"L'oubli n'efface pas les pêchés" Part.5 / chapitre final

2.1K 114 25
                                    




"Je l'avais senti. Je l'avais vu une fois de plus. Cet éclair de culpabilité dans les yeux d'Ezarel. Quelque chose m'échappait. Pourquoi ? Qu'avait-il bien pu faire pour qu'il soit à ce point différent avec Moi?

Aller chercher à boire n'était qu'un prétexte. J'avais juste besoin d'air, de respirer, de m'éloigner de cette ambiance étouffante.

En allant dans la cuisine, je croisais Nevra, qui s'était caché pour grignoter un truc. Désireuse de ne pas me retrouver seule avec mon cher elfe, je lui demandais d'aller finir le panneau d'information avec lui, dans ma chambre, sachant qu'il ne refuserais pas. Et j'en profitais pour m'éclipser. L'expression "poser un lapin" ne m'a jamais parue aussi juste. Non mais quelle froussarde...Il est vrai que j'avais besoin de la présence d'Ez. J'avais ce besoin viscéral de le voir, de sentir son regard sur moi, même s'il ne me parlait pas. C'était une présence rassurante, il était associé au réconfort, à la chaleur. Et pourtant, une part de moi hurlait de rage quand je le voyait. C'était très contradictoire comme sensation, je ne savais l'expliquer et encore moins la comprendre.
Je me réfugiais dans la bibliothèque, priant pour que ni Kero ni Ykhar ne s'y trouve. S'il y a un dieu dans ce monde, il entendit mes prières.
Dans ce monde...ce monde dans lequel on m'a dit que j'étais née. Mais je n'étais pas idiote non plus. Tout était nouveau pour moi, j'apprenais des nouvelles choses chaque jour.
"C'est dû à ton amnésie" m'a t-on dit. Oh, prenez Moi pour une idiote aussi.
J'imaginais la tête d'Ezarel quand Nevra passerait la porte de ma chambre, et pouffais de rire. J'avais bien remarqué, non sans amusement, je l'admet, ses petits regards assassins qu'il voulait discrets envers le vampire. Et comme la gourdasse que je suis, je m'amusais à les attiser. J'ai parfois honte de moi. Quelqu'un de très sage m'a dit un jour : "Celui qui joue avec le feu aura de la cendre et de la fumée dans les yeux."
Mais je suis incapable de me souvenir de qui il s'agissait.
Avec un soupir de soulagement, Je m'asseyais entre deux étagères et posais ma tête sur mes genoux. La bibliothèque était devenue mon refuge, ma bulle d'air. Ykhar Et Kero respectaient ma demande de discrétion envers mes allées et venues et je ne pouvais que leur en être reconnaissante. Heureusement que ces deux-là existaient.
Apaisée par l'odeur du bois, des livres Et par la douce chaleur qui émanait des rayons de soleil à travers les grandes fenêtres de la bibliothèque, Je fermai les yeux, apaisée."


Quand elle ouvrit les yeux, Julie aperçut deux grands yeux azur qui la regardaient. Ces yeux si beaux qui la faisaient tant rêver. Puis elle eut un sursaut et se releva d'un coup, affreusement gênée. Ezarel la dévisageait, l'air franchement mécontent.

- Ez...bégaya t-elle. Je te cherchais justement...
- Vraiment ? demanda Ezarel en arquant un sourcil.
- Euh oui, mais j'ai trouvé ce livre -Julie ramassa un livre qui traînait à terre et le montra avec un grand sourire - et puis je me suis endormie en le lisant. Il faut faire attention, il est peut-être ensorcelé.
- Mmmh.

Julie sentit son sourire fondre face au regard noir de l'elfe. Elle se tut et regarda le sol, l'air coupable.

- Tu m'as pris pour un chryslam de trois semaines ?
- Non mais...
- Allez, ça va, soupira Ez. Viens avec moi, je voulais te montrer quelque chose.

Pour une raison qu'elle ignorait, Ezarel avait lâché le sujet bien plus vite qu'elle ne l'aurait cru. Pire, il lui avait presque jeté un regard soulagé. Incertaine, elle le suivit dans son laboratoire et le regarda fouiller dans son coffre. Il en sortit ce qu'elle d'abord cru être un bout de tissu noir, puis le lui tendit, sans un mot.
D'abord suspicieuse, Julie détailla le vêtement d'un oeil critique, puis afficha rapidement un air stupéfait.

- Tu...murmura t-elle. C'est vraiment pour moi ?
- En fait, je pensais l'offrir à Jamon, et j'espérais ton avis, railla Ezarel.

Julie éclata de rire et admira la sublime robe qu'il lui avait donné. Elle paraissait assez courte, noire, sertie d'une élégante ligne de fil d'argent qui soulignait les bretelles en voile, et une délicate pierre ornait le décolleté. Elle paraissait cintrée un peu en dessous de la poitrine, et retombait en s'évasant dans une cascade de tissu fin et flou.

Contes et OS sur EldaryaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant