chapitre 5

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Le jour de mon anniversaire, j'invite Nicolas, Marie et Pierre. J'aurais voulus inviter plus de monde, mais mon père refuse de s'occuper de plus de personne. De toute façon, les autres ne sont pas des amis proches.
Pierre est mon ami d'enfance. Nous ne sommes pas dans la même classe, ce qui ne m'empêche pas de le voir souvent.

On ne mange pas de gâteau : mon père nous fais des chocolats chaud, et il a pu acheter tout un cageot de fraises pour presque rien. Elles sont délicieuses. Puis, on joue aux petits chevaux. Le voisin nous a prêté le jeu. Puis on joue avec des toupie en discutant et en rigolant.

Lorsque les deux garçons partent, avec Marie, on va se déguiser. Je prends un vernis qui appartenait à ma mère. Mon père m'a donné l'autorisation. Il est rouge vif.
Puis, vers 18 heures, Marie rentre chez elle.

- C'était une très belle journée, dis je à mon père. Mais j'aurais aimée que maman sois là.

- Moi aussi ma puce.

***

Cela fait maintenant 3 semaines que ma mère est décédée. Je pense à elle tous les jours. Elle me manque.... Elle manque aussi à Johanna. Je le sais. Elle pleure souvent, et regarde partout, comme si elle attendait que notre mère surgisse de nul part pour la prendre dans ses bras. J'espère qu'elle l'oubliera vite. La guerre est déjà assez compliqué comme ça...

***

Année 1941 :

Cela fait presque un an que ma mère est morte. Mon père et moi avons fait notre deuil, tout comme Johanna. Demain, c'est son anniversaire. Elle va avoir un an. Déjà... J'ai proposée à Nicolas de venir nous tenir compagnie. Il a été ravie. Nous sommes toujours ensemble et nous nous voyons régulièrement.

Aujourd'hui, je vais passer la journée avec Marie. Nous irons nous balader. Les juifs ne peuvent plus faire de vélo, nous devons respecter un couvre feu, et nous avons dû donner la plupart de nos appareils électriques ; nous n'avons plus de radio et plus de réveil. La guerre est de plus en plus violente, la vie de plus en plus dur. Personne ne sais combien de temps cela va durer.
De temps en temps, j'entends les bombes exploser, à seulement quelque rue de chez nous. Lorsque ça arrive, Johanna pleure très fort à cause du bruit. Je la prends alors avec moi et nous dormons toutes les deux dans mon lit.
Mon père travail toujours de nuit. Il n'a pas le choix si nous voulons survivre. Il s'excuse tout le temps de nous laisser. J'ai peur qu'un jour, une bombe explose alors qu'il est juste en dessous.
À même pas un an, Johanna sais marcher et commence à dire quelques mots tel que papa, maman, ou manger.
Et, malgré son âge, elle comprend ce que les bombes peuvent faire, et elle a peur. C'est très dur pour elle.

J'ai décidée de l'emmener avec nous cette après midi. Ça lui fera du bien.
Nous n'avons pas de berceau : je la prends donc dans mes bras et rejoint Marie qui m'attend en bas des escaliers.

- Coucou Johanna !

Marie adore Johanna. Elle lui fait un bisou et la prends dans ses bras.

- Heu... Marie ? Je suis là !

- Ah tient, salut !

Je rigole et lui fais la bise.
Elle pose Johanna à terre pour qu'elle puisse marcher un peu. Elle lui tient la main droite et la main gauche. Johanna est très maladroite. Elle sait marcher mais tombe assez souvent. Alors on préfère ne prendre aucun risque.

On marche ainsi 5 minutes, puis je reprends Johanna dans mes bras lorsque qu'elle en à marre.

- Tu as vu, ils interdisent les cabines téléphoniques aux juifs maintenant !Regarde !

En effet, j'aperçois deux cabines téléphoniques avec écrit "interdit aux juifs".
J'aperçois un soldat dont le visage me paraît familier. Je m'approche un peu et reconnais le même soldat qui m'avait poussé dans la boue il y a un peu moins d'un an. Il me regarde bizarrement puis me dit bonjour d'un signe de tête très discrètement puis repart dans sa voiture. Je suis sur que c'est lui qui a mis les panneaux...

- Tu le connais ? Me demande Marie, l'air étonnée.

- Oui. Enfin, on peut dire ça. Tu te rappelles le soldat qui m'a bousculé l'année dernière ? Je te l'avais raconter. Et bien... C'était lui.

- C'est vrai ?Si seulement ils pouvaient être tous aussi gentil...

- Pardon ?Il interdit le parc au juifs et me bouscule et tu trouves ça gentil ?

- Ce n'est pas lui qui a décidé de fermer le parc. Ce sont les ordres du Führer. En plus, tu l'as provoqué. Il aurait pu te tirer dessus, te frapper ou pire, t'emmener. Mais il t'as simplement bousculée. Et là, il te dit bonjour ! Je n'appelle pas ça être méchant, surtout pour un soldat allemand.

- Tu as raison. Mais je n'avais même pas 14 ans ! Là j'en ai bientôt 15.

- C'est vrai que un an, ça change tout...

- J'ai changé en un an. J'étais vraiment... Stupide. Je ne réfléchissais pas à ce que je faisais. Je trouvais cette guerre injuste.

Et je l'a trouve toujours injuste...

- Tiens, porte là. J'ai mal aux bras, dis je en lui tendant Johanna.

On rentre à 17h30 à peu près.

- À demain !On se voit en cours !

- Je n'irais pas. C'est l'anniversaire de Johanna, mon père m'autorise à sécher. Tu m'apportera les leçons ?

- T'as de la chance d'être ma meilleure amie... Aller, à demain !

Nicolas aussi a eu l'autorisation de "sécher" pour rester avec nous. Enfin, pas exactement ;il ira en cours le matin, et me rejoindra l'après midi.
J'ai vraiment hâte.

Je m'appelle Anika [Fini]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant