lettre à sneaz.

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Sneaz,

Tu t'en doutes, si je t'écris cette lettre, c'est parce que tu viens de me la redemander il y a encore moins d'une heure quand nous étions au téléphone. Pour être honnête, ça doit bien faire une demi-heure que je fixes cette page vierge en me demandant quoi dire, ou plutôt quoi écrire. C'est vrai, jusque là, je ne savais même pas pourquoi tu voulais que je t'écrive. Et quand tu m'as dis que c'était pour ne pas que tu oublies la personne que j'étais, là, maintenant, je me suis rendue compte que moi non plus, je n'avais pas envie que tu l'oublies, parce que, peut-être que quand tu liras cette lettre, je ne serais peut-être plus cette fille.
Mon père m'a toujours dit que j'étais une amoureuse des mots, et que je faisais parti des rares personnes à mieux les exprimer par écrit qu'à voix haute. Je ne sais pas s'il me disait ça pour me faire plaisir, ou parce qu'il y croyait vraiment, mais j'ai fini par m'en convaincre. C'est peut-être pour ça que j'ai du mal à dire ce que je ressens quand, pourtant, mes pensées sortent de ma bouche sans même que j'ai réellement donné mon accord. Peut-être que ça sera plus facile dans cette lettre.

Je suis assise sur la plage où nous avions l'habitude de nous rendre, et je regarde le soleil se coucher au-dessus de l'océan. Pourtant, j'ai l'impression que c'est différent puisque tu n'es pas là. Comme si les couleurs étaient devenues un peu moins belles, et l'océan un peu trop grand. C'est étrange, non ? J'ai l'impression de redécouvrir cette plage, cette promenade, cette ville, et je la trouve de moins en moins fun. Même les barbe-à-papa semblaient meilleures quand c'était toi qui me les payait - parce que oui, j'ai finie par m'en payer une figure-toi.
Je n'arrête pas de me demander ce qu'aurait été mes vacances, si je ne t'avais pas croisé ce fameux soir, en boîte de nuit, et puis je me dis finalement que je ne veux pas le découvrir.
Après tout, pourquoi penser à ça ? Tu m'as offert le plus beau des étés, et pour ça, je crois que je ne pourrais jamais assez te remercier. Tu m'a permis de rencontrer des garçons géniaux - malgré leur humour parfois douteux - et rien que pour ça, je pourrais te remercier une bonne dizaine de fois. Mais au-delà de ça, tu m'as apporté bien plus.

Tu connais la phrase de Christian Bobin ? " On peut donner bien des choses à ceux que l'on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m'as donné le plus précieux de tous : le manque. Il m'était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais, tu me manquais encore. "
C'est exactement ce que je ressens à cet instant pour toi. Je n'aurais jamais cru écrire ces mots un jour, et, encore moins à un garçon qui m'a abordé de la manière la plus étrange qui soit, et à qui j'aurais livré mes théories les plus intimes dès notre rencontre, et pourtant, si tu m'as offert le plus beau des étés, je crois bien que c'est parce que je suis tombée amoureuse de toi.
Je l'ai compris il y a, à peine quelques minutes, quand j'ai écouté la chanson All of the Stars, de Ed Sheeran, et qu'elle m'a fait penser à toi.

Je n'aurais jamais cru rencontrer quelqu'un ici, qui me ferait oublier jusqu'à mes pires soucis. Et surtout, je n'aurais jamais cru croiser un jour quelqu'un  qui, en plus de ne pas rire à mes théories, les écouterait vraiment. C'est ça que j'ai compris grâce à toi. Que parfois, les plus belles choses dans la fois ne sont pas vraiment des objets. Ce sont des endroits, des personnes, des sentiments, et même parfois des simples sourires. Je pourrais jamais assez te remercier pour ça aussi.
Je rentre dans quelques jours sur Paris, et étrangement, je n'ai même pas peur de ne pas savoir comment ça se passera là-bas, entre nous. Parce que je sais, que, quoi qu'il arrive, je n'oublierai jamais l'été merveilleux que tu m'as fais vivre. Au fond, et dans une partie de ma tête, cet été ne s'achèvera jamais. Je suis persuadée qu'une part de moi, et, je l'espère, une part de toi, resteront sur cette plage, et regarderont le soleil se coucher tous les soirs.

Je t'embrasse.
Nora.




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