chapitre 29

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Hans reviens en fin de matinée avec quelques médicaments. Certains viennent de chez sa mère, ils ne sont donc pas remplis. Et un sirop ainsi qu'un anti inflammatoire viennent de chez le médecin.

- J'ai eu de la chance. J'ai dis que c'était pour ma mère qui était très malade et il n'a pas posé de question. Tiens, prends les.

- Merci. Merci beaucoup.

Je donne à Johanna un peu de sirop, un anti inflammatoire et du produit pour son nez.

Au bout de quelques jours, sa toux a diminuée mais elle commence à avoir de la fièvre. J'ai horriblement peur pour elle.

- Hans, je t'en pris, il faut aller voir un médecin !

- On ne peut pas faire ça, tu le sais ! Elle a moins de risque de mourir ou d'être arrêté en restant ici !

- Mais si elle ne guérissait pas ? Hein ? Et si elle finissait par mourir ? Et si elle...

- STOP ! et si, et si, et si tu te calmait un peu Anika ? Ça va aller, OK ? Je te promets de tout faire pour l'aider. Tu vas rester auprès d'elle, et moi je vais tenter de lui faire quelque chose de bon et de chaud à manger. D'accord ?

Je respire un bon coup et accepte. Je m'installe près de Johanna. Je m'assieds par terre et lui laisse le canapé. Puis, je lui caresse les cheveux.

- Comment tu te sens ?

- pas très très bien. J'ai mal...

- Ça va aller, OK ? Je vais rester près de toi. On va rester ensemble. Je te le promets.

- Parle moi. Ta voix me fais du bien.

- Je vais t'ennuyer avec mes histoires.

- Mais non pas du tout, j'en ai envie.

- D'accord. Si tu veux mon cœur.

Pendant près de trois heures, je lui raconte ce qui me passe par là tête. J'invente des histoires, je me remémore des contes qu'on me racontais quand j'étais petite. Je parle de mes journées, je décris notre père, comment il était avec nous. Je lui parle aussi de mes amies et des choses que je me rappelle du collège. Petit à petit, tout le monde est venu près de moi pour m'écouter. Alors je continue à parler le reste de la journée.

Suite à ça, nous mettons en place une règle : au moins deux fois par semaine, quelqu'un devra parler et nous raconter des choses qui lui passe par la tête pour nous distraire. Et cette personne ne devra pas toujours être la même. Les seules personnes qui ne sont pas forcée de le faire, c'est Margot et Johanna. Elle sont trop jeunes pour ça.

Alors, la semaine suivante, c'est Hanna qui prend le parole. Elle nous parle de son petit ami et de ses amis à l'école. Puis, comme moi, elle invente des histoires. Je remarque que parler de son ancienne vie lui est difficile : elle a les larmes aux yeux. Alors, même si je veux en savoir plus sur elle et aussi sur ses parents, je ne dis rien et écoute son histoire du chat botté.

Johanna se sent vite mieux : le fait qu'on s'occupe d'elle et qu'on lui raconte des histoires la rassure et lui fais plaisir. Au bout de quelques jours, la fièvre tombe. Elle tousse encore un peu, alors je continue de lui donner un peu de sirop.

Quand Lucie et Pauline parlent, elles nous inventent beaucoup d'histoires et parlent de leurs copines. Elles les décrivent comme marrantes, chouettes, et certaines un peu têtue. Lucie nous parle de son amie "Sonia, sympa mais un peu bête", ce qui nous fais beaucoup rire.
Je suis vraiment soulagée pour ma sœur. Soulagée qu'elle aille mieux.

La fin de l'hiver se passe plutôt bien, mais malheureusement il fait vraiment très froid. Hanna dit que c'est l'hiver le plus froid depuis qu'ils sont là. Quand à moi, j'avais tout le temps froid en camp de concentration. J'ai fini par ne plus faire la différence entre les saisons, même si certains jours étaient bien plus froids que d'autres.

Heureusement, nous avons tous des pulls à nous mettre. Hans nous parle des gens qu'il a pu sauver. Il les a envoyé dans une autre cabane, plus près de la ville. Il y avait deux enfants, et il allait les voir de temps en temps. C'est pour ça qu'il n'était pas tout le temps avec nous. Mais, un jour, la maison était vide. Les enfants étaient partis.
Comme il y a Johanna, Lucie, Margot et Pauline, il dit que les enfants ont sûrement retrouvés leurs parents pour ne pas les effrayer. Mais il me lance un regard inquiet. Je comprends que ce n'ai pas le cas. Ils ne devaient pas être assez prudent. Ou quelqu'un les ont trouvés.
Je chasse cette idée là de ma tête, parce que si c'est le cas, nous aussi pourrions être trouvés.
Alors nous passons l'hiver comme ça : dans le froid, en mangeant ce qu'on peut et en se réchauffant autant que possible.

Puis, vient le 31 décembre. Pour la première fois, on décide de fêter la nouvelle année. Je pensais  que la guerre allait être fini avant 1945, mais ce n'est pas le cas. Alors en fêtant cette nouvelle année, j'espère que ça nous portera chance et que l'année 1945 sera une bonne année.

Je m'appelle Anika [Fini]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant