Be Yourself (Chris)

Chapitre 43

Ma tenue de cérémonie sur moi, je laissai Helen en lisser les plis chaque fois qu'elle le put. J'avais beau être celui sur le point de récupérer son diplôme, elle restait la plus nerveuse de nous deux. Ce qui bien entendu me parut stupide. Cette remise de diplôme n'était qu'une formalité, je savais déjà avoir accumulé assez de crédits pour décrocher le mien.

— Tu as tout ce qu'il te faut, Christopher ? Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer. Tu auras juste...

Je roulai des yeux et la laissai se perdre dans son monologue sans lui prêter la moindre attention. Keith, qui nous avait suivi depuis ce matin, pinça ses lèvres pour s'empêcher de rire de la situation. Ce schéma se répétait en boucle depuis que j'avais ouvert les yeux. Devant mon ennui évident, mon petit ange me lança un regard désolé. Mais je n'avais que faire de sa pitié, je voulais juste que quelqu'un mette fin à mon calvaire et fasse taire mon anxieuse de mère ! Par miracle, la grand-mère de Garett nous aperçut de loin et vint nous rejoindre, son petit-fils sur les talons.

— Mme. Stone ! Christopher ! Alors, comment te sens-tu ?

Je haussai une épaule.

— Calme. Je suis moins stressé que Helen, ça c'est sûr, raillai-je.

Helen me claqua gentiment le bras, sous les rires de ceux qui nous entouraient. Le regard que me jeta Garett m'apprit qu'il se trouvait dans la même situation. Mrs. Taylor ne m'avait pourtant pas l'air aussi anxieuse que Helen. Mais à la façon dont Garett tenta de s'enfuir en se servant de moi comme justificatif de son éloignement, je n'imaginai que trop bien les discours qu'il avait endurés jusqu'ici.

Nous reculâmes discrètement alors que nos deux figures maternelles partageaient leur inquiétude parentale avec entrain, et partîmes à la recherche de Brandon que nous devinions vivre le même cauchemar, Keith sur les talons.

J'adorerais dire que Keith ne voulait pas me lâcher d'une semelle, qu'il me suivait comme mon ombre partout où je me déplaçais aujourd'hui. Seulement, sa proximité n'était dû qu'au fait que je refusais de le lâcher. Nos doigts entrelacés gardaient nos mains jointes, nos paumes collées l'une à l'autre depuis plusieurs heures en étaient devenues moites.

Et malgré l'inconfort, je me refusais de le laisser. Je n'aurais su dire si mon attitude était alimentée par mon désir de le garder près de moi ou mon amusement à le voir suivre comme il le pouvait les différentes cadences que je lui imposais. J'avais beau avoir décelé de l'agacement traverser son visage, et le faire grimacer brièvement, mon petit ange mit un point d'honneur à ne jamais m'en faire part. Comme il me l'avait dit ce matin au réveil : « Aujourd'hui était ma journée ! ». Ce à quoi j'avais levé les yeux au ciel ; l'enthousiasme de mes proches n'avait pas réussi à m'affecter un seul instant.

Mais, tout de suite, son application à ne pas me contrarier, à faire de moi « le roi de la journée » me procura une excellente excuse pour le soumettre à mes quatre volontés sans qu'il ne cherche à me contredire : je comptais bien en profiter !

Je n'étais, de toute évidence, pas le seul diplômé aujourd'hui ; il y en avait tout un gymnase. Keith avait l'idée sotte d'en faire quelque chose d'exceptionnel, et il commençait à en payer les frais pour mon plus grand divertissement.

— Keith, tout va comme tu veux ? s'enquit Garett.
— Ouais. Ouais ouais. Ne t'inquiète pas, il me trimballe comme ça depuis qu'on est arrivé, je commence tout juste à suivre le rythme, râla-t-il.

Je lâchai un léger ricanement puis soulevai nos mains pour déposer un baiser sur le dos de la sienne, avant de le tirer vers moi et embrasser sa tempe.

— J'adore te savoir près de moi, mon ange, susurrai-je dans le creux de son oreille.

Comme prévu, Keith se détendit immédiatement, non sans lever les yeux au ciel, un fin sourire sur les lèvres. Peu importait ce que je faisais pour le contrarier, je n'avais aucun mal à lui redonner le sourire. Mon petit ange n'avait plus de secrets pour moi, je le connaissais aujourd'hui comme la paume de ma main. Et jouer avec ses humeurs était devenu l'un de mes jeux préférés.