Les débris de bois, les débris de verre, mes paumes coupées, la boue, la pluie, leurs voix, leur pouvoirs... tout s'embrase dans ma colère. L'univers imagé s'enlise dans un maelström de sentiments en fusion. Mon aura les repoussent, ma fureur s'impose au jury, sa spontanéité la rendant plus puissante qu'eux tous réunis.
Je leur échappe, je déchire leur voile de non-sens, je les noie sous les décombres de leur laboratoire cauchemardesque.
Blanc.
Rouge.
Noir.
Noir.
Blanc.
Je me réveille dans un sursaut, complétement déboussolée. Par réflexe je porte la main sur la zone douloureuse. Mon épaule droite m'élance autant que si on y avait planté un épieu, et justement....
Mes doigts rencontrent un cylindre métallique, je l'effleure à peine qu'un couteau invisible se retourne dans mes chairs. Des points noirs se trémoussent devant mes yeux, et le sol tangue anormalement. Je lâche le tube enfoncé dans mon bras pour calmer la crise de douleur.
J'observe l'objet en question avant d'inspirer un grand coup et de serrer les dents. Je chope résolument la bricole clouée dans mon bras et l'arrache sèchement.
Un gémissement involontaire m'échappe, ainsi que le contrôle de mon corps déjà pas très performant.Je m'étale lamentablement, tentant vainement de reprendre ma respiration. Je reste dans les vapes, tel un poisson hors de l'eau. L'étourdissement et la nausée me rappelle le jour où j'ai eu la mauvaise idée d'avaler une mixture de mon père à portée, parce que je trouvai sa couleur mauve alléchante. Il avait gueuler comme jamais je ne l'avais vu faire, quelque chose à propos de belladone et cigüe, lui si calme et composé d'habitude, il m'avait fait vomir, mise sous perfusion improvisée, le trou noir qui suit m'empêche de me souvenir de la suite. Ce jour là, mon métabolisme anormal m'avait sauvé la vie, et mon père avait commencé à poser cadenas et serrures sur toutes les boites, toutes les portes...
Mes membres se reconnectent lentement à mon tronc, les vrilles épineuses dans ma boite crânienne régressent, trop lascivement à mon goût, elles reviennent à la charge lorsque je m'imagine enfin débarrassée du mal de tête.Je me déplie enfin, l'engin de torture enfermé dans mon poing. Mes doigts s'écartent, je contemple mon trophée...
Une fléchette.
Une fléchette sédative, celle qu'on balance dans le flanc des animaux à calmer rapidement. Mais le contenu de celle-ci n'était pas un gentil somnifère, ces substances là n'ont pratiquement aucun effet sur moi. Je parviens à me lever, toujours dans le silence, qui n'est dérangé que par sept souffles calmes et le mien radicalement plus bruyant et haché.
Lorsque mon regard rencontre tour à tour leurs sept masques figés et leurs carcasses confortablement avachies dans leurs sièges, un bon million d'insultes -dans toutes les langues que je pratique- me traverse l'esprit avec la fâcheuse envie de ricocher sur mes cordes vocales et dans leurs oreilles de matraqueurs.Le corbeau a toujours le bras tendu en avant, au bout de ce bras se trouve une main, au bout de cette main une arme. Un petit calibre fonctionnant à l'air pressurisé, silencieux, parfait pour aller endormir un troupeau de gosses trop excités. Nos techniciens ont longtemps travailler sur ce modèle. Au jour d'aujourd'hui ce truc n'est pas assez performant pour servir à quelque chose de véritablement utile.
Je m'avance d'un pas souhaité rageur, mais qui n'est digne au final que de la démarche d'un poivrot ivre. J'abats la main sur le bureau de l'oiseau noir.
- Tenez, gardez votre cadeau, je déteste ceux du genre.
- On avait cru le comprendre...
Je tourne le regard vers le renard, les pieds croisés sur sa table de pierre, qui ponctue sa réplique plate d'un soupir fatigué. Je réponds du tac au tac :

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Ira Irae
FanfictionLa Colère et son Poison cruel me rongent jour et nuit... Les réalités se confondent, mon esprit s'y perd, je ne distingue plus le vrai du faux, l'ami de l'ennemi. Je me méfie de tout, en particulier de moi-même. La fureur monte, elle me torture tel...