chapitre 16

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Le lendemain, je me réveille assez tôt. J'ai mal au dos tellement c'est inconfortable. Élise me fixe.

- On se lève ? Demande t elle.

- Oui, j'arrive.

Je m'étire et on se lève toutes les deux. J'observe les gens autour de moi. Certains nous fixe, d'autres parlent, certains dorment encore. La plupart sont très maigre, et certains sont sur le point de mourir. J'aperçois dans l'angle un petit garçon qui dort par terre. Je me demande ce qu'il fait là.

- Vient, on va le voir, dis je à Élise.

Je lui prend la main et on s'approche.

- Bonjour, dit Élise. Ça va ?

- Ne l'approchez pas, dit une femme.

Je sens tout à coup une odeur horrible près de lui.

- Mon dieu...

Mort. Cette enfant est mort. Je tire le bras d'Élise et on retourne près du lit.
Une vingtaine de minutes plus tard, un homme, sûrement un soldat, nous apporte à tous du pain et de l'eau.
L'eau a un goût étrange, et notre fine tranche de pain est assez dur.

J'ai encore faim après avoir fini. Puis, les femmes voulant travailler pour gagner de l'argent partent je ne sais où. D'autres furent forcés, et les plus jeunes on pu rester dans la chambre. Je décide de rester avec les enfants. Il n'y en a que trois : Alexandre, Anastasia et Élise. Alexandre à dix ans, et Anastasia en a huit. Elle me dit que sa mère est parti avec les autres. Je lui promets qu'elle serait de retour ce soir.

On reste des heures enfermés, sans pouvoir bouger. Comme je ne travaille pas, je ne peux pas gagner de l'argent pour manger autre chose. Dans les chambres, je sens une odeur de bois et de moisi. J'ai envie de vomir. Un soldat ramène deux femmes.

- Où sont les toilettes ? Je demande.

Il rigole.

- Elles sont à ta gauche.

En effet, un trou est creusé au sol.
Il aperçoit le garçon, étendu au sol.
Il l'emporte avec lui.
Ensuite, n'ayant pas de choix, je m'avance vers le trou pour l'utiliser.
Je me sens tellement gênée, tellement sale à cette instant. Vulnérable. Le soldat me regarde en rigolant avant de partir.
Je me relève et regagne mon lit, tête baissée, honteuse.

Une des deux femmes est la mère d'Anastasia. Elle me remercie d'avoir pris soin de sa fille et me donne un bout de pain qu'elle c'est achetée avec l'argent gagné. Je refuse, et lui suggère de le donner à sa fille. Le bout de pain est minuscule, elle a à peine trois bouché. J'espère pouvoir travailler un jour.

Petit à petit, tout le monde rentrent. Puis on se couche, Élise à mes côtés.

Année 1942

Les semaines qui ont suivit étaient identiques au premier jour. J'avais souvent faim, et je devais avoir perdu 3 ou 4 kilos en quelques mois.
J'ai beaucoup changée. J'ai maigri, des grosses cernes se dessine sous mes yeux. Mes cheveux, autrefois longs, lisses, bien peignée et brillants sont maintenant sale, tout emmêlées et on m'a enlevée plusieurs centimètres. Mes cheveux m'arrive à peine en dessous des épaules, et certaines mèches sont plus longues que d'autres. Ma coupe est affreuse : le soldat qui me les as coupé l'a fait en 2 minutes sans s'appliquer.
Je suis sûre que mes amis ne me reconnaîtraient même pas. En faite, je ne suis même pas sûre de me reconnaître moi même. J'ai peur de ne pas tenir jusqu'à la fin...

Un jour, un train arrive avec d'autres personnes. Elles arrivent dans la chambre. Parmis eux, un visage me paru familier.

- Anika ?

Un jeune homme s'avance vers moi.

- Oui ?

Je le dévisage. J'ai l'impression de le connaître. Je le fixe. Puis je réalise.

- C'est... Nicolas, c'est bien toi ?

- Oui.

Il me serre dans ses bras.

- Mon dieu, Anika. Tu as maigris. Et...

- Je sais, je suis moche.

- Mais non...

Je pleure, et lui aussi. On s'embrasse un long moment.
Élise attrape ma main.

- Anika, c'est qui le monsieur ?

- Élise, je te présente Nicolas. C'est mon petit copain.

- Salut moi c'est Élise !

- Salut, je suis ravi de te voir.

- Peux tu nous laisser quelques minutes, rien que tout les deux ? Ça fais très longtemps qu'on ne c'est pas vu, lui et moi. Nous avons du temps à rattraper.

Je lui souris et elle me rends mon sourire, puis s'éloigne avec Anastasia et Alexandre.

Je m'installe par terre avec Nicolas. Je m'appuie contre le lit. J'ai énormément de questions, mais je ne veux pas le brusquer. Il vient d'arriver, je ne vais pas pas l'embêter. Alors je commence par lui raconter la vie ici. Je lui explique que les conditions de vie sont horribles. Mais les gens sont gentils avec les plus jeunes et nous offre du pain. Je lui dit aussi qu'il est possible de travailler et de gagner un peu d'argent, mais je ne le fais pas parce que je m'occupe des enfants en échange d'un peu de pain et de biscuits de temps en temps.

Le lendemain, Nicolas décide d'aller travailler, ce qui lui permettra d'acheter de la nourriture, pour lui comme pour moi.

Je m'appelle Anika [Fini]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant