chapitre 13

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- Tu veux tirer ? me demanda Doums en me tendant le joint qu'il tenait entre les doigts.

Je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils face à cette proposition ,me demandant sincèrement s'il était sérieux ou s'il se moquait de moi. J'attendais qu'il se mette à rire, mais ce ne fût même pas le cas. Il semblait plus que sérieux, et cela me fit lever les yeux au ciel.

- Non, grommelai-je, ça m'intéresse pas.

Il le savait pourtant. D'ailleurs, ils fumaient tous plus ou moins dans leur bande, d'après ce que j'avais pu voir - hormis Sneaz - et j'avais du mal à comprendre pourquoi. Antoine et Benjamin, ceux qui fumaient le moins, m'avaient dit que pour eux, c'étaient simplement une façon de s'échapper, ou de se détendre de temps en temps. Je n'avais pas demandé à Ken, mais Doums était probablement le pire d'entre eux, puisqu'il avait toujours quelque chose à fumer entre les doigts.

- T'as raison, se contenta-t-il de répondre en replaçant le petit objet entre ses lèvres.

- Pourquoi tu le fais, alors, si j'ai raison ? demandai-je en fronçant les sourcils.

Face à cette question, le jeune homme haussa les épaules, et, comme pour se moquer de moi, même si, en réalité, il ne dût même pas s'en rendre compte, il tira une bouffée sur son joint et recracha lentement la fumée blanchâtre. Quelques instants s'écoulèrent durant lesquels il sembla chercher une réponse, et, puisqu'il n'avait pas l'air d'en trouver, je repris la parole.

- Tu feras comment, quand tu seras marié ? rajoutai-je avec un sourire en coin.

Après tout, Doums était le plus vieux de la bande. Il approchait dangereusement de la trentaine, même s'il faisait beaucoup moins, aussi bien physiquement que mentalement.

- J'le suis déjà, fit-il en me montrant son joint, chose qui me fit lever les yeux au ciel.

- A la drogue ?

- Et à la liberté, ajouta-t-il soudainement sérieux. C'est bien mieux que l'amour et le mariage, crois moi petite !

Je lui lançai un regard noir, auquel il me répondit par une petite tape sur l'épaule, parce qu'il savait que ce surnom m'agaçait en quelque sorte. Pas sûre de comprendre les paroles du jeune homme, mes sourcils se froncèrent et je posai à nouveau mon regard sur lui, faisant tout de même attention de ne bousculer personne, chose qui n'était pas facile quand on ne regardait pas vraiment où l'on allait.

- Donc quoi, amour et liberté, c'est pas compatible d'après toi ? demandai-je curieuse.

Il me fit non de la tête, et ceci m'étonna, et je me retins de lui mettre une tape derrière la tête pour dire de telles absurdités, surtout quand un petit garçon en train de courir passa entre nous, nous évitant de justesse.

- Tu ne peux pas dire ça, m'exclamai-je alors, outrée par de telles paroles, alors que je savais pourtant qu'il n'était pas la seule personne au monde à penser ainsi.

- Pourquoi ? fit-il les sourcils froncés. Tu sais très bien que c'est vrai ! Que tu le veuille ou non, dès que tu as prononcé les trois petits mots qui fâchent, tu te retrouve toujours enchaîné, d'une manière ou d'une autre.

- Non, le contre-dis-je en croisant mes bras sur ma poitrine. " Je t'aime " ce n'est pas une promesse, sauf si tu veux que ça en soit une. Et ça ne veut pas non plus dire " Marions nous, adoptons deux chiens, un chat et trois poissons rouges. Ayons trois enfants, deux garçons et une fille. Habitons dans une petite maison parfaite. Dormons côte à côte toutes les nuits de notre vie ", à moins que tu ai envie que ça ait ce sens là. C'est toi qui donne le sens à ces trois mots, pas la personne en face de toi.

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