Be Yourself (Chris)

Prologue

"Trust me, from one sociopath to another: if you don't understand the reason for something, it's always love." – I'm Not A Serial Killer de Dan Wells

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Je soupirai pour la énième fois.

Assis sur le canapé, tendu, je ne cessais de jeter des coups d'œil en direction de la porte d'entrée, me demandant sans arrêt quand elle se déciderait à s'ouvrir, à te laisser apparaître sous mes yeux.

Notre relation n'était pas claire, elle n'avait pas de mot propre pour la définir mais, ce soir, je me rendis enfin compte que j'y tenais. Un peu plus qu'à celles qui l'avaient précédée, juste d'un iota. Assez pour m'inquiéter lorsque je ne te vis pas rentrer chez nous.

Je n'aurais jamais imaginé jusqu'aujourd'hui que je t'apprécierais autant, pas quand je me souvenais combien tu m'étais insupportable au départ. Pas quand je me remémorais mon envie de te frapper chaque jour qui passait. Tu n'étais qu'un jeune étudiant sortant de nulle part, débarquant avec ses cartons et ses valises ; tu n'étais a priori qu'une nouvelle source de revenus. Juste quelqu'un que je pensais avoir dans les pattes de temps en temps... Je n'avais pas prédit de m'attendrir devant tes airs niais, de rire face à ton arrogance, ton culot parfois ; tu t'amusais à me défier là où d'autres auraient évité ne serait-ce que mon regard et je prenais mon pied à te voir le faire.

Tout était allé trop vite. Tout avait été trop fort... mais je ne m'étais posé aucune question – j'avais vécu l'instant. Alors même que je savais ne pas pouvoir te retourner ce que tu ressentais... Je n'avais rien su faire ou du moins, je ne t'avais montré aucune véritable réticence. Aurais-je dû être plus ferme et m'éloigner ? L'avais-je seulement voulu ?

Ce soir, alors que le soleil se couchait à vue d'œil, je me demandais ce qui se serait passé si je t'avais jeté hors de cet appartement dès le début... si je t'avais repoussé, cette nuit, dans la boîte... ou si j'avais juste su te rendre tes sentiments, si j'avais été capable d'en éprouver.

Ça faisait deux heures que je n'avais aucune nouvelle de toi, que je n'arrivais pas à te joindre sur ton putain de portable, que je paniquais à l'idée qu'il te soit arrivé quelque chose.

Je flippais. J'ignorais pourquoi ton absence m'affectait autant. La paranoïa me gagnait et j'imaginais le pire – toi, allongé sur le sol, froid et silencieux, comme profondément plongé dans un funeste repos.

J'angoissais.

Je m'affolais aussi.

Après ce qu'il s'était passé ces derniers jours, tout pouvait être arrivé. Des choses sur lesquelles je n'aurais aucun contrôle, auxquelles je ne pourrais qu'assister, impuissant.

Mes clés en main, je me levai d'un bond, déterminé à parcourir chaque rue de cette ville – à te trouver.

Où es-tu Keith ?