Chapitre 40

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Une semaine était passée. Et je n'avais jamais imaginé me sentir aussi bien ici. Ce fut à peine si je songeais à retourner sur New York. Mais à l'entente des coups portés sur la porte d'entrée et de la voix qui scandait nos noms derrière, il me fut impossible d'espérer prolonger mon séjour.

Assis sur le canapé, j'étais ensevelis sous mes fiches et autres croquis en tout genre. Helen qui était rentrée de son cabinet récemment s'affairait encore dans la salle de bain : aucun de nous deux n'étions en capacité de lui ouvrir.

— Putain, ouvrez ! KEITH ! HELEN !

Enièmes coups sur la porte.

— J'arrive, Chris ! ris-je.

Alors que je m'apprêtai à me lever pour aller lui ouvrir, Helen surgit dans la pièce, encore trempée, simplement vêtue d'une serviette autour de la poitrine. Un couinement de surprise passa mes lèvres et je détournai aussitôt mon regard. Je l'entendis trébucher plusieurs fois tandis que ses pieds mouillés se dirigèrent d'un pas décidé vers la porte d'entrée.

Helen enroulait encore maladroitement ses cheveux dans la seconde serviette qu'elle mit en turban sur sa tête quand elle ouvrit à Chris. Ce dernier prit tout juste la peine d'attendre qu'elle se décale de son passage de quelques millimètres pour débouler à l'intérieur.

— Non mais, putain Chris, tu ne peux pas atten-
— Où est Keith ? l'interrompit-il.

Mais elle n'eut pas le temps de lui répondre ; Chris me repéra dès l'instant où il entra dans le salon. Il s'approcha à grandes enjambées, et j'eus beau lui crier de faire attention, très vite la trace terreuse des semelles de ses baskets recouvrirent mes feuilles tout juste froissées. Je poussais un râle de frustration.

— Putain, Chris ! Bouge ! m'énervai-je.
— ... Quoi ?

Je jetai enfin un regard vers son visage et son expression me noua la gorge. Il avait le visage d'une personne blessée de s'être faite jeter, et je m'en voulus instantanément. Son froncement fut subtil et sa moue triste tout juste visible, pourtant ils me sautèrent aux yeux comme toutes ses rares micro-expressions auxquelles j'avais eu droit.

— Chris, tu es sur ses feuilles de cours, décale-toi, intervint Helen.

Il baissa la tête puis fronça les sourcils. Lorsque son regard se tourna vers moi, je sus immédiatement qu'il me reprochait mon bordel. Évidemment, Chris ne s'excusa pas le moins du monde. Il se contenta de se pencher en avant et de ranger autour de moi, lèvres pincées et mâchoire contractée.

— Qu'est-ce que tu fiches ici, Chris ? soupira Helen.
— Content de te revoir aussi, Helen, lui sourit-il faussement.

Quand il se rendit enfin compte de la tenue dans laquelle se trouvait sa mère, il la dévisagea, l'inspectant de haut en bas.

— Pourquoi t'es à poil, Helen ? grimaça-t-il.
— Peut-être parce que tu tambourinais à la porte comme un malade ?
— Je ne l'aurais pas fait si tu m'avais donné un double des clés dès le départ, se justifia-t-il.

Elle poussa un grognement qui le fit sourire puis tourna les talons, m'informant qu'elle retournait dans son bain. Le pauvre avait dû quelque peu refroidir...

Depuis hier, Helen semblait s'arracher les cheveux sur un dossier compliqué. Elle était rentrée en pleine nuit la veille, je l'avais surprise marmonner dans son bureau en allant aux toilettes tôt ce matin. Et à l'instant de grands cernes lui mangeaient encore la moitié du visage.

Avant que mon inquiétude ne me perde dans mes pensées, Chris saisit mon attention en s'agenouillant à mes pieds.

— Chris ? Qu-Qu'est-ce que tu fais ?

Be Yourself (Chris)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant