Chapitre 32

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Quand je me réveillai, le lendemain matin, le lit était vide. Les draps, encore chauds, me retinrent quelques instants. Je ne cessai de penser à la soirée précédente. J'en voulais, étrangement à Anor. N'aurait-il pas pu me faire cette déclaration plus tôt ? Comment pourrais-je me concentrer sur notre mission, à présent ? Notre mission... Doux euphémisme...
J'avais oublié que cette journée était peut-être la dernière pour moi. Mon ardeur et mon entrain du jour précédente avaient disparus, et je souhaitais plus que tout rester dans tiédeur molle des duvets, qui respiraient encore l'odeur brûlante d'Anor. L'atmosphère voluptueuse fut vite rompue par l'arrivée de mon ami dans la chambre. Je rougis instantanément, et me rappelai alors que je n'étais pas sensée avoir entendu sa déclaration.

- Debout la marmotte ! s'écria-t-il en se jetant sur le lit à mes côtés.

Je poussai un grognement, et abattis mon oreiller sur ma tête.

- Ah non, tu te lèves ! s'exclama-t-il en arrachant mon coussin, et en m'ôtant les draps. Je me vis forcée de sortir du lit, avec regrets.
-Tu me le payeras, grommelai-je.

Dans la salle à manger, un déjeuner trônait, et je me précipitai, soulagée qu'il ne s'agît pas d'asperges. C'était de beaux pancakes, suintant de sirop d'érable. J'en raffolais.
- Dès que la nourriture est de mise, on est bien réveillée ! rit Morno, déjà assis à la table.
Je lui tirai la langue pour me concentrer sur mon repas.
Alors que j'engloutissai ma première part, Morno demanda :
- Vous avez un programme ?
- On va faire l'état des lieux aujourd'hui et on reviendra le soir, quand le musée aura fermé pour dérober la pierre, répondit Anor à ma place. Et ensuite... On verra bien. Il faudrait déjà ne pas se frotter aux hommes de Coru, et récupérer Valdëa, en étant sain et sauf.

J'hochai la tête.

- 'u 'eux m'asser le sirop 'érable ?
Anor soupira, une mine amusée inscrite sur son beau visage, et me passa ce que j'avais demandé. J'étais si absorbée par mes crêpes que je ne remarquai pas immédiatement le regard fixé de mon ami. Il me regardait. Je piquai un fard, et me concentrai de la nourriture.
Après ce copieux déjeuner, nous nous dirigeâmes vers notre chambre, pour nous préparer. Je m'enfermai dans les toilettes, pour me changer. Lorsque je ressortis, fraîche et habillée, je vis que mon ami était assis sur le lit, et son visage exprimait une tristesse à peine masquée. Je le rejoignais, mon être vibrant d'être près de lui.
- Ça va ? lui demandai-je doucement.
- Ouais... Ça va...

Mais je voyais bien que c'était un mensonge.
- Tu me mens, je le sais. Qu'est-ce qu'il y a ?
Il usa de ses dernières forces pour lancer une plaisanterie :
- Tu t'es découvert un pouvoir ? Lire dans les pensées ?
Je souris vaguement et passai mon bras autour de ses épaules.
- Je te jure que je resterai en vie.
- Ne fais pas de promesse que tu ne peux tenir. C'est à moi de te promettre de tout faire pour te protéger.
- Alors tu dois me promettre, que si... si je meurs...
Ma voix avait craqué, trahissant ma vive émotion. Je pris une grande inspiration et continuai :
- Tu dois me promettre que si je n'en sors pas vivante, tu ne t'en voudras pas.

- Je te le promet.

***

- Merci pour tout, Morno, fit mon ami en lui faisant une accolade.
- Mais de rien, ce fut un plaisir. Prend soin de toi, et faites gaffe.

Je m'approchai timidement pour l'encercler de mes bras fins, et le remercier. Mais je ne pus formuler un mot, ma gorge était nouée.
- Sauvez bien le monde, fit Morno avant que l'on embarque dans le taxi qui devait nous emmener au centre de la ville.
Nous partîmes en lui adressant un geste de la main.

- Il a l'air plutôt serein et calme pour dire qu'il nous voit peut-être pour la dernière fois, fis-je remarquer en attachant ma ceinture.
- Il y est habitué, je crois, répondit Anor avec détachement. Il a vécu des séparations bien pire, je pense.

Je brûlai d'envie de connaître les details, ma curiosité incurable reprenant le dessus mais je n'osai rompre le silence qui s'était installé dans le véhicule. Soudain, Anor se tourna vers moi et me dit d'un ton presque agressif :

- Iti, faut que je sois franc, et faut que ça soit réciproque.

Mon cœur rata un battement.

- Je sais que tu ne dormais pas hier. J'ai vérifié.

Je fermai les yeux, comme pour échapper à l'inévitable discussion qui allait se dérouler.

- Je ne t'ai pas lue, t'inquiète. C'est pas mon genre. J'ai juste usé de mon Don pour vérifier, débita-t-il alors que je respirai un bon coup.

Au moins, il n'avait pas découvert mes pensées...

- Maintenant, je souhaiterais savoir...

Il prit une grande inspiration pour se donner du courage et lâcha la question, comme avec lassitude.

- Pourquoi est-ce que tu fais semblant de l'ignorer ?

Je manquai d'air, j'étouffai dans ce taxi, sous le regard dur d'Anor.

- Parce que tu aurais pu juste te retourner, et me dire que t'étais désolée mais que c'était pas réciproque, continua-t-il en s'échauffant un peu. T'aurais pu me le dire, je me serais pris un râteau, mais rien de plus. Pourquoi ?

La question résonnait de douleur et d'incompréhension. Et moi, je me trouvai dans l'incapacité de lui répondre. Pourquoi régler cela maintenant ? J'étais dans mes dernières heures de vie, peut-être et je ne voulais pas discuter de cela. Je voulais profiter des derniers instants avec mon ami.

- Ouais, d'accord. J'ai compris, finit par cracher le jeune garçon avec véhémence.

- Parce que je t'aime aussi ! M'écriai-je enfin, comme dans un dernier souffle.

Un silence de mort se fit, et je baissai mes yeux embués pour ne pas voir ceux d'Anor.

- Parce que je t'aime mais que je ne veux pas régler ça maintenant. Parce que je ne veux pas te faire souffrir encore plus si je ne m'en sors pas. Parce que j'aurais voulu régler ça avant, ou ne jamais être au courant pour ne pas regretter de n'en avoir pas profiter, finis-je avec douleur.

Sans un mot, Anor se pencha vers moi et déposa sur mes lèvres un baiser, rapide mais doux. Je restai un peu sous le choc, et ne dis rien. Ce fut Anor qui plaisanta :

- J'aurais préféré que notre premier baiser soit dans un endroit plus romantique que l'arrière d'un taxi.





GNé plonk bla

Vouala, enfin après 30 chapitres, les shippers Ithilnor ont eu ce qu'ils voulaient.
Pardon je fan girl moi-même.
Le problème avec ce ship, c'est que je ne les vois qu'en relation platonique si vous voyez ce que je veux dire. J'AI DE LA PEINE À ÉCRIRE LES SCÈNES D'AMOUR ENTRE CES DEUX MWA

Enfin bref.
Bientôt la fin, peut-être un peu plus que 3 chapitres, la divine inspiration m'étant tombée dessus mais bref.
J'espère que l'histoire vous plait toujours autant et puis gros câlin à tous et à toutes !

[ARCHIVES] La quête de Valdëa Où les histoires vivent. Découvrez maintenant