Il se recouche, dans le silence, prenant garde à chacun de ses gestes qu'il exécute avec lenteur. L'assimilation des faits accapare toute son énergie. Il oppose à mon bouillonnement effervescent son recul le plus neutre. Ses légers éclats de tout à l'heure sont venus à bout de son quota mensuel d'expressions vives.
Quand je le vois se précipiter dans les bras de morphée je me manifeste :
- Je viens de larguer une bombe sur le sens de ton existence et tu n'en as rien à cirer?
- Viens te coucher... on en parlera demain... à tête reposée. Je pense que l'échange sera plus constructif et qu'on se captera mieux.
Son détachement me sidère, le monde pourrait s'écrouler qu'il choisirait de faire la sieste pour être en forme au moment de subir les retombées de l'apocalypse.
Aussi, je reconnais la justesse de ses arguments. Seulement...- Je vais être incapable de dormir avec cette histoire sur la conscience.
J'éteins tout de même le portable après avoir tranférer le dossier sur son bureau. Je contourne l'élément principal de la pièce pour regagner mon côté et hésite à m'y étendre.
Il appuie sur l'interupteur et baille:
- Qu'à cela ne tienne. Je peux t'y aider.
Je grimace lorsque je comprends ce que ça implique.
- J'ai déjà eu droit à un avant goût de tes pouvoirs. Merci mais...
- A non! Pas de 'mais' à trois heures du mat'.
Il se retourne et me tire sur le matelas. Je me retrouve à ma place habituelle, dans ses bras, sans trop savoir comment.
Quelque chose de froid glisse sur ma peau, ça me rappelle un peu sa combinaison. Mes sens s'estompent. Ça picotte, chatouille presque. La diffusion est lente, quand elle me monte au visage, j'ai l'impression de recevoir un coup de massue. Mes idées s'évaporent sous le choc. Ces milliers de choses qui me semblaient vitales et nécessitant un débat imédiat il y a quelques secondes se dispersent comme autant de détails futiles.
Je ne peux pas comparer l'expérience au rideau de glace d'une douche froide, plutôt... à un cocon de soie, dans lequel il m'emballe petit à petit, avec délicatesse.- Bonne nuit.
Son chuchotement au creux de mon oreille fait descendre un frisson le long de mon échine. Cette situation devenue normale est soudain éclairée sous un autre jour par cette malheureuse politesse et son ton endormi.
Je n'ai pas le temps de m'en soucier ou d'y faire écho. Le sommeil m'emporte.
***
J'inspire à grandes bouffées l'air aux senteurs familières. C'est l'odeur du matin, indéfinissable, différente de la mienne, confortante.
A l'odorat s'ajoute le toucher : les draps sont juste à la bonne température et les agréables engourdissements du réveil me cajolent.C'est la meilleure sensation du monde, elle me rappelle la maison. A l'époque où je virais papa de son lit sans ménagements pour faire la grasse matinée avec maman.
Mon traversin aussi est réveillé, sa respiration est moins régulière et il essaie de m'écarter, sans résultats. Je n'ai pas envie de bouger.
Il esquisse un mouvement. Je grogne, le retiens. Si ma bouilloire -accésoirement mon oreiller- se fait la malle, mon bien-être va s'éteindre.
- Pas tout de suite... encore un peu...
- Il est onze heure vingt.
Je peste, il tempère :
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Ira Irae
FanfictionLa Colère et son Poison cruel me rongent jour et nuit... Les réalités se confondent, mon esprit s'y perd, je ne distingue plus le vrai du faux, l'ami de l'ennemi. Je me méfie de tout, en particulier de moi-même. La fureur monte, elle me torture tel...