Deux semaines. Deux, longues semaines s'écoulèrent sans même que je puisse voir les jours défiler sous mes yeux. Beaucoup de choses se passèrent durant ce laps de temps. La première chose fût sans doute le réveil - si l'on pouvait appeler ça comme ça - de ma mère, ou du moins, son retour à la réalité. Ça s'était passé le jour-même de ma crise de nerfs envers elle. Après mon départ, j'avais rejoins Sneaz sur le Pont des Arts, mais je n'avais eu que quelques heures pour profiter de lui, avant d'être interrompue par un appel de Chiara, me demandant de venir à l'hôpital. Je m'étais attendue, à ce qu'elle s'énerve contre moi pour avoir laissé notre mère seule, mais ce n'était apparemment pas le cas. Quand j'étais arrivée, ma mère était en larme. Elle était en larme, mais elle parlait, et c'était sans doute la meilleure des nouvelles que nous avions eût ces derniers temps. Je n'avais pas arrêtés de me demander si c'était en quelque sorte à cause de mon monologue assez violent à son encontre qu'elle était sortie de cette phase, mais je n'avais pas osé en parler. Quand nous avions été toutes les trois réunies, elle avait fini par tout nous expliquer. Elle nous avait raconté que, lorsque je me trouvais encore en Californie chez Chiara, l'un de ses nombreux soirs de déprimes, alors qu'elle cherchait un somnifère pour trouver le sommeil, elle était tombée sur une vieille boîte de médicaments, appartenant à mon père et datant de plusieurs année. Désespérée d'être au bout du rouleau comme elle l'était, elle avait pensé que ces antidépresseurs pourraient l'aider. Jamais elle n'aurait cru devenir accro à ce genre de substances, elle qui n'avait jamais eu de problèmes avec les médicaments auparavant. Mais apparemment, elle en avait vite eu besoin de plus, et elle avait retourné toute la maison dans l'espoir de retrouver l'ordonnance de mon père. Elle qui avait travaillé dans une pharmacie des années plutôt, avant la mort de son mari, elle savait très bien comment contourner la loi, pour falsifier cette ordonnance, et c'était ce qu'elle avait fait.
Elle tenta de ne pas trop s'étendre sur cette partie. Je voyais bien qu'elle avait honte de cette dépendance, et qu'elle était encore plus gênée de devoir en parler avec ses filles. Je pouvais la comprendre mais il était temps pour nous de savoir la vérité. Lors de notre énorme dispute, celle où j'avais quitté l'appartement en claquant la porte, elle ne se contrôlait apparemment plus. Elle même ne s'était pas reconnue, et ma gorge s'était serrée quand elle résuma rapidement les pensées sombres qui lui étaient passées en tête après mon départ.
Autant vous dire que cette soirée avait été pleine de sanglots et de larmes pour chacune d'entre nous. Inconsciemment, j'étais persuadée que cela nous avait fait du bien. J'étais un peu triste, qu'on ait dût en arriver là pour que l'ambiance étrange qui régnait dans ma famille depuis la mort de mon père disparaisse, mais si c'était un mal pour un bien, c'était peut-être qu'au final, ça en valait la peine. Après avoir tout mis au clair, nous en avions convenues que ma mère devait passer quelque temps dans un centre de désintoxication. Elle n'avait pas eu l'air enchantée par cette décision, mais elle savait au fond d'elle que c'était la meilleure chose à faire. Pour elle, mais aussi pour nous trois. Avec un peu de recherche, nous en avions finalement trouvé un dans la région parisienne, qui, semblait parfait, et surtout très discret, puisqu'elle semblait ne pas vouloir mettre tout le quartier au courant à propos des derniers événements, ce que je pouvais tout à fait comprendre.
Cela faisait presque une semaine et demi qu'elle était entrée dans ce centre, et, tout semblait se dérouler plutôt bien. Là-bas, elle avait un suivi psychologique qui lui correspondait, et, qui, nous l'espérions, l'aiderait à remonter la pente.Alors que je marchais tranquillement dans ma rue, rentrant chez moi après avoir passé la matinée dehors, mon téléphone se mit à vibrer dans mon sac à main, me sortant de mes pensées. J'eus un petit sourire, en voyant que c'était June, et je décrochai. Je n'eus hélas, pas le temps d'en placer une, puisqu'elle prit de suite la parole.
- T'es où ? s'exclama-t-elle. Ça fait dix minutes que je t'attend devant chez toi !
Mes sourcils se froncèrent, et je tentai de me rappeler si nous avions rendez-vous. Ce n'était pourtant pas le cas. J'approchais de mon immeuble, et en y regardant bien, j'aperçus sa silhouette devant l'entrée.

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All of the Stars
FanficNora, une jeune femme de dix-neuf ans, passionnée par les livres et la poésie, ne s'est jamais remise du décès de son père. Quand elle débarque chez sa sœur pour prendre des vacances loin de son quotidien parisien, elle ne sait pas encore qu'elle va...