Je rentre dans le bâtiment, mes cheveux dégoulinent, je préfère ça au glaçage rose. De toutes façons mon apparence peut difficilement être pire et à ce stade elle ne changera plus rien. La décision a été prise, je suis juste venue ici pour l'entendre.
Le couloir est interminable, je passe devant plusieurs vantaux sobrement sculptés laissant filtrer des voix. Je ferme mon poing, réajuste les bretelles de mon sac qui n'a plus aucune raison de me quitter. J'inspire un coup, toque et m'engouffre dans l'antichambre numéro 12. A peine suis-je installée que la deuxième porte de la salle s'ouvre sur la personne que j'avais le moins envie de rencontrer ici.
- Entrez.
Posture droite, voix sèche et autoritaire, attitude hautaine plus que reconnaissable.
Cette foutue chouette...Je lève les yeux vers les siens, d'un gris d'acier, ses long cheveux blonds remontés en une queue de cheval indisciplinée forment un contraste pour le moins étonnant avec son austérité.
- Moi aussi, ravie de vous revoir.
Elle pince ses lèvres fines et plisse ses yeux en deux fentes éclatantes de froid.
Je vais m'assoir calmement, attend qu'elle vienne face à moi. Un frisson me parcourt et mon estomac se noue. Je ne cesse de déglutir et de torturer mes doigts entre eux.
Je veux ce diplôme. Je dois l'avoir à tout prix. Je l'ai eu. Je sais que mon passage n'était pas des plus brillant mais je suis certaine d'avoir marquer des bons points. Mes scores quasi-parfaits aux examens pratiques et écrits du dernier semestre me constituent un appui infaillible.Je l'ai. J'en suis sure, c'est obligatoire, j'en ai la conviction.
Elle prend place dans le fauteuil de l'autre côté du bureau, puis me toise.
Quand elle ouvre enfin la bouche après un silence aussi insupportable que volontairement inutile, elle articule deux syllabes.
- C'est non.
Deux syllabes qui écroulent tout mon univers. Je m'étais inconsciemment penchée en avant, tendue, appréhendant....
Une bonne nouvelle qui n'est pas venue.Mon état psychologique fait des loopings, je reste stable en apparence, grâce à une résistance acquise à force de crises. Je m'épanche sur mon siège, cassant mon cou, et ma colonne, brisant cette tension, brisant mes espoirs contre la dureté du dossier, je m'accroche au tissu de ma veste, je tire dessus jusqu'à entendre les poches se déchirer, les coutures cédant une à une, comme cèdent les portes de mon esprit face à cette certitude affligeante.
- Mademoiselle Felisica, vous n'avez pas votre poste de chaperon. Cependant vous ne serez pas bannie, mais évacuée dans un centre de recherche au Sud pour vous soigner. Nous ne pouvons pas lâcher dans le monde ordinaire un être atteint par une maladie si particulière et...
-Pourquoi?
- Pour vous soigner et vous débarrasser de toute trace avant de...
-Non!
Je lui coupe la parole, ce ne sont pas ces mensonges ou ce qu'ils comptent faire de moi qui me préoccupe. Je plante mes pupilles dans les siennes, mes coudes dans la table, mes ongles dans ma peau.
- Pourquoi n'ai-je pas eu mon diplôme?
Elle soupire, bien plus conciliante qu'hier pendant l'évaluation.
- Votre attitude solitaire, rebelle, vos opinions trop tranchées, votre point de vue trop obtus et forcené, votre ingratitude, enfin et surtout : votre désordre mental... malgré toutes vos qualités ces points clés vous font défaut.
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Ira Irae
FanfictionLa Colère et son Poison cruel me rongent jour et nuit... Les réalités se confondent, mon esprit s'y perd, je ne distingue plus le vrai du faux, l'ami de l'ennemi. Je me méfie de tout, en particulier de moi-même. La fureur monte, elle me torture tel...