Contes et OS sur Eldarya

Les tribulations d'une femme blessée - part 6. Le Conseil

Ezarel fit entrer Julie dans une salle vide et claqua la porte avec humeur. De retrouver sa Julie jouant le parfait petit Lui dans l'infirmerie avec sa future femme avait un côté extrêmement gênant. Certainement que venant de n'importe qui d'autre, cette situation l'aurait bien fait rire. Mais ça le concernait hélas lui et elle.

- C'était quoi ça ?
- Hein?
- Qu'est ce que vous vous êtes dit ? Insista Ezarel en tapant du pied par terre.

Il avait prétexté une raison urgente - et c'était vrai - à Eleweïn pour enlever Julie de là, mais il se doutait bien que l'infirmière verrait ça comme une autre de ses multiples frasques et écarts de conduite. Et au fond, il s'en moquait bien.

- Oh, pas grand chose. Eleweïn disait simplement qu'elle adorerait pouvoir rompre ce pseudo mariage du mensonge, dit Julie d'un air ironique.
- Très amusant.
- Tu sais quoi ? C'est suffisamment bizarre comme situation, ne rajoutons rien de compliqué, tu veux ? On...on fera un point plus tard.
- Comme tu voudras. Mais on a quand même un soucis, fit Ezarel d'une voix grave. Demain matin, à l'aube, doit se tenir le Conseil des Elfes chaperonné par Miko et Leiftan, dans la Salle du Christal. C'est une réunion annuelle, afin de continuer la bonne entente et les alliances entre les deux peuples. Et je fais parti du Conseil.
- Ce qui veut dire ?
- On doit retrouver nos corps d'ici demain matin.

La journée fut un véritable enfer, aussi Julie ne fut-elle pas mécontente de voir arriver la soirée. Ils avaient passé la journée à essayer de trouver une solution - et elle reconnaissait n'avoir fait aucuns efforts - et ils n'avaient rien trouvés. Aussi, quand Miko vint chercher celle qu'elle croyait être Julie afin qu'elles se préparent toutes ensembles, Ezarel jeta un regard de détresse en direction de la vraie Julie qui se contenta de lui adresser un grand sourire moqueur. Elle n'était pas mécontente de le voir souffrir un peu : elle avait très mal digéré les informations de la matinée. Elle savait pertinemment que Miko et Karen les avaient espionnés toute la journée, et elle se doutait qu'elle voudrait faire sa petit enquête, car après tout, passer toute la journée avec lui aurait dû la combler de bonheur en tant normal, et surtout, ce n'était pas passé inaperçu et les gens jasaient vite au château.

- Non mais les filles, geignit Ezarel. Je ne veux pas mettre une robe aussi courte.

Non mais il était hors de question que le corps de Julie soit si peu couvert ! Pour que tous les regards la déshabille, non merci !
Sa plainte fut étouffée par Miko qui le fit s'asseoir de force et lui enleva la ridicule serviette qui ne cachait rien. Avec toutes les émotions de la journée, Ezarel n'avait même pas eu le temps d'aller s'admirer dans un miroir. Lui qui rêvait secrètement de voir ce corps, comment avait-il pu passer à côté de ça ?

- Bien sûr que tu vas la mettre, le contredit Miko. N'oublie pas pour qui tu la met !
- Ezarel en sera dingue, j'en suis persuadée ! intervint Karen qui se changeait un peu plus loin.

Très mal à l'aise, Ez détourna le regard, affreusement gêné. Il s'était retrouvé dans la chambre avec les deux filles, dont une qui était sa patronne, et il devait faire semblant de causer chiffons pendant qu'elles se changeaient toutes les deux sans aucune pudeur ! Sans compter ce sujet affreusement dérangeant où tout le monde était apparemment mêlé.

- Et puis...reprit Karen, c'est le moment de foncer !
- Mais...
- Pas de mais ! coupa Miko. Viens que je te coiffe ! S'il ne fait rien ce soir, c'est qu'il n'est qu'un idiot !
- C'est déjà un idiot...marmonna Ezarel pour lui-même.
- Je ne te le fais pas dire ! ricana Karen.
- Mais si tu veux mon avis, il ferait bien de se dépêcher de prendre une décision, j'en connais quelques uns qui seraient ravis de prendre sa place ! Rencherit Miko.