Je compris bien rapidement que s'il se trouvait sur le trottoir, juste en dessous de mon balcon, ce n'était pas pour rejouer une scène de Roméo et Juliette. Je lui fis donc un petit sourire pour lui faire comprendre que j'arrivais, et je rentrais de nouveau dans l'appartement. J'enfilais rapidement ma paire de converse et une veste à capuche simple, avant de finalement refermer la porte d'entrée à clef derrière moi et descendre jusqu'au rez-de-chaussée. L'air un peu frais de la rue me fit frissonner quand je rejoignis le jeune homme. Je me plantais devant lui, qui était toujours adossé au lampadaire, et nous nous fixâmes quelques instants dans le silence.
Je ne savais pas vraiment comment agir. Devais-je m'excuser d'être partie comme une voleuse ce matin ? Ou au contraire, devais-je éviter d'aborder le sujet de la soirée de la veille ? Le pire, c'est que, si j'arrivais un peu à apercevoir ses yeux, je n'arrivais pas à lire dedans pour autant, et je trouvais cela assez frustrant.- Qu'est-ce-que tu fais là ? demandai-je alors en plissant les yeux et en penchant ma tête sur le côté, prenant un air curieux quant à sa présence devant l'appartement de ma sœur.
Il ne me répondit pas. Il se contenta de hausser les épaules, apparemment perplexe. Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander s'il m'en voulait d'être partie sans le prévenir ce matin. J'hésitai d'ailleurs carrément à lui poser franchement la question. Je fis alors quelque chose qui nous surpris tout les deux, puisque je me mis sur la pointe des pieds, et que j'attrapais sa casquette par la visière avant de la lui enlever pour la poser sur ma tête. Il passa sa main dans ses cheveux bruns en bataille, et fronça les sourcils.
- Ça me rappelle un truc, fit-il avec un sourire en coin en faisant référence à la fois où il m'avait proposé un faux rencard, et que j'avais pris sa casquette - que je lui avais rendu depuis bien longtemps. Pourquoi t'as fais ça ?
- Je sais pas, répondis-je en haussant les épaules à mon tour. Je n'aime pas ne pas voir les yeux des gens avec qui je parle, ça me frustre. Surtout les tiens.
Un sourire s'afficha alors sur son visage, et il laissa sa casquette sur mon crâne, avant de finalement passer son bras autour de mon cou quand nous commençâmes à marcher. Comme si c'était naturel, nous nous étions diriger vers la promenade qui commençait à quelques rues de là, celle où nous nous rendions presque tout le temps. Pendant un bon moment, nous restâmes silencieux, du moins, jusqu'à ce que l'on arrive à destination.
Ce soir là, il y avait étrangement du monde sur la promenade. Des couples, en train de marcher, main dans la main. Des bandes de jeunes, en train de remuer la tête sur la musique qui se faisait entendre de leurs enceintes. Des personnes âgées, seules, la plupart du temps. Ils marchaient tous dans le sens inverse du notre, alors, j'en déduisis qu'il devait sûrement y avoir quelque chose à l'autre bout, un évènement, comme une mini-fête. D'ailleurs, même de là où nous nous trouvions, nous entendions de la musique au loin. Ce fût Sneaz qui prit la parole le premier, brisant le silence qui s'était installé entre nous depuis que nous avions quitté l'appartement.- Alors, tu vas m'expliquer ?
- De quoi ? fis-je innocemment alors qu'en réalité, je savais très bien où est-ce qu'il voulait en venir.
- Pourquoi quand je me suis réveillé, t'étais plus là ? supposa-t-il sur le même ton que moi.
Je fis une petite grimace en entendant ces paroles, même si je savais en réalité que j'aurais dû affronter cette conversation à un moment ou à un autre. J'aurais préféré que ça ne soit pas le cas. je manquais vraiment de courage dans ce genre de situation.
- Je sais pas, soupirai-je. Je suppose que je ne voulais pas avoir cette conversation.
- Quelle conversation ? fit le brun les sourcils froncés. Tu crois que je vais te dire quoi ?
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All of the Stars
FanfictionNora, une jeune femme de dix-neuf ans, passionnée par les livres et la poésie, ne s'est jamais remise du décès de son père. Quand elle débarque chez sa sœur pour prendre des vacances loin de son quotidien parisien, elle ne sait pas encore qu'elle va...