J'étais debout, plantée devant mon miroir, et je me demandais si il fallait plutôt que je mette autre chose que cette robe blanche, ni trop longue, ni trop courte, du style été; ou plutôt m'habiller simplement comme d'habitude. J'optai pour la robe. C'était la rentrée et je devais faire une "bonne première impression" comme on dit. Remarque avec la tête que j'avais, je n'avais jamais fait une bonne première impression de ma vie.
"Tu veux que je te dépose? me demanda mon père en entrant dans ma chambre."
Je repensai au vieux 4x4 pourri, rouge et sale qu'avait mon père. Je pense qu'il serait préférable que j'y aille en bus. Même si je détestais vraiment prendre le bus.
Je sortis enfin de chez moi. Je vivais dans un petit quartier sympa à côté de Toulouse et nous avions la maison la plus pauvre et la plus délabrée de tout le quartier. D'ailleurs, pour couronner le tout, la maison qui était en face de chez moi était carrément une villa. C'était LA villa du quartier. Et dedans se cachait un garçon que je haïssais tout particulièrement: Colin. Colin Dawson. Et comme chaque matin, à chaque fois que j'ouvrais ma porte, je le voyais sortir de derrière son grand portail électrique de couleur bleu ciel. Je soupirai car rien que le fait de le voir, même loin, me dégoûtait. On marchait chacun sur notre trottoir, moi l'ignorant, lui m'ignorant tout autant avec ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles. Mais malheureusement, arrivée au bout de la rue, je dû traverser, l'arrêt de bus se trouvant juste en face du passage piéton. Et comme chaque fois depuis maintenant six ans, il levait enfin les yeux sur moi pour me regarder de la tête au pieds, de son regard méprisant de bourge. Sauf que cette fois-ci, bizarrement, ce fût un autre regard. Je ne saurais dire si c'était parce que j'avais mis une robe... ou si il ne m'avait pas reconnu. Il fixait mes jambes, je me sentais bizarre. Puis son regard croisa enfin le mien. C'était un regard profond, transperçant, il ne m'avait jamais regardé ainsi, c'était la première fois qu'il me regardait "gentiment". Je me mis debout à côté du banc car je n'avais aucune envie de m'asseoir à côté de lui. Je me sentis observée alors je tournai la tête vers lui. Il me regardait. Je fus carrément déstabilisée.
"Tu devrais mettre des robes plus souvent. me dit-il soudain."
Je tournai la tête gênée. Je crois que j'avais rougis, comme une idiote. Etait-ce bien un compliment qu'il venait de me faire? Le bus arriva enfin. Je le laissai monter en premier car j'avais vraiment trop honte de me sentir observée de cette façon.
Colin et moi, on ne s'était plus adressé la parole depuis la 3ème. Moi, Axelle, que tout le monde, ou presque, appelle Axe, j'ai emménagé ici exactement le même jour que Colin avait emménagé en face. Je rentrais en sixième tout comme lui. Sauf que pour moi c'était difficile. Ma mère était morte alors qu'elle devait donner naissance à mon petit frère. Alors je me retrouvai seule avec mon père. Mon père travaillait dans un vieux bar à côté de mon lycée où presque personne n'allait. Bien-sûr ce bar rapportait très peu et mon père avait énormément de dettes. Il devait s'occuper de sa mère qui se trouvait dans un asile depuis maintenant quelques années. Et cet asile était de toute évidence, très cher.
Avant, quand j'étais plus jeune, j'étais amoureuse de Colin, dès le premier regard, dès notre premier échange. Et lui il se moquait complètement de moi, il se comportait toujours comme s'il se sentait supérieur à tout et à tout le monde. De toute manière il n'a jamais vraiment su pourquoi je l'aimais. Ou du moins, il s'en fichait totalement. Malheureusement avant, je n'avais aucune idée de ce que c'était d'aimer quelqu'un et de faire les choses correctement. Alors je retournais lui parler tous les jours. Jusqu'à ce qu'il me brise le coeur. C'est peut-être ridicule, mais lorsqu'il m'avait dit, devant tout le monde: "Arrête de me coller, t'es pas du tout mon style et en plus t'es pauvre.", ma vie avait radicalement changée. Tout comme mon regard sur lui. J'étais passée, en une fraction de seconde, d'un amour profond à une haine extrême. Mes intentions envers lui étaient si pures, mais les siennes si cruelles... Je m'étais promis de ne plus jamais ressentir quoi que ce soit pour lui, pas même de la pitié.
