All of the Stars

chapitre 22

Je ne la reconnus pas de suite. C'était normal après tout. Je n'avais jamais vu son visage de très près, ou en très bonne qualité. De plus, vu qu'elle me tournait le dos, étant accroché au cou de Sneaz, cela ne me facilitait pas la tâche. Le jeune homme, lui, s'était figé. Totalement. On aurait presque dit qu'il était devenu plus pâle, à croire qu'il avait vu un fantôme. Il ne rendit pas son étreinte à l'inconnue, mais il la repoussa pas non plus. Son regard semblait vide, posé sur l'énorme tâche qui ornait à présent mon tee-shirt gris clair, puisque la brune m'avait renversé mon verre dessus en me bousculant légèrement. Je ne pus même pas réagir face à ça, figée, moi aussi par la situation, ne quittant pas le visage du brun des yeux.
Cette scène ne dura que quelques secondes, pourtant, j'avais l'impression qu'elle s'éternisait, de façon bien trop importante pour que ça en soit agréable. Au bout de quelques instants, la brune se tourna vers moi, remarquant sûrement à peine ma présence. Elle n'avait lâché le jeune homme que d'un bras, se tenant toujours collée à lui d'une façon qui ne me laissait aucun doute sur leur relation, même si une part de moi se voilait encore la face.

- Oh merde, s'exclama-t-elle en posant les yeux sur mon tee-shirt. Excuse moi, je t'avais pas vu, j'étais tellement contente que j'ai pas fais attention !

Je compris en la regardant, pourquoi Sneaz m'avait dit qu'elle me ressemblait. Ses cheveux étaient plus sombres et un peu plus courts que les miens, et ses yeux étaient noirs, mais l'on pouvait retrouver quelques similarités. 
Je ne pus même pas dire un mot. Ma gorge s'était serrée, et j'étais toujours figée. Voyant que je ne lui disais rien, elle haussa un sourcil mais ne rajouta rien et se tourna à nouveau vers le jeune homme. Ce qu'elle fit alors, acheva mon cœur, puisqu'elle murmura quelque chose avec un sourire au lèvres, avant de les déposer tout droit sur celles de Sneaz. Encore une fois, il ne la repoussa pas. Ce fût le seul instant où son regard me quitta, mais je n'en eus pas besoin de plus. J'eus l'impression de m'être prise la gifle de ma vie. J'avais l'impression d'être dans un réel cauchemars et je ne souhaitais plus qu'une seule chose : me réveiller.
La jeune femme finit par le lâcher, mais cela ne répara pas mon cœur pour autant. Involontairement, des larmes me montèrent aux yeux, et ma vision devint floue. Ma gorge s'était serrée. Bordel, ça faisait mal. 
Sans attendre une seconde de plus, et sans prendre le temps d'attraper quelque chose pour essuyer mon tee-shirt trempé, je sortis en trombe de la pièce, me dirigeant directement vers la sortie de l'appartement sans dire au revoir à personne. Mon regard croisa, le temps d'une fraction de seconde celui d'Antoine, mais il n'eût, ni le temps de faire quelque chose, ni le temps de prononcer un mot, que j'avais déjà franchi le seuil de la porte. Je dévalai les escaliers séparant le deuxième étage du rez-de-chaussée en quelques secondes à peine. Je ne contrôlai même pas mes mouvements, et je fus même surprise de toucher le sol en un seul morceau tant les escaliers étaient glissants et ma descente risquée. Inconsciemment, ma respiration s'était faite plus difficile, et des larmes avaient coulées sur mes joues. 

- Merde, grommelai-je en les essuyant avec rage avant d'ouvrir la porte vitrée du hall.

Une fois dans la rue, un coup de vent me fit amèrement regretter de ne pas avoir pris de veste. De plus, mon tee-shirt trempé à cause de cet inconnu ne m'aidait pas à me réchauffer. En réalité, cela ne changeait absolument rien à mon état d'ébullition. J'avais l'impression de me prendre un retour de flamme que je ne méritai même pas. 
Pour reprendre mon souffle, je dus m'adosser à un mur quelques secondes, mais quand la porte s'ouvrit à la volée, je me mis à regretter aussi d'avoir fait une pause. Je pris alors une direction totalement au hasard, me mettant à marcher d'un pas rapide, espérant que cela dissuade le jeune homme, qui m'attrapa tout de même par le poignet pour me retenir.

- Attend, No', souffla-t-il. Je te promets que ce n'est pas ce que tu crois.

Ces mots eurent le don de m'agacer, et je me retournai alors vivement, le stoppant dans sa marche. Il faillit me rentrer dedans, mais resta tout de même à quelques centimètres de moi. Je ne jugeais pas vraiment cette distance appropriée, mais, au point où nous en étions, je n'y fis absolument pas attention sur le coup.