Chapitre 65: Dispersion

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POINT DE VUE CORALIE

Cela faisait un bon bou de temps que je ne m'étais pas sentie si impuissante face aux choses qu'im m'entouraient. J'ai toujours eu l'habitude d'être forte, prendre les choses comme elles venaient et ne jamais me laisser atteindre par quoi que ce soit. Ce trait de caractère, c'était ma fierté, mais désormais je n'en étais plus très fière, j'avais l'impression que tout me filaient entre les doigts, comme si cette force en moi n'avait plus aucune valeur aux yeux des autres. 

Avant, lorsque tout allait bien, lorsque nous étions encore cette bande de copines qui s'en foutaient de tout et de tout le monde, c'était moi la chef du groupe en quelque sorte. Je décidais de tout, je pouvais les convaincre à faire n'importe quoi, et elles me suivaient toujours. Et en échange je leur donnais toute ma loyauté et toute ma sincérité sans jamais le leur montrer ouvertement. Pourtant, au fond de moi je les aimais toutes.

Mais malheureusement, les choses avaient beaucoup changées depuis le début de l'année. C'était comme si... plus personne n'avait besoin de moi. Elles faisaient chacune leurs affaires de leur côté, et moi, j'étais seule au final, je n'avais plus personne. Axelle avait finit par s'assumer et s'était éloignée de nous, elle devait sûrement nous détester. Maëlle semblait vivre une histoire d'amour palpitante avec Léo, et elle aussi elle s'était éloignée. Elle préférait traîner avec Greg, Mehdi, Louis... Elle ne nous trouvait peut-être plus intéressant. Quant à Marie, elle avait l'air de me cacher tellement de choses. Je ne la comprenais jamais, tout ce qu'elle faisait après les cours était si secret, et ne m'avait jamais rien dit. Elle ne m'avait même pas dit qu'elle sortait avec mon frère alors... Sinon, Alyssa était toujours là mais elle s'était beaucoup plus liée d'amitié avec les garçons, surtout qu'elle ne se décollait plus d'Aurélien.

En clair, nous nous nous étions tous dispersés, et moi je ne savais plus où était ma place. Lundi matin, je marchais en direction du lycée, perdue dans mes pensées. Je rejoignis le groupe des garçons rassemblés près des casiers comme chaque matin. Non loin, le groupe de Mehdi et des autres discutaient entre eux. Je les fixai longuement. J'avais tant envie d'aller avec eux et retrouver mes copines, comme avant. 

"Qui te regarde comme ça? Me fit sursauter Marie qui venait d'arriver derrière moi."

Elle suivit mon regard.

"Ah, cette bande de ploucs. Dit-elle."

Je tournai la tête face à elle. Elle ne pouvait décidément pas s'empêcher de les insulter. Mais je savais pertinemment qu'elle ne pensait pas un mot de ce qu'elle disait. Elle avait juste beaucoup trop de fierté pour montrer ses réels sentiments. Ou peut-être était-ce une protection?

En cours, j'étais dans la classe de Greg, Léo et Alyssa. Et durant notre cours de chimie, mon binôme avait souvent été Greg. Alors nous avions l'habitude de nous mettre ensemble. Ça me convenait parfaitement car nous nous parlions presque pas, on se contentait de faire le travail le plus sérieusement possible. D'ailleurs, à deux nous avions toujours la meilleure note. Et pour moi c'était super important. Mais bizarrement, aujourd'hui je n'arrivais pas vraiment à me concentrer, j'étais sur les nerfs. 

"Qu'est-ce que tu fais? Ce n'est pas celle là qu'il faut mettre. Me dit-il alors que j'étais perdue dans mes pensées.

- Ah oui, désolée."

Je sentie qu'il m'observait du coin de l'oeil. Il finit par se lever et me prendre le matériel des mains pour le faire à ma place. 

"Remplie plutôt la feuille. Me dit-il."

Je m'assis donc à sa place et laissai échapper un long soupir.

"J'avoue que ça m'étonne un peu que tu sois si peu motivée, t'as quoi aujourd'hui? Me demanda-t-il."

Je fus surprise qu'il s'intéresse à moi de cette manière, je ne trouvai pas les mots. Voyant que je ne répondais pas, il tourna la tête vers moi. Je rougis, c'était bien la première fois que je rougissais pour rien. Il laissa échapper un rire léger.

"Bon, ok, disons que ce n'est pas ton jour. Ça arrive. Dit-il.

- Oui..."

Ce fût le seul mot qui parvint à s'échapper de ma bouche. Il sourit à nouveau. Je ne pus m'empêcher de l'observer discrètement du coin de l'oeil à mon tour. 

"Je vais tenter d'être aussi bon que toi mais je ne garantie rien alors si on n'a pas la meilleure note tu m'en voudras pas j'espère. Me dit-il. 

- Oh euh..."

Merde Coralie ressaisit toi bordel!

"Donne, je vais le faire t'inquiètes pas.

- Je vois que tu as confiance en mes capacités.

- Non mais je...

- Je rigole, tiens, fais toi plaisir."

On échangea de place à nouveau. Je me concentrai du mieux que possible. 

En sortant de ce cours, je ne pus m'empêcher de me sentir vraiment idiote. Mais c'était bien la première fois que je trouvais Greg gentil alors... Et puis il n'adressait pas souvent la parole aux gens, je devais sans doute me sentir privilégiée. Une fois avoir rejoint les autres, je m'assis sur le muret un peu à l'écart. J'aperçue Greg et Axelle discuter sur un banc en face en attendant sûrement que Mehdi et le reste de leur nouvelle petite bande vienne les rejoindre. 

Il me surpris en train de les fixer alors je détournai rapidement le regard. Mais après ça, je ne pouvais pas m'empêcher de recommencer. Son regard était si intense, si noir, si perturbant, si sex...

"Tu les fixes encore? Qu'est-ce que tu leur veux? Me surpris à nouveau Marie.

- Je ne les fixe pas.

- Hum, t'es vraiment bizarre aujourd'hui toi. 

- Pas du tout. 

- Si tu le dis. Dit-elle en soulevant les épaules."

Au cours suivant, je me retrouvai assise juste devant Greg. Ça ne m'avait jamais angoissé auparavant. Rien ne m'avait jamais angoissé à vrai dire, et surtout pas un garçon. 

La journée passa lentement et j'en fus épuisée. J'avais eu l'impression de me rendre compte soudainement que Greg était partout là où j'étais aussi. C'était vraiment bizarre. 

"Coralie? Pourquoi tu fixais Axelle comme ça? Me demanda-t-il alors que nous marchions tout droit vers la sortie du lycée.

- Je ne fixais pas Axelle.

- C'est moi que tu fixais? Demanda-t-il d'un air surpris.

- Non plus! Bouge de là espèce d'idiot."

Je le dépassai et m'en allai d'un pas rapide. Je détestais cette sensation d'être "faible".

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