Tribulations d'une femme blessée - part 5. Toi c'est moi

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Quelques jours s'étaient passés sans encombres depuis la remise à zéro entre Julie et Ezarel. L'un comme l'autre avait respecté le jeu, et n'avait plus parlé de la dispute. La vie avait reprit son cours, et la relation entre les deux était de nouveau saine. Ou peut-être pas tant que ça. Elle était fragmentée de non-dit, de regards gênés ou suspicieux., et de disputes idiotes aussi. Beaucoup de disputes, à tel point que les habitants du château commençaient doucement à désespérer.
Julie n'avait toujours pas abandonné son plan d'emmener Eleweïn en soirée, et l'occasion allait bientôt se présenter. En effet, Miko avait adoré leur dernière sortie, et avait voulu réitérer l'expérience. Aussi, avait-elle demandé au comité du refuge d'organiser une petite fête, où tout le monde serait convié. Les ordres venant de la Chef, ils avaient aussitôt été mis à exécution, et le village se préparait ardemment. La soirée aurait lieu le surlendemain. Mais en attendant....



- SORS DE MA CHAMBRE IMMÉDIATEMENT !

A ce hurlement suraigu qui aurait pu faire sursauter un cadavre, Miko poussa un soupir, agacée. Pour entendre ce genre de cri quatre à cinq fois par jour, elle connaissait déjà l'origine, la nature et les conséquences de cette dispute. Quant aux protagonistes, il ne pouvait s'agir que d'Ezarel ayant une fois de plus dépassé les bornes et de Julie, qui était rentrée dans son jeu encore.

La porte de la chambre de Miko s'ouvrit à la volée, et Nevra déboula, les yeux exorbités. Par réflexe, Miko releva ses couvertures sur elle, et le fusilla du regard.

- Y en a marre, Miko ! Hurla t-il au bord de la syncope. Il est cinq heures du matin. CINQ HEURES TU ENTENDS ?!
- Je...
- Ensorcèle-les, enferme-les, tue-les si ça te chante, mais par pitié, qu'ils la BOUCLENT !

Mais quel génie.

Pourtant, le vampire venait de donner une idée à Miko. Une idée digne du plus grand. Avec un sourire malin, elle se leva. Une bonne journée en perspective se préparait.

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- REND MOI ÇA ! Hurla Julie.
- Sinon?
- Sinon je m'assurerais que tu n'ai jamais de descendance, si tu vois ce que je veux dire ! cracha Julie en lui jetant un regard mauvais.

Ezarel eu un mouvement de recul, mais ne se départit pas de son sourire en coin. Il s'amusait comme un petit fou. Faire hurler la jeune fille était devenu son passe temps favori. Il faut dire qu'il ne croulait pas sous le travail ces derniers temps, il avait bien fallu trouver une occupation. Et puis, il avait toujours en travers de la gorge la "déclaration dont il n'avait pas le droit de parler" qu'elle lui avait faite avant la remise à zéro de leur relation, sans parler de son comportement.
Julie n'avait pas particulièrement apprécié se faire réveiller au milieu de la nuit par un seau d'eau glacée. Et cet idiot d'elfe hilare qui refusait à présent de lui rendre ses vêtements et sa serviette alors qu'elle patientait, caché derrière le rideau de la douche, grelottante.

- Je meurs de peur.

Et c'est qu'il la provoquait en plus !

- ça se paiera ! Cria t-elle en désespoir de cause.

Ses cheveux dégoulinaient en cascade glacée le long de son dos, et elle sentait déjà le rhume pointer le bout de son nez.

- R-E-N-D M-O-I  C-E-T-T-E  S-E-R-V-I-E-T-T-E, hurla t-elle.
- S'il te plaît.
- Pardon?

Julie croyait avoir mal entendu.

- Pouvez-vous me rendre cette serviette, s'il vous plaît, maître ?

La jeune fille éclata d'un rire sinistre. Mais Ezarel semblait avoir l'air le plus sérieux du monde. Il croisa même les bras, l'air ironique. En soupirant, Julie souffla un bond coup. Très bien. Il l'avait cherché.
Lentement, elle écarta le rideau, et se dirigea vers Ezarel, le regardant droit dans les yeux. Bouche-bée, Ezarel l'observa silencieusement avancer vers lui, ne s'attendant certainement pas à ce revirement de situation. À pas feutrés, elle se glissa contre lui, et profita de son air ahuri pour lui reprendre la serviette d'un geste vif.
Elle l'enroula autour d'elle et entreprit de démêler ses cheveux avec ses doigts, sans cesser de fixer l'elfe, provocatrice. Il n'avait pas bougé, toujours stupéfait de la scène qui venait de se dérouler.

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