chapitre 20

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Août 2016

Abby :

Avec pour seul éclairage, des millions de petites étoiles qui scintillent au-dessus de moi ainsi qu'une pleine lune qui brille dans un ciel complètement dégagé, je m'installe sur l'une des chaises longues de ma terrasse avec pour seule compagnie, ma petite suzy. Suzy est le prénom que j'ai donné à ma guitare acoustique il y a quelques années de ça maintenant. Je sais, c'est un peu bizarre, mais elle a une place très importante dans ma vie. Tout d'abord, ce sont mes parents qui me l'ont offerte, lorsque j'ai décidé de suivre des cours, dans une école spécialisée dans la musique, à Londres. Ensuite, elle a été là, avec moi le jour où j'ai interprété un morceau en leur honneur, lors de leurs funérailles. Elle a été également à mes côtés, lorsque j'ai décidé de changer radicalement de vie en déménagent sur Paris. Elle m'a aidé à surmonter mon chagrin quand mes parents me manquaient trop, le chagrin également d'avoir perdu Sacha à l'époque. Et aujourd'hui, elle est toujours à mes côtés...

J'ai commencé à jouer de la guitare à l'âge de douze ans. Ça faisait quelques années que je faisais partie de la chorale de mon école et arrivée au collège, j'ai décidé de continuer et d'apprendre à jouer d'un instrument. Apprendre à jouer de la guitare m'a paru comme une évidence à l'époque. Dès la première fois où j'ai tenu une guitare entre mes mains, j'en suis immédiatement tombée amoureuse. La sensation du bois sous mes doigts était si douce, si fraîche, les cordes si solides, la réverbération à l'intérieur de l'instrument si profonde... Cet instrument pourtant simple portait en lui une émotion qui mourait d'envie de s'exprimer. Comme l'émotion que moi, je portais.

Pour certains apprentis guitaristes, apprendre à maîtriser le rythme, demande plus de travail et de patience avant que les résultats soient probants. Pour les autres, comme moi, on a la chance de posséder instinctivement de bonnes bases rythmiques pour aborder la guitare, sans avoir l'impression d'avoir à travailler le rythme. Mais malgré cela, j'ai passé des heures et des heures à m'exercer et à essayer de reproduire les chansons dont j'étais fan. L'intensité de la pratique et la répétition font des musiciens, une sorte de sportifs de haut niveau (et plus largement tout travailleur faisant appel à son corps et à des gestes somme toute assez répétitifs). J'ai passé tellement de temps avec elle, que j'ai parfois l'impression qu'elle fait un peu partie de moi-même, mais ce qui est le plus incroyable dans cela, c'est notre capacité à s'attacher à son instrument...

J'entame à présent une autre chanson. Les premiers accords de la chanson Wake Me Up When September Ends des Green Day retentissent autour de moi. Cette chanson est magnifique et me touche profondément. Elle parle et met en scène l'histoire d'un jeune couple amoureux montrant le tournant que prend leur vie, lorsque le jeune homme décide de s'engager dans le Corps des Marines des Etats-Unis. Cette chanson évoque en partie la mort du père de Billie Joe Armstrong lorsqu'il avait 10 ans, notamment dans les paroles : « Like my father's come to pass, twenty years has gone so fast, Wake me up when September ends. » (« Comme mon père vint à s'éteindre, vingt années se sont si vite écoulées, réveille moi quand Septembre prend fin »).



À la fin de la chanson, j'essuie mes joues humides. Je ne m'étais même pas rendue compte que j'avais pleuré tout le long de la chanson. Je respire un grand coup et me lève pour aller déposer Suzy dans son étui, posé sur mon canapé. Je me dirige vers ma salle de bain, allume la lumière avant de m'approcher du lavabo, puis j'ouvre le robinet et attends que l'eau soit un peu moins froide. Je ferme les yeux quelques secondes avant de m'asperger le visage et lorsque je me relève, le reflet que me renvoie le miroir n'est vraiment pas génial. Mes yeux sont rouges d'avoir pleuré, mon maquillage a coulé le long de mes joues, mes lèvres sont gonflées du baiser ardent que nous avons échangé avec Sacha et mes cheveux sont complètement emmêlés. Je ne ressemble vraiment plus à rien. J'entreprends alors de me démaquiller et de passer sous la douche. Alors que je commence à me déshabiller, quelqu'un frappe à ma porte. Je regarde l'heure sur ma montre. Il est presque 1h du matin! Mais qui peut bien venir à cette heure-ci ? Je m'attache rapidement les cheveux en une queue de cheval haute et je remets le top que je venais juste de m'enlever.

Les Silences Du Passé : Sacha T1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant