chapitre 31

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Trois mois.
Trois longs mois s'écoulèrent, et cette fois-ci, bien plus lentement que les précédents. Après cette fameuse soirée, la dernière où j'avais vu Sneaz, j'aurais aimé pouvoir déprimer en paix, mais je n'en eus pas réellement le temps. Entre le retour de ma sœur et les fêtes de familles avec ma mère, qui était finalement sortie de son centre de désintoxication un mois plus tard et qui se sentait beaucoup mieux, je n'avais pas eu un instant à moi.
D'ailleurs, pendant les quelques jours que j'avais passé avec Chiara, je m'étais conforté en tentant d'oublier comme je le pouvais les paroles que nous avions échangés ce soir-là. Cela marcha plutôt bien, du moins, jusqu'à ce que, lors de notre dernière soirée ensemble, ou nous avions invité June, je fonde en larmes sans aucune raison. J'avais donc été finalement obligé de leur raconter la situation, et la séance de câlins et de réconfort qui s'en était suivi avait été extrêmement longue. Peut-être un peu trop.
Après ça, je m'étais petit à petit concentrée sur mes cours. Ce n'était peut-être pas la façon la plus drôle de me changer les idées, comparé aux soirées que me proposait tout le temps ma cousine, mais au moins, ça marchait, et sans que j'ai besoin de finir dans le lit d'un inconnu après avoir un peu trop abusé de l'alcool. Je préparai activement ma candidature et quelques photos dans l'espoir de pouvoir exposé dans une galerie, lors de l'événement que l'université organisait à la fin de l'année scolaire. Quand je ne prenais pas de photos, je tentai de me plonger dans des livres, mais que je le veuille ou non, ma tête - et mon cœur - étaient ailleurs.
Il m'arrivait aussi de voir de temps en temps les garçons, notamment ceux avec qui j'avais passé l'été, même si celui avec qui j'étais le plus resté en contact était Antoine. De temps en temps, après mes cours, nous allions prendre un café au coin de la rue, avec, ou sans sa copine. 
J'avais fini par lui expliquer à contre-cœur la situation avec Sneaz, après qu'il ait tenté de me tirer les vers du nez pendant une bonne demi-heure. Il avait parût perplexe quand je lui avais raconté notre dernière conversation, mais n'avait rien dit en particulier. Il s'était juste contenté de me répéter plusieurs fois, que parce que nous prenions des chemins différents, cela n'empêcherait pas nos routes de se recroiser. J'avais eu du mal à croire en sa théorie et, plus les jours passaient, et plus cela me torturait. Avais-je bien fait de mettre un terme à tout cela, ou avais-je simplement tout gâcher ? Cette question n'avait pas arrêté de me hanter pendant des semaines, et trois mois après, il m'arrivait encore de me la poser quand mon esprit divaguait un peu trop.

Ce jour-là était parti pour être un jour comme les autres. Nous étions déjà au mois de mars, et je n'attendais qu'une chose : que le froid hivernal disparaisse pour laisser sa place au printemps. Si j'aimais l'ambiance de l'automne, l'hiver, lui, me rebutait au plus haut point. En allant en cours à pied ce matin, j'avais enfouie mes mains dans mes poches, et, quand je les en avais ressortie une fois dans l'amphithéâtre, je ne sentais déjà plus le bout de mes doigts.
Quand ma dernière heure de cours fût donc achevée, je fus tentée de rester le plus longtemps possible dans l'amphithéâtre, avant de me faire à l'idée que, si je devais affronter l'air gelé de l'extérieur, autant le faire en milieu d'après-midi que quand la nuit serait tombée. J'enfilais donc ma veste que je m'empressais de fermer, j'attrapais mon sac à main, et je sortis du bâtiment. Je me mis à chercher Antoine des yeux, me demandant s'il viendrait peut-être chercher Magali. Mais ce ne fût par sur lui que mes yeux tombèrent.
Je m'étais figée, gênant les gens derrière moi qui me contournèrent en râlant. Je n'arrivais plus à bouger. Mes yeux croisèrent ceux de Sneaz, appuyé à quelques mètres de là, contre un lampadaire. Ses mains étaient enfoncées dans les poches de sa veste de survêtement. Nous nous regardâmes ainsi, dans le blanc des yeux, pendant quelques secondes. Je finis par retrouver ma mobilité quand ma conscience me donna une gifle, me démontrant à quel point nous étions ridicule. Nous étions des adultes, nous pouvions communiquer sans nous disputer ou sans nous sauter dessus, non ? En m'approchant de lui lentement, j'eus soudain un doute. Et s'il n'était pas là pour moi ? Arrête, grommela ma conscience. C'est toi qu'il fixe, personne d'autre.

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