Ses pas faisaient craquer les brindilles calcinées, brisant le lourd silence qui régnait dans la clairière déserte de vie. Son visage couvert de poussière affichait un air neutre, mais ses yeux anthracites trahissaient son angoisse grandissante. Ses pupilles semblaient chercher quelque chose. Ou quelqu'un. Elles fouillaient avec une lenteur minutieuse le moindre mouvement qui pouvait trahir une présence, sa présence.
Ses pas pesant s'arrêtèrent finalement, et elle s'immobilisa, seule, au milieu de cette plaine qui fut un village. Un village heureux. Au loin, les vestiges d'un château détruit se découpait à travers le ciel sanguinolent. De lourds nuages menaçaient de déverser leurs pleurs sur les corps qui jonchaient le sol, peut-être dans l'espoir de laver ce sang qui tâchait d'une couleur sombre l'herbe habituellement d'un vert flamboyant. Les dépouilles mutilées et souillées jusque dans leur repos éternel jonchaient le sol à perte de vue, offrant un spectacle effroyable à quiconque passait par ce paysage à présent débarrassé de toute âme vivante.Accablée par un chagrin grandissant, la jeune femme laissa retomber mollement ses bras le long de son corps, et leva son visage sale vers le ciel sinistre. Ses longs cheveux abîmés et coagulés par la boue et le sang se collèrent sur ses épaules meurtries. Des larmes creusèrent un sillon sur la couche de poussière qui souillait son visage apeuré, habituellement si paisible.
Ces corps déchirés en mille morceaux par un affrontement d'une rare violence... Il s'agissait d'amis, de connaissances, d'ennemis aussi, de personnes qu'elle avait aperçu peut-être une fois ou deux au sein d'une réunion futile. Mais c'était avant tout des victimes, allongées sur le sol glacé. Son regard se reporta sur le visage figé et sanglant d'un jeune homme. Un jour, ce garçon lui avait donné une boisson fraîche. Aujourd'hui, il ne respirait plus, immobilisé par la mort.
Julie se laissa tomber à genoux au sol, accablée. Il n'y avait aucune brise qui pouvait la débarrasser de cette odeur affreuse qu'était celle de la mort. Pourtant, au fond d'elle, Julie ne pouvait s'empêcher de se sentir soulagée. Malgré l'horreur du décor, IL n'était pas parmi les macchabées. Elle le savait. Voilà plus de deux heures qu'elle parcourait le champs de bataille qu'était devenu le refuge D'Eel, malgré ses hauts le cœur, priant de ne pas trouver son corps à travers les débris des maisons.
Soulagée malgré son dégoût de ressentir pareil sentiment en des temps si graves, ses épaules retombèrent, libérant toute la tension qu'elle avait ressenti en posant pour la première fois ses pieds dans son ancien lieu de vie. Malgré la tristesse, Julie se releva lentement. Il fallait qu'elle quitte cet endroit maudit. Le cœur lourd, elle tourna des talons, souhaitant de toute son âme ne plus jamais tomber sur pareil spectacle.Elle rejoignit son compagnon qui était assis un peu plus loin, à l'orée de la forêt, contre un arbre, peut-être le seul qui n'était pas calciné, et resta plantée là, à la regarder éponger sa blessure qui saignait abondamment. L'homme lui jeta un regard caverneux, et humecta ses lèvres si sèches. Il sembla l'interroger d'un mouvement de menton.
- Il était pas là-bas, murmura Julie.
L'homme soupira de soulagement, et reporta son attention sur la blessure.
- C'est de pire en pire, commenta t-il en grimaçant. Il faut qu'on trouve un refuge, je ne tiendrais pas éternellement.
- Nourris-toi, marmonna la jeune fille en se laissant tomber à côté de lui. De toute façon, ils ne sentent plus rien, ajouta t-elle en désignant les centaines de cadavres qui s'étendaient au loin.
- Le sang des morts est empoisonné, dit l'homme. J'en mourrais.
- Tiens.Elle lui tendis son bras, dévoilant deux petits trous qui formaient une plaie là où sa veine passait. La blessure était nette et propre, toutefois quelques sillons noirâtres démontraient une mauvaise cicatrisation.
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Contes et OS sur Eldarya
FanfictionL'héroïne, Julie, restera la même pour tous les OS OS 1 // si c'est un jeu il n'est pas drôle. Crétin Description: Je suis la perfection, l'intelligence et la beauté. Tout ça. ... Non, en fait, je suis juste idiot, partiellement inconscien...