chapitre 4

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Un mois après, la situation dehors a un peu évoluée : le parc entier nous est interdit. Nous devons toujours avoir nos papiers d'identité sur nous. Sinon, on se fait emmener aussitôt. Certaines professions nous sont interdits. C'est pour cela que mon père est obligé de travailler là nuit, avec un salaire minable. Sans cette loi, je suis sûr qu'il aurait pu trouver un meilleur travail.

Et un jour, le bébé arrive.

Lorsque je rentre de l'école, je ne trouve personne dans l'appartement.
Je trouve finalement mes parents ainsi qu'une sage femme dans leur chambre. Ma mère est allongée dans le lit, mon père à ses côté.

- Anika, j'ai acheté des pommes. Va en manger une et va faire tes devoirs. Je reste près de ta mère, ne t'inquiète pas.

- Le travail n'a pas commencé, dit la sage femme. Ta mère a simplement perdu les eaux, et elle a des contractions. Elle devrait accoucher dans la nuit.

- D'accord.

Je me dirige donc vers la cuisine manger une pomme et un bout de pain.
Puis, j'allume la radio pour voir si il y a du nouveau.

"Un nouveau camp ouvrira prochainement en Pologne. Créé par Heinrich Himmler, il ouvrira en mai 1940. Il accueillera un bon nombre de juifs, mais aussi des communistes, des homosexuels où encore des résistants".

Un nouveau camp... J'ai du mal à respirer. Et ce mot, accueillir. Comme si on allait être bien. Mais tous les juifs le savent : lorsqu'on y va, on ne rentre plus chez nous.
J'éteins la radio et me relève pour prévenir mes parents, puis je réfléchis quelques instants et décide de ne pas le faire. Ma mère est en train d'accoucher, je ne vais pas la stresser encore plus.
Alors, je fais mes devoirs, prépare une soupe et en apporte à mes parents.
Mon père n'est pas parti au travail.

- Merci Anika. Ta mère a de plus en plus de contraction. Elle devrait bientôt accoucher.

Mon père sourit faiblement.
Je sors de la pièce en fermant la porte, mais reste derrière quelques minutes. J'entends la sage femme parler à mon père.

- Votre femme ne va pas très bien. Son pouls est très rapide. Elle pourrait ne pas survivre. Vous devez rester au près d'elle.

Je pars en courant, et vais dans ma chambre. Je me jette sur mon lit et pleure doucement. Comment vais je faire sans ma mère ?Comment mon père va nous nourrir, moi et le bébé ? Tout s'écroule autour de moi. Des enfants disparaissent, ma mère est sur le point de perdre la vie, et un nouveau camp va ouvrir. J'ai peur que ma famille y sois emmener, ou pire, qu'on sois fusillé.
Dans une semaine, j'aurais 14 ans. J'espère faire mon anniversaire à la maison.

Le lendemain, je me précipite dans la chambre de ma mère. La sage femme est toujours là. Mon père est allongé près de ma mère, et celle ci tient un bébé dans ses bras.

- Anika, je te présente Johanna. Prends soin d'elle, d'accord ?

Je m'approche de ma mère.

- Anika, dit elle me me tenant la main, je compte sur toi. Elle a besoin de toi.

- Maman...

Je pleure. Ma mère est en train de mourrir, je le sais. Et je n'y peux rien. Je veux être là pour elle dans ses derniers instants. Je veux que ce soit des instants de bonheur.

- Ich liebe dich mom (je t'aime maman, en Allemand)

- Je t'aime aussi. Je vous aime tous les trois. Vous êtes toute ma vie. J'ai de la chance d'avoir eu un si beau mari, et deux merveilleuses petites filles...

Mon père aussi pleure. Ma petite sœur regarde ma mère. Elle a de toutes petites mains, et de beaux yeux verts. Elle a très peu de cheveux.

- Je t'aime ma chérie, dit mon père. Je prendrais soin des filles.

Ma mère lui sourit, nous souris à moi et ma petite sœur, et ferme les yeux. Johanna commence à pleurer.
Je la prends dans mes bras et la berce doucement. Elle s'apaise.

- Ou va t'elle dormir ?

- Les voisins nous ont offert un berceau. Il est dans le bureau.

- Je vais la coucher.

Je sèche mes larmes et pars dans la chambre de Johanna.
Je la berce doucement et la pose dans le berceau.

- Chère petite sœur, tu es née lors d'une période bien dure. Mais je vais m'occuper de toi, je te le promets.

Je dépose un baiser sur son front et ferme la porte tout doucement.
Puis je rejoins mon père qui est toujours dans la chambre et m'allonge à ses côtés.
Ma mère est toujours là.

- On ne va pas l'enterrer. Cela nous coûterait trop chère, dit mon père les larmes aux yeux.

- Alors, que vas tu... On va... On va faire quoi ?

- Ne t'en fait pas Anika. Je t'expliquerai plus tard. Va dans ta chambre.

J'obéis. Deux heures plus tard, le corps de ma mère a disparu. Volatilisé. Et mon père ne me dira jamais ce qu'il est devenu.

Je m'appelle Anika [Fini]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant