Je montais les escaliers à une lenteur affolante. La sensation de mes mains glacées contre la rambarde en métal était très désagréable, puisqu'il n'y avait presque aucun écart de température. Une fois arrivée devant la bonne porte, j'effaçais une dernière fois mes larmes, avant de sonner. Elle s'ouvrit au bout de quelques secondes, sur un Sneaz qui se décomposa clairement en voyant l'état de mon visage rougi par le froid et par les larmes. Je ne l'avais pas réellement prévenu, ni de ma dispute avec ma mère, ni de mon état actuel, lorsque nous étions au téléphone. Je lui avais simplement demandé s'il était chez lui ce soir, et il m'avait répondu par l'affirmative.
- No' ? fit-il les sourcils froncés. Je... Qu'est-ce-que...
Je ne lui laissai pas le temps de finir sa phrase et je rentrai précipitamment en me jetant dans ses bras. Je n'aurais pas dû, au fond de moi, je le savais, mais, en l'ayant en face de moi alors que je me sentais si désemparée, je ne pus m'en empêcher. Cela l'étonna, puisque pendant quelques secondes, il resta les bras ballants, ne sachant pas quoi faire, mais il finit par me serrer contre lui, et, involontairement, ce geste me fit du bien. Peut-être un peu trop.
Je ne sais pas combien de temps cette étreinte dura, et je m'en fichais clairement. J'étais obsédée par son odeur, tellement que je n'étais même pas gênée de porter son pull devant lui, puisque j'avais complètement oublié ce détail là. Je serais bien restée comme ça plus longtemps, parce que le contact de son corps chaud, contre le mien, à l'opposé totalement gelé, me faisait du bien, mais je n'avais pas envie que cela devienne gênant. Je fis donc un pas en arrière et son bras finit par lâcher mon cou à regret.- Qu'est-ce-qu'il s'est passé ? me demanda-t-il alors calmement.
J'hésitai. Il savait déjà mes problèmes de famille, bien plus que n'importe qui ne possédant pas mon sang, et pourtant, je ne savais pas si je devais lui dire. Rien qu'en repensant aux paroles de ma mère, ma gorge se serra et ma joue me piqua de nouveaux. De nouvelles larmes me montèrent aux yeux et je levais ceux-ci au ciel en espérant qu'elles ne coulent pas sur mes joues, en vain.
- On peut... je sais pas, parler d'autre chose ? demandai-je d'une petite voix. J'ai... j'ai pas envie d'en parler.
J'en arrivais à encore bégayer parce que j'étais toujours complètement gelée. Il dût comprendre que j'étais vraiment bouleversée puisqu'il n'insista pas, malgré le fait que son regard était différent, du moins, j'en avais vaguement l'impression.
- Tu devrais prendre une douche pour te réchauffer, me proposa-t-il. T'es gelée.
Je haussais les épaules et il me poussa gentiment vers la salle de bain. Il ne s'était pas trompée. L'eau chaude, voir carrément bouillante me fit beaucoup de bien et au bout d'un certain temps, je récupérai même des sensations au niveau de mes mains. En sortant, j'enfilais rapidement un leggings et un tee-shirt, que j'avais mis dans mon sac quand je croyais encore me rendre chez June et je remis par dessus le pull à capuche. Quand je sortis et que je vins m'asseoir à côté de lui sur le canapé, Sneaz me détailla quelques secondes.
- Sympa ton pull, fit-il moqueur parce que c'était le sien.
- Je trouve aussi, rétorquai-je avec un petit sourire en coin - un exploit quand moi-même je pensais ne plus pouvoir sourire du tout ce soir-là.
Pendant quelques secondes, nous restâmes dans le silence. Par réflexe, je m'étais blottie contre lui, et il ne m'avait pas repoussé. Au contraire, il avait passé son bras autour de mes épaules. Ce contact me fit du bien même si ma conscience me hurlait de m'éloigner un peu plus. Pour une fois, je décidai de la faire taire.
- Sneaz ?
- Hmm ?
- Ça te dérange si je reste ici, juste pour ce soir ? J'ai pas vraiment envie de rentrer...
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All of the Stars
FanfictionNora, une jeune femme de dix-neuf ans, passionnée par les livres et la poésie, ne s'est jamais remise du décès de son père. Quand elle débarque chez sa sœur pour prendre des vacances loin de son quotidien parisien, elle ne sait pas encore qu'elle va...