Dans le bus, comme je le redoutais, comme à chaque rentrée, c'était remplie. J'avais deux solutions: m'asseoir à côté du bourge, ou m'asseoir à côté du mec le plus bizarre du lycée. Je regardai Colin qui me regardait avec un sourire jusqu'aux oreilles. Je choisis le mec bizarre. Je sentis encore le regard de Colin sur moi. J'avais tellement honte que mon corps entier brûlait. Le trajet jusqu'au lycée fut le pire de toute ma vie. Arrivée, je m'empressai de descendre. Malheureusement, je fis tomber ma carte de bus tellement mes mains tremblaient à cause du stress. Je me retournai pour la ramasser mais Colin l'avait déjà fait à ma place.
"T'es vraiment pas douée dis donc. dit-il sur son ton moqueur et amusé.
- Euh...
- Tu la veux ta carte? me demanda t'il.
- Donne la moi. dis-je froidement."
Il souleva les sourcils face à la manière dont je lui avait parlé.
"Aller donne la moi. répétai-je.
- Je te la donne à une condition! dit-il avec son sourire de mec lourd.
- Bon arrêtes de faire l'imbécile, rends la moi! m'énervai-je en tentant de la prendre de ses mains."
Cela l'amusait.
Mon regard vira au noir, comme si le diable s'était incarné en moi. Furieuse, je fis demi-tour et rentrai dans le bâtiment avant que je le tue. Je me dirigeai vers les casiers car j'étais sûre que Marie, ma meilleure amie, était là bas. Je l'aperçue au loin. Elle était avec Coralie et Maelle, mes deux autres meilleures amies. Elles vinrent toutes les quatre me sauter dessus, comme si nous avions été séparées pendant dix ans. Elles me racontèrent leur vie, leurs incroyables aventures d'été, mais moi j'étais sur les nerfs.Marie le remarqua, alors je lui racontai ce qu'il venait de se passer avec Colin. Il apparut au bout du couloir avec sa bande de potes tous aussi débiles les uns que les autres: Aurélien, Mehdi, Leo, Franck, Lucas et Greg. Ils traversèrent le couloir, tel des rois. Mais en vrai, si on leur retire leur vêtements à 400 balles ils n'étaient rien, ils n'avaient aucun intérêt. Je ne pouvais pas dire qu'ils étaient moches, au contraire, ils étaient très beaux, très attirants. Mais à l'intérieur on ne pouvait pas trouver plus pathétiques, ils faisaient pitié. Colin tourna les yeux vers moi et me fit le geste de "sucer" avec sa main. Je lui lançai un regard noir puis lui tournai le dos. Comme à son habitude, Mehdi, le plus stupide de la bande, commençait à chanter du snoopdog en passant devant Marie, tout simplement parce qu'elle était métisse et qu'elle avait des Braids. Il s'est pas vu lui avec ses cheveux de moutons.
"Ignore le. dis-je à Marie.
- Je ne fais que ça. me répondit elle."
Ce qui me fit sourire. Mais je ne souris pas longtemps car la sonnerie retentit et j'étais dans la même classe qu'Aurélien. En Terminale L. Tout comme Marie et Maelle d'ailleurs. Colin lui était en ES ainsi que Franck et Mehdi, puis le reste de leur bande étaient en S. Je trouvais qu'Aurélien c'était le plus gentil de tous. C'était le plus beau de notre classe d'ailleurs, constituée de neuf filles et cinq garçons. Il était grand, autour de 1 mètre 82, brun les cheveux légèrement bouclés devant descendant sur son front, les yeux bruns. C'était le seul avec cette coiffure bizarre mais ça lui donnait un charme de fou. Pour moi, il pouvait bénéficier d'un peu plus de gentillesse de ma part. D'autant plus qu'il était très intelligent. Ce serait le mec idéal. Mais tout comme les autres membres de son troupeau, il est riche et obsédé par les vêtements et les chaussures hors de prix dans le seul but de se donner une image. Pendant que j'étais en admiration devant cette chose hors du commun, il se dirigea vers moi alors qu'on attendait patiemment notre prof principale devant la salle. Je commençai immédiatement à paniquer car plus timide que moi il n'y avait pas.
"J'ai un message de la part de Colin. me dit-il une fois en face de moi."
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Just be yourself
RomanceNous devenons ce que nous choisissons, mais on ne fait pas toujours les bons choix.