- Je commence vraiment à me dire que dans une apocalypse zombie, je ne survivrais jamais, soupira Chiara en remontant son plaid jusqu'à ses genoux, les yeux rivés sur l'écran de télévision où nous regardions un épisode d'une série où les morts-vivants régnaient.
- Tu viens juste de t'en rendre compte ? demandai-je les sourcils froncés, d'un air moqueur, avant de me concentrer à nouveau sur l'écran
Un coup de pied s'abattit sur le côté de ma cuisse, me faisant amèrement regretter mes paroles, et, alors que je tentai de le lui rendre, elle me contra avec son tibia, en me fusillant du regard.
- C'est cool, je me sens soutenue par ma propre famille, marmonna-t-elle avant de reposer ses yeux sur l'écran, vexée par mon commentaire.
- Bah désolée, mais à moins que tu trouves un zombie avec qui parler rouge à lèvres et talons hauts, ils te boufferont la cervelle avant même que tu puisses te mettre à courir, déclarai-je en lui tirant la langue.
Je ne le remarquai pas de suite, trop concentrée sur l'épisode qui se déroulait sous mes yeux, mais mes propos la vexèrent deux fois plus. Au moment où un zombie attaqua l'un des personnages principaux, je me retrouvais tellement prise dans l'action que je ne remarquai même pas ma sœur, alors qu'elle ramassait un coussin laissé à terre deux heures plutôt. Ainsi, je ne remarquai pas non plus quand elle se mit à genoux sur le canapé. J'eus à peine le temps de tourner la tête dans sa direction que l'objet qu'elle tenait entre les mains s'abattit sur mon visage. Je ressentis une douleur au niveau du front, et je ne pus m'empêcher de pousser un cri de surprise. Je la fusillai à mon tour du regard tandis qu'elle se rasseyait à sa place, une expression fière sur le visage, que je comptai bien vite faire disparaître. J'attrapai à mon tour le coussin sur lequel j'étais appuyé, et tandis qu'elle qu'elle se concentrait à nouveau sur l'écran, je le lui envoyais en pleine figure sans aucune douceur, bien déterminée à lui rendre la pareille. Elle poussa un petit gémissement de douleur et le regard noir qu'elle me lança me prévint presque de suite de la tournure qu'allait prendre les choses.
Cette bataille d'oreiller ne s'arrêta qu'une dizaine de minutes plus tard, quand elle se retrouvait pliée de rire au sol alors que je lui assenais le coup de grâce. Pile au moment où elle allait répliquer, un de nos téléphones se mit à vibrer sur la table basse juste devant nous. Le sien. La photo qui s'afficha sur l'écran d'appel était celle de son occupation favorite, Oliver, ce qui me fit faire une grimace.
Heureusement pour moi, ma soeur ne la vit pas. Elle se contenta de soupirer, d'attraper son téléphone et de jeter son coussin sur le canapé avant de me faire un bisou sur le front - geste d'affection qui me surprit d'ailleurs beaucoup.- Je vais aller dormir, je bosse demain, se justifia-t-elle. Bonne nuit crevette !
A ces mots, elle me laissa seule dans la pièce en parcourant le couloir menant directement à sa chambre et s'y enferma, me laissant les cheveux en bataille sur son canapé. L'entente du surnom qu'elle avait utilisé - même s'il se voulait affectif - assombrit presque instantanément mon humeur. Ce n'était pas vexant en sois-même, mais cela faisait longtemps que personne ne m'avait plus appelé comme ça, même elle. Mon père avait l'habitude de m'appeler comme ça lorsque j'étais petite, et, en grandissant, ce surnom m'était resté. Bien sûr, quand mon père, alors que j'avais quatorze ans, me donnait toujours se surnom ridicule, je perdais en crédibilité, mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Pas à mon père. Jamais. Il était mon héro. La personne que j'avais toujours adulé. Le seul qui m'avait toujours comprise. C'était peut-être pour ça que depuis sa mort trois ans plus tôt, j'avais eu tendance à me renfermer sur moi-même. Peut-être parce que je ne souhaitais plus perdre une personne que j'aimais autant.
Le générique de fin de l'épisode de ma série me sortit de mes pensées. Je secouai la tête, pour retourner lentement et durement à la réalité, avant de finalement appuyer sur la télécommande pour éteindre l'écran de télévision. Je me retrouvais ainsi dans le noir et dans le silence, ayant presque l'impression d'être seule dans l'appartement. Je ramassais les coussins par terre ainsi que le plaid, avant de finalement me diriger vers la baie vitrée, dont la lumière extérieure de la rue qui passait à travers, était la seule source lumineuse dans la pièce. J'admirais le ciel - ou du moins ce qu'on en voyait - quelques instants, avant de finalement me diriger dans la pièce qui me servait de chambre silencieusement. Pile au moment où je me jetais sur le matelas afin de me glisser sous les draps, je sentis mon téléphone vibrer sur ma table de chevet. Je tendis le bras pour attraper l'objet.

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All of the Stars
Fiksi PenggemarNora, une jeune femme de dix-neuf ans, passionnée par les livres et la poésie, ne s'est jamais remise du décès de son père. Quand elle débarque chez sa sœur pour prendre des vacances loin de son quotidien parisien, elle ne sait pas encore qu'elle va...