CHRIS
Enfin je pouvais souffler ; on me reprochait souvent mon goût prononcé pour la violence mais ce n'était toujours que quelques reproches que j'oubliais aisément la seconde suivante.
Je laissai mes clés, mon portable et mon sac sur le comptoir du bar, puis allai me laisser tomber sur le canapé quelques minutes.
Je ne fus pas surpris de trouver le salon vide en passant la porte d'entrée, du moins je ne le fus que le temps d'une courte seconde, le temps de me souvenir que les cours n'avaient pas été suspendus juste parce que nous avions été convoqués ; Keith y était peut-être allé en fin de compte.
Je pressai le pas en direction de ma chambre, impatient de retrouver mes draps. Même les bruits d'eau provenant de la salle de bain de Keith ne réussirent pas à me distraire, ses valises bouclées près de son lit en revanche...
La porte de sa chambre grande ouverte donnait vu sur les bagages faits qui recouvraient son lit. Et j'avais beau me creuser l'esprit, je ne compris pas ce qui expliquerait tout ceci ; je ne pouvais pas penser à un départ soudain, je ne voulus pas y croire.
— Keith ? Keith !
Je pressai le pas jusque dans sa salle de bain pour le trouver sous le jet de la douche vitrée. Comme s'il n'avait pas entendu mes cris, Keith laissait l'eau chaude s'abattre sur sa peau. Une chaleur étouffante et humide remplissait la pièce. De la vapeur d'eau s'élevait et de la buée recouvrait le miroir et les parois de la douche au point de les rendre translucides, elles qui ne laissaient habituellement aucune place à l'imagination ; aujourd'hui je ne pus distinguer qu'une vague silhouette.
Je frappai la douche de mon poing mais n'obtins pas de réponse. Je réitérai mon geste une seconde fois, sans plus de succès que la première ; l'eau continuait à couler et Keith m'ignorait toujours.
J'ouvris alors la cabine à la volée, sans me préoccuper du grincement inquiétant des gonds. Mes semelles clapotèrent dans l'eau à nos pieds, et bientôt de la terre s'y mélangea, Keith fut cependant bien plus alerté par ma présence à ses côtés que par ma tenue. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise dans un premier temps mais, très vite, la lassitude remplaça l'étonnement ; je le vis soupirer tandis que ses épaules s'affaissèrent. Il savait. Il connaissait la raison de mon intrusion.
— Explique-toi, Keith !
— Il n'y a rien à expliquer, Chris, je pars, c'est tout.Je n'y croyais pas. Il tenait à être ici, il s'y sentait chez lui – et il l'était bien plus qu'aucun locataire ne l'avait jamais été jusqu'à lui.
— Ça, je l'ai bien compris. Ce que j'aimerais savoir, c'est : pourquoi ?
Il coupa l'eau puis me fit face, adossé contre le mur carrelé et les bras croisés.
— Ma tante a décidé de me couper les vivres, soupira-t-il. Elle ne me donnait pas grand-chose en premier lieu mais maintenant ma situation se complique davantage.
— Et donc ?
— Et donc je retourne à Brooklyn.KEITH
Chris me fixait, les sourcils froncés.
— Tu arrêtes l'école ?
Je secouai la tête. Tante Meagan n'aurait pu me faire arrêter l'école, pour sauver les apparences...
— Je dois repartir chez moi, et je partirai de là-bas pour me rendre en cours... c'est à cette seule condition que je pourrai continuer les cours.
Je ne retournai même pas au manoir au Maryland. Mais n'ayant pas les moyens nécessaires pour payer mes études, je ne pouvais compter sur la sœur de ma défunte mère, tante Sofia. Elle m'avait déjà aidé assez en m'hébergeant depuis mes années de lycée. Je ne me voyais être un poids supplémentaire. Je ne pus que me plier aux conditions de tante Meagan.
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Be Yourself (Chris)
RomanceChristopher Stone, prénommé Chris, est un étudiant d'art à première vue banale, si ce n'est pour son impulsivité. Il aime faire la fête, boire, et a une énorme passion pour le tatouage. Lorsque son nouveau (co)locataire, Keith Adams, débarque, Chris...