All of the Stars

chapitre 3

( le média il est bae )

- Comment ça, tu sors avec un garçon ce soir ? s'écria Chiara d'un air ahurie, toujours dans l'excès.

Pour toute réponse, je me contentai de hausser les épaules, avant de me concentrer à nouveau sur mon trait d'eye-liner. Deux jours s'étaient écoulés depuis que j'avais recroisé Sneazzy et qu'il m'avait fait cette proposition de faux rencard. Plus j'y repensai, et plus je me demandai si c'était une bonne idée. Après tout, je ne savais rien de lui, et de plus, je ne savais même pas ce qu'il voulait faire ce soir. Même s'il n'avait pas l'air mauvais, je me méfiais. J'avais énormément de réserves et de doutes envers les gens, peut-être parce que j'avais toujours été une solitaire dans l'âme. Avec le temps et un regard plus ou moins distants sur les gens de mon âge, j'avais appris que mes amis les plus fidèles resteraient sûrement les livres, même s'ils étaient aussi les plus silencieux. Quand j'avais raconté cette théorie à ma sœur, deux ans plus tôt, elle m'avait dit qu'elle trouvait ça triste, que je fasse plus confiance à des pages qu'à l'être humain. Moi, je trouvais simplement cela plus réaliste.

Pourtant, le jeune homme n'avait pas l'air d'avoir de mauvaises intentions. Il m'avait envoyé un message le soir même, pour être sur que je ne lui avais pas refilé unmauvais numéro. Pour toute réponse, je m'étais contenté de lui envoyer une photo de moi portant sa casquette qui m'allait d'ailleurs trop grande, histoire de mettre fin à ses suppositions infondées. Il m'avait alors proposé de venir me chercher deux jours plus tard, histoire de mettre en place cette histoire de faux rencard auprès de ses amis. J'avais accepté, mais j'avais volontairement oublié d'en parler à ma sœur. Je m'en étais voulue de le lui cacher, mais en la voyant m'harceler de questions comme elle le faisait actuellement, je me rendis compte que j'avais évité deux jours de tortures où elle aurait tenté par tous les moyens de me tirer les vers du nez.

- C'est qui ? Tu l'as rencontré comment ? Il s'appelle comment ? Il ressemble à quoi ? Il parle français au moins ? Est-ce-que t'es sûre qu'il...

J'étais à peu près persuadée que si elle posait une question de plus, j'allai lui lancer la première chose qui me viendrait sous la main, sur sa si jolie frimousse - dommage pour elle, la première chose qui allait me tomber sous la main, allait être mon lisseur à cheveux. Je me retins en me rappelant de son prix. De toute façon, elle s'était interrompue en pleine phrase en croisant mon regard noir dans le reflet du miroir tandis que je finissais mon second trait d'eye-liner.

- Ne me regarde pas comme ça, se justifia-t-elle. Je m'inquiètes juste pour toi, tu es sous ma responsabilité je te rappelle.

- J'ai dix-huit ans Chiara, je suis sous ma propre responsabilité, soufflai-je en me mettant un peu de mascara. Et ne me prends pas pour une idiote, je sais très bien que tu veux juste savoir s'il a un pote célibataire à te présenter.

- Et il en a ? fit la blonde soudainement très intéressée, récoltant un nouveau regard noir de ma part.

- Je sais pas, j'en ai rencontré qu'un seul, et il s'avère que la première fois que je l'ai vu, sa bouche était déjà collée à la tienne, répliquai-je agacée.

Quand elle entendit cette phrase, elle se décomposa, et je me sentis alors obligée de lui raconter sa petite escapade lors de la soirée en boîte de nuit tout en finissant de me préparer. Je ne m'étais pas trompée quand j'avais supposé qu'elle ne s'en souvenait pas. Elle avait vraiment oublié qu'elle avait embrassé un inconnu. Pourtant, cela ne parut pas la perturber tant que ça. Même pas pour son occupation du moment, Oliver, puisque la première question qu'elle me posa nous lança toutes les deux dans un sacré fou-rire.