Je m'appelle Anika [Fini]

chapitre 9

Je parle à mon père de ma décision. À quoi bon aller à l'école alors que c'est la guerre ? À quoi bon étudier et espérer avoir un bon métier alors qu'on est juif lors de cette guerre sans fin ? C'est la troisième année et sûrement pas la dernière. Je ne veux plus aller à l'école. Je veux profiter de mon père, ma sœur, mes amies et mon petit ami. Pierre a disparu et je m'en veut d'avoir si peu profiter de lui. De ne pas avoir vu qu'il m'aimait autant.

Alors voilà, j'écris tout ça sur une lettre que je laisse à mon père avant de me coucher. J'espère qu'il ne m'en voudra pas, et qu'il me comprendra.

Le lendemain, je pars tout de même à l'école. J'aurais un peu de temps en rentrant pour parler avec mon père de la lettre. Pour l'instant, il dort et je ne veux pas le réveiller.
Je pars alors avec ma meilleure amie.

- Alors, tu tiens le coup ? me demande t elle.

- Pas vraiment. Je... J'ai écrit une lettre à mon père. Pour lui demander d'arrêter l'école.

- Tu peux pas faire ça !

- Mais pourquoi je devrais y aller plutôt que de profiter de ma famille ?C'est la guerre et tout les juifs vont mourir !

- Arrête dit pas ça !Tu ne peux pas penser à des choses positives ?!

- Qu'est ce qu'il y a de positif dans cette guerre ?

- J'en sais rien !Si tu arrêtes l'école on ne se verra presque plus ! Et on s'amuse bien à l'école ! Et très études plus tard, tu y as pensée ? Et Nicolas ?

- Je sais. Mais je viendrais vous voir ! Tous les jours !

- Bien sûr...

Je l'ai vexée, je le sens. Mais elle ne peut pas m'en vouloir.
On ne s'adresse plus la parole de la matinée. Puis, à peine sortie dehors, elle se précipite vers Nicolas pour tout lui raconter.

- Anika tu peux pas faire ça, dit il aussitôt.

- JE SAIS !Personne ne le veut mais j'ai pas le choix, d'accord ? Je veux profiter du peu de vie qu'il me reste. Peu être que dans 1 mois ou 2 je serais arrêtée alors laissez moi...

- Mais arrête de dire des choses aussi horrible !

- Anika, me dit Nicolas en me prenant la main. Je sais ce que tu ressens.

- Non tu sais rien, rien du tout !

- Pierre était ton ami d'enfance, celui avec qui tu as grandi et il te manque !Tu as peur d'être embarquée aussi alors tu veux profiter. Mais tu ne dois pas pour autant gâcher tes études ! Même si admettons que tu te fais arrêtée, tu n'es pas morte pour autant. Tu dois continuer de vivre. Pour toi. Pour moi et pour nous.

J'hoche la tête et pleure doucement. Nicolas me prend dans ses bras.

- Je suis désolé. Mais ma décision est prise. Je ne veux plus aller à l'école.

Nicolas me lâche. Ils échangent un regard et s'éloignent de moi.

- Attendez !Je ne veux pas qu'on se fâche...

- Il nous faut du temps pour digérer la nouvelle, me dit doucement Nicolas. Je ne comprends pas ta décision et je trouve ça bête de gâcher tes études, ton avenir. Tu n'auras pas un beau métier si tu t'arrête maintenant.

Il part et je reste seule, silencieuse et pensive.

Le soir, en rentrant de l'école, mon père m'attend, les bras croisés.

- Alors comme ça tu veux arrêter l'école ?

- Papa...

- Non !C'est non Anika. Tu n'arrêteras pas l'école. Tu es très mature pour ton âge, c'est vrai. Mais tu as juste 14 ans, tu dois étudier pour avoir un travail plus tard.

Au moment où j'allais répondre, quelqu'un frappe à la porte.

- Ouvrez !

Je lance un regard à mon père. J'ai compris. Nous avons tous les deux compris.