Chapitre 5

9.6K 643 285
                                        

J'ouvris les yeux sur une chambre désordonnée au possible, une chambre qui n'était pas la mienne. Je la quittai, traînant des pieds, et me dirigeai vers la cuisine, l'esprit ensommeillé. Plus je m'approchais et plus je percevais du bruit. J'y trouvai Keith, la tête dans un placard, et le plan de travail rempli d'ustensiles en tout genre. Des ustensiles que je devrais ranger à coup sûr.

Une main sous mon t-shirt, je me grattai le ventre, m'avançant vers Keith. Il sursauta quand ma main libre s'enfuit dans ses cheveux et mes lèvres se posèrent sur le sommet de sa tête.

— Tu te sens mieux ?

Surpris par mon élan de tendresse, Keith se figea, le regard perdu dans le vide.

— Keith ?
— Qu... (Il soupira.) Oui, même si mon lit était un peu trop étroit cette nuit, railla-t-il.

Je roulai des yeux. Il pouvait se plaindre autant qu'il voulait, je ne le croirais pas. Pas quand son corps étreignait le mien au beau milieu de la nuit. Pas quand il dormait à poing fermé en humant ma peau. Pas quand, dos à lui, je l'avais surpris palper mon abdomen alors qu'il me croyait endormi...

— Qu'est-ce tu fais ? l'interrogeai-je pendant que je fis le tour du comptoir.
— Des cupcakes.

Il le dit, indifférent, comme s'il s'agissait d'une chose sans réelle importance. Et peut-être l'était-ce en réalité... Mais je ne pus m'empêcher d'accueillir ses mots comme des paroles d'évangile.

— Pourquoi tu me fixes de cette manière ?
— Je me demandais ce qu'il faudrait pour que tu acceptes de m'épouser ?
— Pardon ! rit-il.
— Épouse-moi, mon ange.

Je vis ses joues rosir en dépit de ses yeux qu'il leva au ciel.

— Apporte-moi des mouchoirs au lieu de dire des bêtises !

Plus que de lui apporter des mouchoirs, je lui donnai un des masques jetables que j'utilisais quand je travaillais avec de la bombe.

— Attrape, mon ange, je ne voudrais pas trouver des pépites nasales dans mes cupcakes.

Un accident était si vite arrivé...

Il l'enfila, non sans lever les yeux au ciel, encore, mais au moins il obtempéra sans se plaindre.

— Tu peux me dire d'où te sort ce surnom, Chris ?

Je haussai une épaule en guise de réponse. Après tout, je n'en savais rien. Il m'était venu comme ça et il lui allait bien. Il y avait de la douceur dans ses traits, dans ses gestes, et dans ses regards. Il avait cet aspect tendre qui me faisait sourire. Une once de tranquillité pour mon esprit agité... ma tranquillité. Il était mon ange, il ne pouvait que l'être.

— Ça te dérange ?
— Si je dis oui, tu arrêteras ?

Un coin de ma bouche s'étira. Il ne me connaissait pas depuis bien longtemps mais il savait ; plus j'avais de chance de l'agacer et plus je le ferais. Qu'il dise 'oui' ou 'non', la situation ne changerait pas. Il le comprit instantanément et secoua la tête.

— Moi aussi, j'aimerais savoir une chose...
— Vraiment ?

Non, il y avait bien plus de choses que je voulais connaître à son sujet.

La race humaine ne m'importait pas. Elle existait. Elle était là sous mon nez, et je n'avais d'autre choix que de vivre avec. Je l'étais aussi, à tort ou à raison.

Mais Keith... Keith... Je voulais le connaître chaque jour un peu plus. Je m'en lasserais certainement – c 'était toujours le cas – mais, pour l'instant, il était ce que j'avais de plus distrayant sous le coude.

Be Yourself (Chris)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant