Contes et OS sur Eldarya

Tribulations d'une femme blessée. Part 14

Quand Nevra pénétra d'un pas assuré dans la salle du trône, il haussa à peine les sourcils en apercevant Ashkore. Il n'avait pas changé d'un poil. Il avait toujours cette gueule d'ange qui fascinait les gens tout autour de lui, et une certaine prestance qui le faisait paraître plus imposant qu'il ne l'était réellement, mais ce n'était que du paraître. Il était foncièrement mauvais.
Nevra le salua brièvement d'un signe de la tête ponctué d'un sourire malin, puis son regard se tourna automatiquement vers Julie. La jeune fille était à terre, les yeux dans le vague, lacérée de partout. Son poignet formait un angle étrange et des tâches de sang tâchaient sa peau livide. Sans un regard pour son ancien compagnon de garde, Nevra alla droit vers Julie et la souleva. La jeune fille était au bord de l'évanouissement, et put à peine lever les yeux vers lui sans le rconnaître. Nevra lui adressa un doux sourire et la posa délicatement contre le mur, de la sorte à ce qu'elle puisse se poser contre. Après quoi, il se tourna vers Ashkore, affichant toujours une grande tranquillité. Ce dernier avait le visage déformé par la surprise et la rage.

- Bonjour, Ash, dit Nevra d'un air détaché.
- Nevra...répondit Ash, les dents serrées. Je suis étonné de te voir.
- On dirait que tes gardes ont encore beaucoup à apprendre, ricana Nevra. Enfin, j'imagine que si c'est toi qui les a formé, c'est normal.

Ashkore se raidit instantanément. Il n'avait pas oublié à quel point Nevra pouvait être insupportable. Lorsqu'il était dans la Garde d'Eel, il se souvenait que c'était avec lui qu'il était le plus mal à l'aise tant le vampire était d'une nature moqueuse et piquante. Chassant ses souvenirs, Ash se re-concentra sur son ancien maître. Il n'était plus le jeune élève avide de pouvoir qu'il était autrefois, il ne cherchait plus la reconnaissance des plus hauts placés que lui. Il lui était bien supérieur à présent.

- Tu es venu pour rien, lui annonça t-il de but en blanc. Je ne la laisserais pas partir.
- Alors nous avons un problème, dit tranquillement Nevra. Parce-que je la ramène. Figure toi qu'elle a un mariage à célébrer.

Ashkore poussa une exclamation de dégoût qui fit écho au cri étouffé par la jeune fille. Julie avait reprit ses esprits, et avait enfin vu Nevra. Ce dernier lui lâcha un sourire rassurant, et lui fit un clin d'oeil.

- Si tu savais d'où cette histoire partait, soupira Nevra en levant les yeux au ciel.
- Tu ne la prendras pas, railla Ashkore. Je ne laisserais pas Miko remettre la main sur l'Elue !
- On arrête les frais, murmura Nevra en dégainant son épée. Tu l'as assez torturée comme ça, et je n'ai plus envie de rire. Crois moi, capitule. La Garde est sur le chemin et ne va pas tarder à arriver. Julie est avec nous, et à la voir, je crois que son choix est tout fait. Elle ne t'appartient pas Ash, elle n'est pas un objet auquel tu peux disposer quand cela te chante.
- La Garde est ici, vraiment ? ricana le jeune homme. Comme si toi et ta bande de guignol me faisiez peur ! Je vous balairais tous d'un revers d'épée !

Les deux hommes se tournaient autour lentement, comme deux félins se préparant à l'assaut. Ils se jaugeaient du regard sans jamais se quitter des yeux. Nevra faisait tout pour repousser le combat par de belles paroles, mais Ash semblait prêt à en découdre.

- Au fait, Nevra...as-tu retrouvé ta sœur ? Reprit soudain Ashkore avec un demi sourire faussement poli.

Nevra ne répondit pas, fulminant de rage. Il ne pouvait pas être au courant qu'Ezarel l'avait déjà délivrée, Ashkore non plus d'ailleurs. Mais Nevra ne se laissa pas dominer par la haine qu'il portait à son adversaire. Il n'avait qu'une idée en tête, sortir Julie de là, vivante de préférence. Il ne donnait pas cher de sa peau auprès d'Ezarel sinon.

- Eh bien, tu as perdu ta langue ?
- Tu ferais bien moins le malin si tu avais Ezarel en face de toi, gronda Nevra qui décidément, regrettait amèrement que son ami ne soit pas là.
- C'est à dire que...je ne te crains pas, concéda Ashkore avec un sourire amusé.
- Eh bien tu devrais ne pas me sous estimer !