Chapitre 75 : Avoir des amis

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POINT DE VUE CORALIE

Assise dans ma chambre, le regard vers la fenêtre, les paroles de Greg tournaient en rond dans ma tête. Il pleuvait, j'étais seule et l'atmosphère était d'un calme plat. Je savais qu'il avait raison. Selon lui, je devais continuer à être forte et courageuse, ne jamais baisser les bras, de continuer à y croire. Je prie conscience de plusieurs choses en discutant avec lui au café. J'avais écouté avec attention tout ce qu'il avait à me dire mais malgré ça... je ressentais cette douleur immense dans ma poitrine, une douleur invisible mais dévastatrice à l'intérieur de soi. Depuis toutes ces années, j'ai continué à avancer, je n'ai jamais voulu voir la vérité en face et accepter la réalité. La solitude me faisait si peur mais elle était tout le temps là à mes côtés. Mais aujourd'hui, c'était comme si je n'avais plus la force de quoi que ce soit. Chaque visage qui apparaît me semble lointain. Chaque route est semée d'embuches. Comment pourrais-je changer? Ce mal en moi s'est installé bien trop profondément, je ne peux plus m'en débarrasser. Pourtant... j'aimerais.

Lorsque je regarde mon grand-frère, je ne peux pas m'empêcher de l'envier. Depuis petits, c'est toujours moi qui m'occupait de lui et non le contraire. Je jouais le rôle de la grande-soeur car aux yeux de tous, j'étais la plus forte, la plus mature, la plus capable de m'adapter à n'importe quelle situation. Mes parents le réconfortaient tout le temps, alors que moi, on ne m'a jamais montré aucune marque d'amour et de tendresse, comme si ils estimaient que je n'en avais jamais besoin. Mais en grandissant, Mathis s'est fait pleins d'amis, il est devenu beaucoup moins faible et accepté et aimé de tous alors que moi... je n'ai fait que semblant d'aller bien. J'étais seule et mise de côté. J'ai toujours essayé de m'intégrer, de faire comme tout le monde, d'être gentille avec tout le monde. Pourquoi m'a-t-on toujours tourné le dos? Qu'ai-je donc fait pour mériter toute cette souffrance? Aujourd'hui je me rend compte que je n'ai aucuns liens avec qui que ce soit. Je n'ai personne. J'ai toujours pensé que j'en avais, que j'avais des amis, que les gens me suivaient, m'aimaient, que j'étais meilleure que tout le monde et que rien ne pouvait me faire peur... mais c'était faux, totalement faux!

Les larmes qui inondaient mes joues ne pouvaient plus s'arrêter de couler. À cet instant, j'aurais souhaité disparaître à tout jamais. La douleur que je ressentais m'était insupportable. Je ne pus sortir de ma chambre, et je ne pus fermer l'oeil de la nuit. Je ne m'étais jamais sentie aussi mal de toute ma vie. Un lourd désespoir m'envahissait, et j'avais peur de ne plus pouvoir en sortir.

Le moment, j'eue bien du mal à aller en cours. Ce poids sur mon coeur me rendait si fragile, tout autour de moi me donnait envie de pleurer. Je ne voulais voir personne, ne parler à personne. Mais je n'avais pas le choix... En fait si! Je fis immédiatement demi-tour et je rentrai chez moi. Je ne pouvais pas y aller, il fallait que je m'accorde un peu de répit.


POINT DE VUE GREG

J'attendais l'arrivée de Coralie, j'étais étonnamment très impatient de la revoir après notre discussion au café. Je voulais m'assurer que mes paroles l'avaient aidé à aller mieux. Je voulais la revoir sourire comme avant. Malheureusement, lorsque le professeur commença le cours, elle n'était pas présente. Pareil pour le cours suivant, et tous les autres de la journée. J'étais alors inquiet, je me posais beaucoup de questions. Était-elle tombée malade? Sans doute.

Le jour suivant, elle ne vint pas non plus. Ça me faisait bizarre de ne pas la voir en cours. J'avais l'habitude de sa présence toujours tout prêt de la mienne, c'est vrai, en réalité, nous n'avons jamais été bien loin l'un de l'autre. Dans le fond... j'ai toujours gardé un oeil sur elle même si elle ne s'en ait jamais rendue compte. Moi aussi je souffrais au fond de moi, j'avais l'impression que nous étions liés, c'était un sentiment étrange qui naissait en moi. Coralie, je te protégerai quoi qu'il arrive. Je t'en fais la promesse.

Le troisième jour d'absence, je commençai à hésiter à aller sonner chez elle. J'y suis allé après les cours mais je me suis dégonflé et j'ai fais demi-tour. Je ne voulais pas la déranger. J'étais perturbé. Et si je l'appelais? Mauvais idée, on ne s'était jamais appelé elle ne décrocherait même pas.

Le quatrième jour, je décidai d'aller parler à Marie. Elle attendait à l'arrêt de bus en face du lycée pour rentrer chez elle. Je me dépêchai de la rejoindre.

"Dis-moi, tu sais quelque chose à propos des absences de Coralie? Lui demandai-je.

- Non pas vraiment, elle est malade d'après ce que m'a dit Mathis.

- Elle ne t'a pas envoyé de messages?

- Non, elle ne répond ni aux messages, ni aux appels.

- Ça ne t'inquiètes pas?

- Bah... si elle avait quelque chose de grave son frère me l'aurait dit alors non ça va je ne suis pas trop inquiète. Pourquoi? Tu es inquiet toi? Me demanda-t-elle d'un air un peu surpris."

J'étais énervé au fond de moi. Elle n'en avait rien à faire de Coralie.

"Merci quand-même, salut. Dis-je froidement.

- Mais..."

Je partis direction le centre-ville perdu dans mes pensées. Je ne savais pas quoi faire. Et si je ne pouvais rien pour elle? Peut-être que je l'ennuyais plus qu'autre chose, pourquoi je pourrais réussir à l'aider? Il lui fallait des amies... Mais... elles ne semblaient pas se préoccuper d'elle alors que faire?

Je cessai de réfléchir plus longtemps et me rendis chez Coralie.

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