait jeté un coup d'oeil vers moi, avec un petit rictus. Je rougis instantanément et baissai les yeux. Anor fit alors part des grandes parts de notre voyage, omettant de mentionner ma "future" mort. Lorsqu'il eut terminé, Morno s'étira et bailla :

- Et je reçois quoi pour vous hébergement ?
- Notre éternelle gratitude et puis tu pourras dire que les gens qui ont sauvé le monde ont dormi chez toi, rit Anor.

- Ça me semble correct.

Je ne savais quoi dire, alors je restai silencieuse, comme souvent.
Un ange passa. Chacun semblait un peu gêné. Jusqu'à ce que mon beau noiraud prenne la parole :

- Et toi... Ça va ? demanda-t-il doucement à Morno.

Ce dernier sembla comprendre l'allusion et il hocha la tête.  Un sourire se dessina sur sa figure, creusant deux fossettes.

- On a trouvé un autre moyen de communiquer ! 

Et en nous montrant son smartphone, il ajouta :

- Drôlement pratique, ces machins !

J'eus un petit sourire. Son expression me faisait penser à un enfant, ces yeux pétillants et ce sourire étaient les mêmes que ceux que j'avais sur les photos de mes premiers Noël.

- Et si tu veux savoir, nous ne sommes plus ensemble. Elle est avec une autre personne. Mais nous sommes amis. C'est sûrement mieux comme ça, finit-il.

Anor hocha de la tête.

- Parfois c'est mieux de n'être qu'amis.

Je sentis mon coeur se déchirer. Mes sentiments étaient donc vain. Je me retins de m'effondrer en pleurs et je suivis la discussion.

- Ca se voit que t'as jamais eu d'amour réciproque ! Il n'y a rien de plus magique !

- Mise à part la plus belle des amitiés, répliqua mon ami.

Morno fut obligé d'acquiescer à contre-coeur. Puis il ajouta :

- Mais si tu vis les deux, c'est le mieux !

Le silence revint, assez pesant. Jusqu'à ce que notre hébergeur lève la tête. Il posa alors à Anor une curieuse question.

- Tu penses que ton frère a déjà connu le vrai amour ?

- Elo...

Il parlait de la jeune fille tuée. Ses yeux étaient emplis de tristesse.

- Et Tristan, ajouta-t-il après une pause. Quand nous étions plus jeune.

Je manquais de m'étouffer alors.

- Tristan ? Un homme ?

Mon ami s' esclaffa et me répondit :

- Oui, mon frère aime aussi les garçons ! On ne dirait pas en le voyant, hein ? Mais ne vas surtout pas me dire que c'est à  cause de cela qu'il s'est tombé du côté obscure ou autre conneries du genre ! Je ne te le pardonnerais pas !

L'information avait quelque peu de mal à passer. Cela me faisait bizarre. Je soutenais la communauté LGBT mais jamais je n'aurais soupçonner le maléfique Coru en faire parti.

- Je ne suis pas de ce genre, t'inquiète.

Ma réponse avait fait naître un petit sourire sur le visage de Morno et ses fossettes s'étaient creusées.

- Bon, assez parlé de sentiments !  Comment allez-vous vous y prendre pour récupérer la pierre ?
Anor et moi, nous nous regardâmes avec un haussement d'épaules. Mon ami fit simplement :

- On ira demain soir et puis... advienne que pourra.

Sa voix était craquelée. Je m'en voulais de le faire ainsi souffrir.  Étrangement, ma mort imminente ne m'effrayait plus. Après tout, ce n'était que fermer les yeux et partir.

Anor semblait beaucoup plus touché que moi. Ce qui était normal, dans la perte d'un proche, c'était son entourage qui souffrait.

Nous discutâmes encore un peu, puis Morno nous fit signe de le suivre. Il nous désigna la chambre d'amis, que nous allions occuper à deux, Anor sur le lit deux places et moi sur le canapé.
Il nous donna aussi des habits de rechanges qui, étonnamment, n'étaient pas trop grand. Je flottais  juste un peu dans le long t-shirt noir et puis j'avais dû ajuster le training avec une ceinture mais cela allait faire l'affaire. De toutes façons, j'allais récupérer mes affaires dès qu'elles sortiraient du lave-linge.

Quand j'eus fini de me changer, je sortis des toilettes dans lesquels j'étais allée me cacher et je revins dans le salon où était assis notre hébergeur. Hésitante, je fis quelques pas avant qu'il ne me voit et me fasse signe de m'asseoir. Je m'exécutais et restai silencieuse. Il finit d'écrire les quelques mots qu'ils rédigeait sur son portable et se redressa pour me regarder droit dans les yeux. Je manquai de faire un mouvement de recul mais j'étais comme paralysée.

- Ça va ? T'as pas l'air à l'aise ? s'inquiéta le garçon aux iris si perturbants.
- Non, non ça va, fis-je ou plutôt baragouinai-je.

Il hocha lentement la tête.

- Écoute... Comment dire cela ? 

Il resta silencieux quelques instants, me plongeant dans un suspens mêlé d'une certaine perplexité.

- J'ai beau ne pas voir Anor bien souvent, je le connais très bien. Normal, vu que c'est l'un de mes seuls amis ici. Et puis j'ai aussi une faculté à observer les émotions des gens. Rien de magique, j'observe juste. Enfin bref.

Je ne voyai pas exactement où il voulait en venir, alors je restai silencieuse  et j'attendis.

- Ce que je voulais dire, c'est que la lueur dans les yeux d'Anor quand il te regarde, je la connais. Et puis ton attitude aussi. Arrêtez de vous tourner autour comme ça. Va lui avouer. Profitez !

Je sentis le sang affluer dans mes joues et  je bégayai des paroles sans aucun  sens.
Et si ce qu'il me disait était vrai ? Mon coeur était affolé sans que je ne sache vraiment pourquoi.

- Que risques-tu ? Rien ! Je te promet que c'est réciproque.

Je restai cependant peu certaine.

- Si ce que tu dis est vrai, je serais comblée. Mais c'est pas aussi facile, finis-je par dire.

Il fronça les sourcils et demanda :

- Mais pourquoi ?

A contre-coeur, je me décidai à lui faire part de la prophétie :

- Parce que dans la prophétie de Valdëa,  il est dit que je ne survivrai pas. Je ne veux pas le blesser.

Le visage de mon interlocuteur s'affessa et il ne prononça qu'un mot :

- Merde.

Désolée pour ces retards. J'ai plus trop l'inspiration, ces temps et je crois que ça se sent.
Bref, j'étais inspirée aujourd'hui, j'ai fini ce chapitre qui traîne depuis une éternité. J'espère que vous l'aurez quand même apprécié.
Sur ce, à la prochaine !
( sûrement dans une année ou deux suivant mon taux de productivité )
Vous nem

[ARCHIVES] La quête de Valdëa Où les histoires vivent. Découvrez maintenant