Chapitre 38

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Je refermai le coffre de la voiture de Helen après y avoir mis le sac de Keith. Je dévisageai Helen qui s'éloignait pour nous laisser un semblant d'intimité ; je ne pus faire autre chose que de lui lancer un regard noir.

Elle avait bien pu dire ce qu'elle voulait, avoir réussi à me faire ouvrir les yeux un instant, je continuai de lui en vouloir d'avoir réussi à persuader Keith qu'il serait mieux loin de moi, même s'il ne s'agissait que d'une courte séparation. L'idée que Keith se rendrait compte combien ce qu'il s'apprêtait à faire était stupide me convainc de le laisser aller où il pensait le désirer.

— Je n'arrive pas à croire que tu me lâches, mon ange.

Il leva les yeux au ciel, non sans un fin sourire étirant un coin de sa bouche.

— Tu dis ça comme si je te quittais, marmonna-t-il.
— Parce que ce n'est pas ce que tu fais ?
— Pas comme tu le sous-entends... Chris, je t'aime, et tu le sais.

Je hochai la tête, les lèvres pincées.

— Et puis on se verra quand même dans les couloirs de l'école, tenta-t-il de me rassurer.
— Ce n'est pas pareil, mon ange. On est déjà très pris par nos emplois du temps respectifs. Et maintenant je n'aurais plus l'occasion de te voir lorsque je rentrerai. Ni à mon réveil le matin ou encore quand je fermerai les yeux le soir.
— Chris...
— Je ne partagerai plus mes repas avec toi... Ou mes journées. Qui m'écoutera me plaindre si tu n'es pas avec moi ?
— Tu pourras toujours m'appeler ?
— Mais ça ne sera pas pareil, Keith, me plaignis-je.

Ses paumes se posèrent sur mes joues, et il tira mon visage vers le sien. Je profitai de la tendresse avec laquelle il m'embrassait comme si j'y eus droit pour la dernière fois.

— Ce n'est que pour quelques jours, Chris, une semaine tout au plus.
— Mais tu n'as pas besoin de fuir cet endroit pour aller mieux, mon ange. Je t'aiderai. J'ai promis de te soutenir, et je le ferai.

Il m'offrit un sourire contrit, et je sus dès lors que ce fut peine perdue.

— Alors laisse-moi venir avec toi, insistai-je une nouvelle fois.

Ses sourcils se froncèrent brièvement, avant qu'un sourire espiègle ne se dessine sur ses lèvres.

— Tu ne penses pas que ce serait compliqué de le faire avec Helen dans les parages ? plaisanta-t-il.

Il me fallut un moment pour saisir où il voulait en venir. Premièrement, parce que je ne l'imaginais pas être dans un état où il pourrait rire de quoi que ce fut. Et surtout, parce que je ne le crus pas capable de plaisanter sur le fait de pouvoir faire des galipettes, pas alors qu'il fuyait à cause de son agression sexuelle.

Mes doigts sous son menton, mon pouce caressait doucement le ligne de sa mâchoire.

— On trouvera toujours une solution, finis-je par répondre sur le même ton.

Je lui fis un clin d'œil et le vis s'empourprer. Mon ange...

— Les garçons ? nous interrompit Helen.

Je soupirai profondément. Quand elle vint poser une main maternelle sur mon bras, je me dégageai brusquement. Je la zieutai en biais et vis à son expression que mon rejet la blessa.

— Ne me touche pas, Helen, sifflai-je entre mes dents serrées.

Je vis ses grands yeux rougir des larmes qu'elle semblait retenir. Keith nous regardait, visiblement contrarié par la scène dont il était témoin. Mais pouvait-il réellement m'en vouloir ? Alors que rien de tout ça ne se serait passé s'il avait cru en moi. S'il m'avait fait assez fait confiance pour l'épauler. S'il m'avait assez aimé pour ne ressentir le besoin de quelqu'un d'autre dans ses moments les plus difficiles.

Be Yourself (Chris)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant