chapitre 3

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Quelques jours plus tard, on ferma le parc aux juifs. Ça m'énerve énormément.
Un soldat vient d'arriver près du parc. Il est "de race aryenne", blond aux yeux bleus. Lorsque je le vois mettre le panneau "interdit aux juifs", je m'approche de lui sans réfléchir.

- Pourquoi faite vous ça ?Qu'est ce qu'ils ont fais, les juifs ?

Heureusement, je porte mon étoile jaune sur mon pull, mais pas sur mon manteau. Je me fais donc passer pour une fille non-juive.

- Rentre chez toi petite, dit il froidement. J'ai du boulot.

- Ah oui ? Emmener des pauvres gens qui ne vous on rien fait, vous appelez ça un...

Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase. Il m'attrape par le bras et me bouscule.

- Écoute petite, me chuchote t il dans l'oreille. Je sais pas ce que tu me veux, mais quelque chose me dit que tu n'es pas totalement honnête. Je me demande ce que je découvrirai si je te retirer ton manteau. Casse toi où je t'emmène avec moi, et toi et tes parents pourrais le regretter.

Il me bouscule et je tombe à terre, dans une flaque de boue.
Je reste quelques secondes au sol et le regarde partir. J'aperçois Nicolas arriver vers moi en courant.

- Anika, ça va ?! Je l'ai vu te bousculer, et je suis venu aussitôt. Qu'est ce qu'il c'est passé ?

Je lui raconte rapidement ce qu'il c'est passé, tandis qu'il m'aide à me relever et me nettoyer.

- Mais qu'est ce qui t'a pris ? Il aurait pu t'emmener ! Même si il n'a pas découvert ton identité, il a pu penser que tu étais une résistante.

- Je sais, désolée.

- Bon, vient, je te raccompagne.

Je suis encore toute sale et malgré l'aide de Nicolas, je n'arrive pas à retirer toute la boue. Tant pis, je vais devoir rentrer comme ça.

Nicolas me raccompagne jusqu'en bas de mon immeuble. Il dépose un chaste baiser sur mes lèvres avant de s'en aller.

En entrant dans la maison, je tombe nez à nez avec mon père, qui se fâche en me voyant ainsi.

- Va vite te laver !Tu laveras aussi tes habits. Tu feras tes devoirs et tu aideras ta mère à mettre la table. File !

Je pars me laver, sans raconter pourquoi je suis pleine de boue. Mes parents me ferait un sermon pas possible s'ils savaient.

Après mes devoirs, je vais aider ma mère, comme mon père me l'a demander.

- Va mettre la table pendant que je prépare la soupe.

- Qu'est ce qu'on mange après la soupe ?

- La soupe est largement suffisante Anika. C'est un bouillon avec des carottes et des pommes de terre.

- Je peux inviter Marie à manger un morceau de gâteau demain ? On pourra en faire un !

- Non, tu ne peux pas. Je ne ferais plus de gâteau. Et ton père m'a dit que tu es rentré de l'école pleine de boue ?Pourtant tu n'as pas beaucoup d'habits, et tu sais que ça coûte très chère ! Heureusement que tu as pu les laver. Le savon coûte chère Anika. Tu seras puni de sorti pendant deux jours. Aller, va mettre la table.

Je n'avais pas besoin de poser plus de questions. Nous sommes devenu pauvre, et ce sera encore plus dur quand le bébé sera là.
Je mets la table, et avale difficilement ma soupe. Les pommes de terre ont un goût de terre, le bouillon est en faite simplement de l'eau chaude, et les carottes sont trop cuites. Le seul pain qu'on a est un pain rassis qui date de deux ou trois jours.
Je ne pense pas qu'on soit vraiment pauvre : on ne le devient pas du jour au lendemain. Mes parents doivent seulement faire attention pour le bébé.
Je réfléchis une minute et me dis que d'habitude, mon père rentre de son travail après moi. mais en ce moment, il est là avant moi.

- Papa, ça se passe bien à ton travail ?

Mes parents échangent un regard.

- Je n'ai plus de travail. Il m'ont viré. Et comme ta maman est en congé maternité, elle reçoit seulement la moitié de son salaire habituel. Mais ne t'en fait pas : j'ai trouvé un nouveau travail. Je commence demain soir.

- Demain soir ?

- Oui. C'est un travail de nuit. Je travaillerais de 18h jusqu'à 8h du matin. Je ne gagne pas beaucoup, mais ça nous aidera à tenir.

- Le bébé arrive dans un mois, peut-être un peu plus, ajoute ma mère. On mettra de l'argent de côté. Aller, débarrasse et va te coucher.

J'obéis. Après m'être brossée les dents, j'enfile mon pyjama et vais dans mon lit. Je me pose beaucoup de questions. J'ai peur que cette guerre ne finisse jamais et j'ai peur pour notre famille.

Je m'appelle Anika [Fini]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant