chapitre 24

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Je marche pendant de longues heures sans m'arrêter. J'ai mal aux jambes, mais peu importe.

Ça fait maintenant trois jours que je marche. Une journée que je n'ai pas mangée, que je ne me suis pas arrêtée plus de cinq minutes pour boire à un ruisseau.
Quand la nuit tombe, je décide de me reposer. Je me trouve dans une montagne. Je regarde autour de moi et aperçois une petite grotte. Je m'y installe. Elle n'est pas très profonde. Je pose mon sac en guise d'oreiller, profite de l'obscurité pour changer de vêtements, et m'endors.

À l'aube, je mange un peu de soupe, une pomme et je repars.

Environ une heure plus tard, je suis à nouveau dans une forêt. Ça me soulage, car les montées et les descentes de la montagne devenait fatiguante.
Je traverse forêt et village.

Au bout de 4 jours, je suis à bout de force. Je me trouve dans un village. J'attends donc d'en sortir avant de trouver un coin où me reposer.

J'essaie donc d'accélérer le pas. Je repère un nazi. Il m'appelle. Je respire un bon coup et essaye de rester naturelle. Au fond de moi, je suis effrayée et très stressée. Mais il est hors de question que je retourne dans un camp de concentration. Ça voudrais dire que j'ai fais tous ces efforts pour rien et je ne pourrais pas le supporter.

- Hé, toi !

Mince. J'ai très peur. J'essaye de ne rien laisser paraître.

- Oui ? Je réponds en essayant de rester naturelle.

- Où vas tu avec ce sac ?

- Je rentre chez moi. J'étais chez une copine.

- Ah oui ? Et ta copine, elle est juive ?

- Juive ? Non ! Elle les déteste. Comme moi.

- Et comment s'appelle t'elle ?

- Anne Marie Shlaüch, dis je rapidement.

C'était la première chose qui me venait à l'esprit. J'ai mélangée le prénom de ma meilleure amie avec le nom de famille d'un de mes camarades de classe. J'espère qu'il n'a aucun moyen de vérifier.

- Où habite t-elle ?

- Deux rues plus loin, pourquoi ?

- Comme ça... Tu peux y aller.

Je pars donc. Je le vois regarder dans un carnet. Je crois qu'il vérifie si le nom que je lui ai donnée existe vraiment. J'accélère le pas.

- Reviens !

Je commence à courir.

- Sale peste ! Menteuse ! Sale juive !

Il me cours après. Je vais aussi rapidement que possible. Je pénètre dans la forêt. Un arbre me barre le chemin. Je respire, accélère et saute par dessus en espérant que lui n'y arriverais pas. Je cours encore, pendant longtemps. Je traverse une autre ville toujours en courant. Heureusement on ne me démasque pas. C'est un petit village : j'en sors en moins de vingt minutes.

En sortant, il n'y a rien d'autre qu'une autoroute et des champs.
Je me dis qu'on me repérerais si je m'arrêtais. Je continue à marcher malgré ma soif et ma fatigue.

Au bout de quelques minutes, une voiture s'arrête à côté de moi.

- Bonjour, dit un homme. Voulez vous que je vous dépose quelques part ? La route continue sur plusieurs kilomètres.

J'hésite. Puis je remarque l'étoile jaune sur son pull. Je la regarde, un peu trop peut-être.

- J'ai compris, vous n'aimez pas les juifs...

Je m'appelle Anika [Fini]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant