CHRIS
Une main caressa ma joue alors que les rayons du soleil matinal réchauffaient mes paupières closes. Je grognai de frustration ; je ne voulais en rien me lever. J'étais éreinté, et pour la première fois depuis plusieurs jours, je m'étais assoupi auprès de mon petit ange.
Mes insomnies de ces derniers jours avaient même réussi à me réveiller aux aurores ce matin. J'avais grignoté, trainé, même fait ma toilette dans l'espoir de retrouver le sommeil. Mais après avoir été à court d'idées, je m'étais rallongé près de Keith et m'étais rendormi après avoir passé un temps indéterminable à le regarder dormir.
Je tâtonnai aveuglément, m'attendant à tomber sur son corps chaud mais ne rencontrai que les draps frais d'une place vide depuis trop longtemps.
Lorsque j'ouvris un œil, Helen fut la première que je vis, et ma frustration s'intensifia.
— Bonjour à toi aussi, ricana-t-elle.
— Où est Keith ? râlai-je de ma voix encore lourde de sommeil.
— Il travaille dans le salon.Son simple sourire me fit froncer les sourcils.
— Je t'en veux toujours, Helen.
— Je saurais faire avec, rétorqua-t-elle, indifférente.
— Tu es vraiment sans cœur.
— Tu ne me feras pas culpabiliser, Christopher.Comme à chaque fois depuis plusieurs années, mes dires n'eurent plus aucun pouvoir sur elle. Démuni et las, je lui tournai le dos, ce qui la fit doucement rire. Elle se pencha au-dessus de moi pour déposer un baiser sur ma tempe.
— Aller, arrête de bouder et viens manger.
— Plus tard, grognai-je approximativement, le visage enfoncé de moitié dans mon oreiller.Alors que j'espérai la voir sortir de la chambre au plus vite, Helen reposa l'arrière de sa tête dans le creux de mon flanc.
— Tu m'as manqué, Christopher, soupira-t-elle, visiblement enjouée.
...
— Ok, maman.
Un petit rire fit tressauter ses épaules, et je sus l'expression tendre et maternelle qu'elle affichait à la façon dont elle me caressa les cheveux.
— Helen ? Chris dort encore ? chuchota Keith en entrant discrètement.
— Il essaie, se moqua-t-elle. Viens-là, love.Love ?
Toujours sans les regarder, je devinais ses pas prudents au grincement du parquet à mesure qu'il approchait. Très vite les deux poids tombèrent sur moi, hilares.
— Putain... Mais vous déconnez ! pestiférai-je.
Comme toujours mon agacement ne les amusa que davantage.
— Je croyais que tu voulais ramener Keith à New York au plus vite, me lança Helen.
— Je suis fatigué. D'ailleurs, cassez-vous, sifflai-je.Elle soupira puis, après plusieurs minutes sans rien dire, se leva enfin pour quitter la pièce. À peine eut-elle disparu de notre vue que Keith se rapprocha de mon visage, posant son menton sur mon épaule.
— Moi aussi, je dois m'en aller ? me taquina Keith.
— Tu n'as pas attendu pour le faire, ce matin, rétorquai-je, amer.Il leva les yeux au plafond, sans jamais se défaire de son sourire. Je le zieutai du coin de l'œil. Son regard il y a quelques jours morne et triste semblait scintiller de nouveau. Ses cernes avaient grandement disparu. Le ton de sa voix était plus enjoué, plus vivant. Et sa bouche affichait un grand sourire en permanence depuis – au moins – hier soir.

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Be Yourself (Chris)
RomanceChristopher Stone, prénommé Chris, est un étudiant d'art à première vue banale, si ce n'est pour son impulsivité. Il aime faire la fête, boire, et a une énorme passion pour le tatouage. Lorsque son nouveau (co)locataire, Keith Adams, débarque, Chris...