chapitre 7

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- Et avec Bryan ? demandai-je, plus concentrée sur mon lissage de cheveux que sur les paroles qui sortaient de ma propre bouche.

- Il ne m'a pas donné de nouvelle de l'été, me répondit June d'un ton outré. Mais j'ai rencontré un bel espagnol qui me l'a vite fait oublié.

Mes sourcils se froncèrent, et dès que la mèche que j'étais en train de lisser fût comme je le souhaitais, je me tournais vers l'écran de mon ordinateur, d'où je voyais ma cousine grâce à un appel vidéo que nous avions entamé une heure plus tôt. La petite brunette avait de larges cernes sous les yeux, et pour cause ; cela faisait déjà plusieurs heures que nous parlions de tout et de rien. Or, s'il était seulement dix heures du soir à Los Angeles, il était en réalité presque sept heures du matin à Paris, et la jeune femme avait fait une nuit blanche, juste pour me parler - chose que je trouvais absolument adorable.

- Comment tu peux oublier le sois-disant "homme de ta vie" en seulement un mois ? demandai-je accusatrice envers le cœur d'artichaut qu'elle était.

- Hep, je t'interdis de me juger comme ça, fit-elle boudeuse. Lui aussi ne m'a pas parlé de l'été. Et puis, si tu avais vu le dos musclé d'Esteban, tu aurais compris.

A ces mots, elle souffla, faussement exaspérée, alors qu'en réalité, c'était moi qui l'étais. Elle m'avait bassiné pendant des mois avec ce fameux Bryan, ayant prétexté avoir le coup de foudre pour lui - chose que je trouvais ridicule, surtout alors que nous n'étions encore que des lycéennes - et j'avais du mal à croire qu'elle l'ait oublié si vite. Je levai les yeux au ciel, et je me concentrai à nouveau sur le reflet que me renvoyai mon miroir afin de lisser la dernière mèche qui semblait vouloir se rebeller.

- Pour qui tu te fais belle, rappelle moi ? me demanda-t-elle en baillant.

- Chiara veut sortir en boîte, soupirai-je en posant mon lisseur brûlant après l'avoir éteint, avant de finalement m'attacher les cheveux en demi-queue de cheval. Elle a envie de décompresser. Elle a sois-disant eu une semaine stressante au travail.

- Je croyais qu'elle faisait le job de ses rêves, non ?

- Tu connais ma sœur, soupirai-je en repassant sur mon trait de liner afin de l'arranger.

- Qui, me connaît ? me demanda Chiara en débarquant dans ma chambre, habillée d'une magnifique robe noire que je me promis de lui voler un de ces jours.

Les deux jeunes femmes commencèrent alors à discuter, puisqu'elles s'entendaient aussi toutes les deux très bien même si elles ne s'étaient probablement pas reparlés depuis le départ de Chiara. J'en profitai donc pour me lever afin d'aller me changer, remplacement mon leggings noir et mon tee-shirt d'un vieux groupe de rock contre une combinaison-short blanche sans bretelle et à manche longue, dénudant entièrement mes épaules. Je la trouvais un peu courte, alors je ne pouvais pas m'empêcher de tirer dessus, mais je la trouvai tout de même magnifique, beaucoup trop pour refuser de la porter. J'avais tout de même réussi à négocier avec ma sœur pour ne pas porter des talons. Je me retrouvais donc avec de magnifiques sandales en cuir, qui n'étaient, certes, pas aussi confortable que mes converses, mais qui avaient au moins le mérite d'être plates, elles.

Nous raccrochâmes avec June au moment de partir de l'appartement, ce qui devait bien l'arranger puisqu'elle avait l'air totalement épuisée. Je savais qu'elle m'emmenait à nouveau dans la boîte en bord de plage, où nous nous étions rendus la dernière fois, et que nous y rejoindrions sûrement certaines de ses amies, mais cela ne me dérangeait pas. Pour une fois, je me sentais assez sociable, et, même si je n'étais toujours pas fan des boîtes de nuits, je voulais au moins faire un effort, qui m'hébergeait tout de même. Nous avions passé le week-end ensemble, et je comptais faire en sorte que cela continue, puisque, si j'étais venue ici pour m'éloigner de l'ambiance étouffante de Paris, c'était aussi pour profiter du pilier qu'elle était dans ma vie.
Nous arrivâmes au bout d'une vingtaine de minutes, et la boîte semblait encore plus peuplée que la dernière fois que nous nous y étions rendus. Encore une fois, nous n'eûmes aucun mal à y rentrer, et nous nous dirigeâmes directement vers le bar, où nous retrouvâmes bien vite les quelques amies dont ma sœur m'avait parlé. Je ne retins le nom d'aucunes d'entre elles, puisqu'elles parlaient de toutes façon presque toutes anglais, sauf Clara, la grande rousse que j'avais rencontré rapidement la dernière fois. Malgré le fait que leurs prénoms m'échappaient, la barrière de la langue ne fût absolument pas un obstacle, puisque, ayant suivies des études littéraires, j'avais aussi dû m'habituer aux nombreux cours d'anglais, ce qui était loin de m'avoir déplu, bien au contraire. Alors que je sirotai mon mojito, en écoutant d'une oreille distraite ma sœur et une jolie fille asiatique parler chaussures, mon portable vibra sur le bar.

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